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Les secrets du cadavre dans la crevasse

Thierry Dancourt a exhumé les pages troubles de l'Occupation et un fait divers dans les Alpes suisses pour construire un roman tout de nostalgie et de mystère. Modianesque en diable!

Dans Jeux de dame, l'héroïne s'appelait Solange Dorval et fumait des State Express 555. Dans les années 1960, elle circulait en coupé Volvo P1800 beige. Il est aisé de faire le parallèle avec Cécile Caprile, l'héroïne de Silence radio, le nouveau roman de Thierry Dancourt. Nous sommes toujours à la même époque, même si nous remonterons par la suite jusqu'aux années troubles de l'Occupation. Cécile fume des Du Maurier, avale de l'Alka-Seltzer comme si elle prenait un verre de soda et voyage beaucoup en train. Quand on fait sa connaissance, elle est à Genève, dans l'attente de regagner Paris où elle vit désormais. Une ville qu'elle connaît bien pour y avoir grandi et fait des études dans un établissement privé et où il lui arrive de croiser certains membres de la bande dont elle faisait part. Elle a ensuite travaillé pour Radio Lausanne, participé à un projet de pièce radiophonique et fait la connaissance de son futur amant. En suivant son mari à Paris, elle a conservé sa double-vie et revient régulièrement en Suisse pour retrouver Franck. Cette fois, les amoureux vont passer quelques jours à Vals, dans les Grisons, la station réputée pour son eau minérale Valser.
L'ambiance est parfaitement adaptée au paysage, avec ses zones d'ombre et ses mystères, ce silence dans un endroit où ne semblent vivre que le gardien – autre homme étrange – et Richard, l'ami de Franck.
C'est dans ce décor de neige qu'ils vont apprendre la découverte d'un «corps gisant au fond d'une crevasse, conservé quasiment intact par le glacier». L'article de journal précise que la gendarmerie de Chamonix qu'il s'agit de «l'un des deux alpinistes disparus sur le versant sud de l'aiguille du Tour il y a une dizaine d'années. Certaines fractures constatées laissent supposer que, avant de chuter dans la crevasse, l'homme a glissé le long de la pente sur une centaine de mètres.» Une découverte qui va secouer Franck, puisqu'il n'a guère de doute sur l'identité de cet homme, et le pousser à partir. Voilà Cécile isolée avec Richard. Voilà aussi pour Thierry Dancourt l'occasion d'un second bond en arrière. Car l'accident des années cinquante trouve sa source dans les années quarante, à l'époque trouble de l'Occupation. C'est avec un sens aigu de la tension dramatique que l'auteur va livrer les indices, reconstruire l'histoire. À la manière d'un Modiano qui aurait croisé John le Carré, il nous offre tout à la fois un formidable thriller, une difficile quête aux souvenirs et une formidable réflexion sur la duplicité et les jeux de rôles que les circonstances nous font quelquefois endosser, presque à notre insu. C'est subtil et servi par un style classique, parfaitement au service de l'intrigue.


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Thierry Dancourt joue avec les registres, pioche ici et là, auteur d'ambiance qui anime ses personnages sur les toiles de fond plus vraies que nature auxquelles il donne naissance. Entre roman historique, policier et gothique, espionnage et romance, Silence radio s'ancre en 1960 puis recule, et recule encore pour expliquer son présent... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/04/13/silence-radio-thierry-dancourt/)
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« Elle se sentait bien, là, entre les panneaux décorés de scènes bucoliques, les corniches moulurées, les éléments en stuc, dans ce lieu d'un autre temps à l'atmosphère surannée, en compagnie de cet homme que paradoxalement, au fil de leurs rencontres, elle avait le sentiment de cerner de moins en moins. »

J'ai noté cette pensée de Cécile, car c'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant ce roman. Lu en un dimanche pluvieux, je m'y suis trouvée bien, comme bercée par un film d'époque colorisé qui habilement m'aurait cueillie, charmée puis captivée. Silence radio commence en Suisse dans les années 60. le début évanescent n'a pas eu le temps de me laisser à distance, car je me suis vite retrouvée happée par le passé des personnages et L Histoire.

Silence radio, ce sont tout d'abord des paysages, des scènes en clair-obscur et une certaine qualité de silence. Fumée de cigarette exhalée dans un souffle, l'infime éclaboussure d'un crawl parfait, le crissement de la neige sous les pas. Thierry Dancourt pose une atmosphère, les Alpes suisses, une station thermale désaffectée, un régisseur solitaire et deux amants venus s'y retrouver pour quelques jours. Nous sommes en 1960. Cécile et Franck se sont rencontrés il y a neuf ans, lorsqu'ils travaillaient tous deux pour Radio Lausanne. Elle est mariée, aime nager, fumer des Du Maurier et boire des Alka Seltzer. de lui, on sait qu'il élude les questions et cultive ses secrets. le régisseur, Richard, est un ami de longue date et lorsque Franck un matin s'absente et ne revient pas, il décide de dévoiler à Cécile certains pans du passé de son amant.

Thierry Dancourt nous emporte alors dans le Paris de l'occupation, dans un ballet d'intrigues et d'échauffourées, d'identités et de frontières. J'ai beaucoup aimé être emportée dans cette histoire rythmée par juste ce qu'il faut de rebondissements et de surprises, pour que les pages tournent toutes seules. Thierry Dancourt brosse à mots choisis de beaux portraits humains et son style élégant à la prose un peu glacée, alterne parfois abruptement avec de belles envolées d'émotions.

J'avais aimé Jeux de Dame, le précédent roman de Thierry Dancourt, j'ai préféré Silence radio, plus profond et prenant. Certains des personnages me resteront.
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Quand la nuit referme son piège sur les montagnes d'un paysage en négatif, emprisonnant les personnages dans un décor en noir et blanc.
Seule brille la lune, reflet de leur âme trouble et troublée. Une clarté froide, un éclairage sépulcral baignant l'horizon de leurs éclats d'immatérialité.
Une atmosphère de l'effacement, un tableau de nuit et de brouillard comme écho aux personnages nébuleux, dont les contours s'estompent comme la lune mangée par la brume, dont la parole s'efface comme les étoiles gommées par les nuages, dans lesquels s'engouffrent les souvenirs.

Évanouies les vies, effacée l'humanité, quand le silence est tout ce qu'il reste, tombant en flocons, nappant le monde d'un vernis d'irréalité, piégeant les âmes pour l'éternité dans le mirage d'une vérité brouillée.
Dans l'obscurité de l'oubli.

Silence radio sur les étoiles, elles qui résistent au brouillard comme ils ont résisté à la barbarie, dans lesquelles se reflète un passé qu'il ne faudra jamais oublier. Annonciatrices d'un futur brillant auquel ils ont cessé de croire.
Comme autant d'éclat d'espoir dans le noir.
Lever les yeux vers elle dans un ultime acte de résistance.

Thierry Dancourt manie une langue délicate et subtile, dont chaque mot est le coup de pinceau d'un tableau au sfumato vaporeux en clair-obscur.
Dans ce roman à l'atmosphère envoûtante, le lecteur, enveloppé par la brume des mots, est emporté d'un registre à l'autre, voguant du roman noir au roman d'espionnage, du mystère à la nostalgie, du silence de l'oubli au bruissement des souvenirs.
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Après avoir découvert Thierry Dancourt avec « Jeux de dame », j'ai été conquise par cette nouvelle lecture.
J'y ai retrouvé les éléments que j'avais aimé précédemment : une ambiance parfaitement restituée et une grande habileté pour la reconstitution d'une époque révolue. Les années soixante, avec cigarettes à toutes les lèvres dans les lieux publics, les feuilletons radiophoniques et les voitures de type « américaines ».
Beaucoup d'éléments troublants et de mystères happent le lecteur rapidement :
qui est Franck l'amant de Cécile, secret, et se dérobant sous les questions ?
Tout en nuances et en subtilités, le lecteur est entraîné sur les pas de Franck, le disparu. Nous remontons le temps en compagnie de Cécile et Richard pour comprendre qui est Franck, propulsés dans la sombre époque de la deuxième guerre mondiale.
Une écriture ciselée et la transcription de l'atmosphère des années soixante m'ont séduite.
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Un livre intéressant, complexe, parfois trop peut-être, qui entremêle les temps, les lieux et les personnages.
Des déambulations très cartographiques dans les rues de Genève ou dans Paris occupé où circulent de sinistres voitures noires conduites par de sinistres hommes en noir. Des confins désertés de l'alpe suisse aux brumes de Ferrare, ce tango des espions a un petit quelque chose de John le Carré, avec son agent traitant russe débonnaire et désenchanté en pleine guerre froide et sale.
On a envie mais on a du mal à y croire vraiment et même deux très beaux personnages de femmes ne suffisent pas à vous captiver.
Déçu...
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