AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de indimoon


2021, l'année où je retrouve du temps pour lire, affamée des contrées décalées, ou si peu,toujours dépaysantes, oniriques ou absurdes, parfois loufoques, souvent clairvoyantes sur notre société, et d'autant plus percutantes, des littératures de l'imaginaire, s'il faut les classer dans un genre...Je découvre Babelio et Damasio, file à la médiathèque sans me souvenir d'un titre en particuliers; me retrouve main droite "les furtifs", main gauche "La horde du contrevent" (ou inversement!: les furtifs penchent plutôt main gauche à vrai dire!!). La couverture orange des éditions la Volte, le format, le confort de l'objet m'attire davantage que le petit folio bien corné couverture et premières pages et pour cause s'y loge l'index des personnages, de la horde. Je fais une expérience de lecture qui classe ce livre dans mon top 3 (sur pas énormément :p) de mes lectures depuis mars 2021.  Bien m'en a pris, en ce qui me concerne, de découvrir cet auteur en commençant par Les furtifs.
.
 

Sans doute par rapport à cette belle découverte, je contre, avant tout, l'envie d'abandonner ma lecture de la horde du contrevent pendant une bonne première moitié de livre, soit 350 pages tout de même. Et puis il est très rare que j'abandonne un livre, on en retire toujours quelque chose, alors qu'un livre abandonné c'est du temps perdu! Et puis, j'avais envie d'apporter mon retour argumenté ici, même en demie-teinte.
.

  J'ai cessé de contrer, à partir de la deuxième moitié du livre, emportée par un souffle épique, dans un univers grandiose. Ma lecture fastidieuse et chaotique a pris de la fluidité et du plaisir. Je me suis sentie davantage portée par la première phrase du livre, si forte et poétique:   "A l'origine fut la vitesse, le pur mouvement furtif, le "vent-foudre". Puis le cosmos décèlera, prit consistance et forme, jusqu'aux lenteurs habitables, jusqu'au vivant, jusqu'à vous."..."Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents".
.


  La première partie du livre m'a semblé une succession de péripéties que mon imaginaire avait quelque mal à illustrer, et qui laissaient froids mes affects; j'ai eu vraiment du mal à m'attacher à cette quête et à ses protagonistes. Un fréole devait s'être posé sur mon épaule et me chuchoter à quel point tout cela semblait absurde et buté, pourquoi ne pas s'abriter même un peu, qui est ce tordu de Golgoth? Lassée de ce vent omniprésent entrecoupé de scènes avec des ennemis encore plus puissants qui s'en prenaient à cette pauvre Horde, mais pourquoi? Oui, pourquoi sont-ils aussi méchants? Ennemis et combats dignes de ceux de Dragon Ball et Satan Petit-Coeur (avec des majuscules bien entendu, toute ma prime jeunesse:-) ), à chaque fois annoncés dantesques (Silène, le corroyeur) et qui l'étaient en effet...Sauf qu'à ce jour les rouages de tant de hargne à contrer les contreurs restent flous, et moi je ne suis pas touchée par un spectaculaire de surface. Pause oniriques et bienvenues avec les descriptions de majestueux et mystérieux chrones, et avec le vaisseau fréole. Mais je trouve très longue la présentation de la Horde par Caracole à ce moment-là, je trouve des longueurs à de nombreux moments à vrai dire. Je suis finalement soulagée de quitter ce vaisseau, où là encore les enjeux entre les personnages sont, et resteront flous. Et je pars patauger dans une sacrée flaque, venteuse et morne à souhait, avec de très très gros dangers...J'ai jeté un oeil à la BD, plutôt curieuse, car , -est-ce moi qui lisais en diagonale? ou est-ce les descriptions qui manquent de précision?-  j'ai eu vraiment du mal à me représenter le siphon, la tour pétrifiée...(la BD est très convaincante je n'y attarderai peut-être bien!).  
Sinon, les hordiers sont humains, pourtant au sein de la horde, il ne se passe pas grand chose, dans cette première partie. Ils ont des petites histoires de coeur, de fesse, ou les deux à la fois qui m'ont parues bien anecdotiques auxquelles je suis restée parfaitement hermétique. Je ne m'en souvenais pas d'un chapitre à l'autre. Aucun ne se détachait du lot, Sov ou Pietro, Aoi ou Callirhoé, qui parle? Il faut se référer au symbole de chacun, sauf que je n'en avais toujours retenu quasiment aucun p 230, sauf peut-être les principaux, et que je trouvais très inconfortable de devoir toujours regarder l'index du début du livre. Et quelle importance que ce soit Sov ou Pietro qui parle? Ils narrent le même récit. Je n'ai pas du tout eu l'impression extraordinaire de voir les choses de différents angles et avec différentes sensibilités, un effet qui m'avait conquise lors de la lecture des furtifs où Damasio utilise pourtant le même mode narratif, mais avec davantage de richesse. 
.

 
   Malgré tout, je suis arrivée à Alticcio ! A partir de là j'ai cessé de lire à la verticale (vous voyez quand on lit les premières lignes d'un paragraphe, puis qu'on dégringole jusqu'à la fin en lisant un mot de temps en temps, en yamakasi du paragraphe, se disant qu'on a déjà compris l'ensemble et que sinon c'est pas si grave, qu'on passe à la suite! Next!). Je me suis même mise à relire plusieurs fois des passages que j'avais mal compris ou visualisés (récurrent avec Damasio). J'ai souris de ce combat sous forme de joute rhétorique entre Caracole et son concurrent où l'auteur s'est manifestement fait un petit plaisir avec ses compères de jeux préférés c'est-à dire les mots. Sortis de combats à gros coup de pogne et de blaast dans la face, à moi aussi ça me fit du bien, un peu de variété, même (surtout!) incongrue!   Emballée, pesée en un rien de temps cette deuxième partie. Des images dingues en tête, dans ces espaces illimités, l'imaginaire qui turbine enfin, c'est bon, je suis montée dans le navire, et me demande jusqu'où il ira...se fracasser puisque cette quête revêt plus que jamais un goût de vaine absurdité. J'ai moins de mal à identifier des personnages moins nombreux il faut bien le dire, par contre, je ne m'y attache toujours pas du tout, et leur destinée quoique pour le moins extraordinaire, fait naître des images esthétiques, inattendues, un beau spectacle en somme, mais qui ne m'émeut pas un instant. Ces personnages, je ne les comprends pas toujours, et du coup j'ai du mal à les identifier comme familiers, même dans une scène de retrouvailles qui se veut émouvante, que je ne peux expliciter sans spoiler, pour moi les réactions sonnent faux, ou alors c'est là que m'a manqué un supplément d'âme pour vraiment apprécier cette lecture.    
.
   

Damasio nous amène au final sans surprise. "Et oui." J'aurais préféré un "Naaan!!!" bien entendu. Toujours difficile de s'enfoncer dans un récit aussi dense et de trouver la conclusion qui surpasse l'ensemble. Ici la fin a plus fait tinter en moi un appel à un tome 2 qu'allumer la lanterne éclairante d'une compréhension aboutie de cette grande quête. J'ai énormément pensé, dès le début du livre, au livre de Christopher Priest "le monde inverti" lu quelques mois avant. Même contexte spatio-temporel non défini, où une corporation formée dans ce but part en quête, envers et contre tout (avec l'excuse dans le monde inverti, d'une urgence, vitale, tout de même...D'ailleurs quelle est l'excuse dans ce livre là?) d'un bout de terre inexploré, l'Etrême-Amont ici, l'Optimum dans le monde inverti. La horde pour moi, pâlit de la comparaison...La fin du monde inverti m'ayant décroché le "Naan!!!" et toutes mes questions (ou presque) ayant trouvé une réponse, j'ai été repue. 
  Je crois aussi que j'ai trouvé que Damasio s'était un peu éparpillé, trop de générosité peut-être, trop d'impétuosité créative mal canalisée? le vent, le vif, les glyphes des théories un peu fumeuses  qui s'entremêlent (mais je me tais j'ai pas tout lu, je me trompe c'est peut-être plus clair quand on s'y plonge réellement). Dans "les Furtifs" l'ensemble des théories, de l'esthétique, la politique, est soudée autour de ces êtres, forme de vie qui dépasse l'entendement, une vie qui ne sait être qu'en mouvement.
 Je ne voulais pas monter une chronique qui ne ferait que mettre les furtifs en regard de la horde, n'empêche il y a tant de prémices dans la horde à un livre écrit pourtant 15 ans après, il suffit de citer cet extrait p 349 pour comprendre à quel point l'auteur a déjà la graine de son futur roman sous la plume: "_Et comment on les reconnait tes animaux tactiques, ils ont quelle gueule? A plumes, à bec, à poils ? Ils sont faits en peau de vent, avec  des écailles de blabla et des griffes en roseau? _[Ils sont faits] en glyphe comme sur le cocon des chrones. Ce sont de petits segments de vent, furtifs en diable, qui scintillent dans l'espace et s'effacent aussitôt..."
.


  Je n'emporterais sans doute pas La horde du contrevent sur une île déserte mais je serais contente de le trouver caché dans le sable, je prendrais le temps de le relire avec plaisir, j'ai imprimé l'index des personnages dans ma ptite tête maintenant. J'aurais alors la patience (que faire d'autre, sur mon île?) de relire tout ce que la yamakasi de paragraphe en moi a impitoyablement coupé court. Et je serai conquise, qui sait? Je gratterai désespérément le sable en quête du tome 2.
Commenter  J’apprécie          2314



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}