Ils sont aux premières loges, et ils ne comprennent rien. Ils ont vu arriver les premiers immigrés après la fermeture des abattoirs, puis les premiers camés, les premiers dealers… Ils ont bien dû se rendre compte que les flics laissaient faire, qu’ils jouaient le pourrissement et qu’ils ne sont intervenus que lorsque le panaris était tellement mûr qu’il menaçait d’éclater ! Ensuite les promoteurs se sont pointés avec leurs bulldozers pour rafler la mise. Ce n’est pourtant pas difficile d’en conclure qu’on s’en sert pour faire baisser les prix et accélérer les programmes de rénovation !
Si l’originelle rue de Lorraine correspondait à la phase révolutionnaire, à la phrase sartrienne du quotidien, la rue Christiani, elle, marquait l’époque des tourments, des tournants, de la révision et des déchirements, avant le départ pour le centre de Paris, au plus près de la place de la République et de son Présidieu.
Le speaker se crut obligé d’en rajouter à l’intention des marginaux du système : inflation, récession, austérité, chômage… Personne n’en réchapperait. Un réflexe patriotique me poussa à éteindre le poste pour faire l’économie de quelques microgrammes d’équivalent-pétrole.
Début septembre le métro s’emplit à nouveau des relents d’ambre solaire, mais les flics ne se trompaient jamais au milieu de cette humanité uniformément bronzée : été comme hiver les mêmes, jambes écartées, collaient leurs paumes à la faïence livide.
Elle fit le siège de notre appartement jusqu’à ce que le voisin lui demande, en échange de sa collaboration, que son association porte plainte contre le commando des Verts de la Propreté de Paris, et obtienne la restitution de toute la paperasse entassée dans son ancien logement. Elle baissa la tête d’un air navré et partit dans un discours emberlificoté duquel il ressortait que l’activité de l’ADADA était purement humanitaire, que ses adhérents se méfiaient comme de la peste de toute tentative de récupération politicienne, en conséquence de quoi, pointer le doigt sur une éventuelle responsabilité de la Mairie de Paris reviendrait à mettre en danger l’existence même de l’association.