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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'Albanie est source d'inspiration pour les romans noirs!

De mémoire, citons Six fourmis noires de Sandrine Colette, Les assassins de la Route du Nord d'Anita Wilms, et les polars de Fatos Kongoli.

Avec ses traditions de vendetta, son code d'honneur ses villages isolés,ses montagnes sauvages, la violence trouve tous les ingrédients pour un roman de la Série noire! C'est aussi un des derniers pays à l'écart de l'Union Européenne qui  fournit  un exotisme dépaysant. le pays des Aigles.

Les Aigles endormis se déroulent à Korcë. le narrateur, Arben, et ses amis d'enfance, assistent à l'écroulement du régime d'Enver Hoxha dont l'oppression paranoïaque rendait toute initiative personnelle impossible. Aux règles absurdes d'Hoxha, succède un état où il n'y a plus de règles et toutes transgressions deviennent possibles.


Avec la fuite des hommes vers l'Eldorado de Grèce ou d'Italie se sont d'abord organisés des réseaux de passeurs. Passeurs de travailleurs clandestins, puis contrebande de toutes sortes de marchandises "tombées du camion", drogue, enfin passeurs de femmes et proxénétisme. Les réseaux mafieux s'organisent. Aucune règle, aucun code d'honneur : la loi du plus fort, la violence pure des règlements de compte.   Quand la contrebande ne suffit plus viennent les plus grandes des arnaques : les pyramides. Certains sont de vrais méchants, d'autres seulement faibles se laissent piéger. Arben imagine qu'il pourra émigrer quand il aura accumulé un pactole. On n'échappe pas aussi facilement à l'emprise des mafias....

Vingt ans plus tard, Arben rentre en Albanie venger la mort de Rina, sa femme. le roman se construit avec des retours en arrière entre sa jeunesse et 2017. La violence extrême règne encore.

Coups, sang, tueries se succèdent jusqu'à l'écoeurement. Rien n'est épargné au lecteur. Réalisme ou complaisance? Pour pimenter le récit, l'auteur parsème le roman de mots et d'expression en albanais. Il aurait été bien aimable de fournir une traduction et une transcription phonétique.

Clichés ou regard objectif? Je sors de cette lecture avec  l'impression mitigée d'une plongée dans la noirceur où je n'ai pas retrouvé l'Albanie que nous avons visitée.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Arben revient au pays. 20 ans ont passé. Il n'a pas oublié le meurtre de sa femme. Ses enfants ont grandi, il est temps de passer à la vengeance. Tout le monde sait qu'il s'agit d'un plat qui se mange très très froid. 20 ans à ruminer, et dont l'auteur ne nous dit rien du tout.

Si le lecteur peut encaisser ce cadre sans sourciller, il est prêt à tout avaler, dirais-je.

Le pays, c'est l'Albanie. le pays des dettes de sang par excellence. Mais Danu Danquigny ne traite pas vraiment cet aspect de la société albanaise. Un peu, mais à peine. Cette "tradition" qui permet à une famille de flinguer un gosse simplement parce que l'oncle de la cousine du frère de la soeur du fils de... etc. a commis l'irréparable 30 ans plus tôt. Les crimes de sang sont magnifiquement traités par Ismaïl Kadare et Danquigny ne s'y risque pas.

Il nous livre un polar linéaire mettant en scène un quinqua affûté qui vient régler ses comptes. Car Arben n'a aucun doute sur les coupables et n'a aucun regret ou remord anticipé... à faire table rase d'anciens potes.

L'intérêt du court roman réside dans le portrait que l'auteur fait d'un pays en pleine "transition démocratique" pour reprendre les termes politiquement corrects. En fait, Arben et ses amis ont largement profité de ce chaos. Trafics multiples, de drogue, de matériaux, de filles, d'armes... tout était bon pour s'enrichir. On va alterner un chapitre en 2017 et un chapitre dans le passé. Au présent, nous assistons à la tentative d'Arben de se racheter une conduite par le crime. Et dans le passé, nous assistons (parfois écoeurés) à une lente descente aux enfers. Les principes d'Arben ne résistent pas à la "real politik" albanaise et à ses activités mafieuses.

Au final, c'est intéressant. Très convenu. On devine assez vite la fin. Mais ce n'est pas particulièrement dérangeant. L'écriture est incisive la plupart du temps. Ce qui m'a posé un problème, c'est l'aspect fort réducteur du rendu de l'Albanie. Il y avait sans doute beaucoup plus à dire sur l'Albanie d'il y a 20 ans et sur l'Albanie d'aujourd'hui. Mettre du contexte. Montrer la vie et la mort en Albanie. Les destins, les opportunités... tout cela m'a manqué. Cela aurait pu se dérouler partout ou presque. Dommage.

Malgré cela, un tout grand merci à Masse critique et aux éditions Gallimard.
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Un roman qui se passe en Albanie, voilà qui promet un peu d'exotisme. Comme tout écrivain de polars qui se respecte, l'auteur replace ses personnages dans leur contexte social. J'ai trouvé pourtant le résultat à moitié réussi seulement. Il s'agit d'une histoire de vengeance, dont le récit, très plausible, est plutôt bien mené. En parallèle, on voit se développer un trafic peu honorable: contrebande, drogue, prostitution...

Le style est noir, apte à restituer l'âpreté des décors et des personnages, saupoudré de quelques zeugmas ironiques: "je me crevais le dos et l'amour-propre". Malheureusement, l'auteur est parfois trop appuyé, lourd dans la métaphore "j'étais un dieu inutile déversant sa rage dans le désert".

J'ai trouvé intéressante la description des relations entre grecs et albanais, on comprend que les premiers méprisent les seconds et en profitent: ce sont leur immigrés exploités. Quand on pense à la manière dont les grecs eux-mêmes furent considérés par les pays riches de l'Europe, cela ne manque pas de sel. On se rend compte que tout est affaire de puissance dans ce bas monde. Comme le dit l'auteur lui-même, ce petit pays ne compte pour rien, car son économie est dérisoire... "it's the economy, stupid".

Les événements historiques qui forment la toile de fond ne sont guère analysés, et de leurs causes, on n'en apprendra pas plus que ce que l'on a pu lire dans la presse après la chute du communisme. Est-ce pour autant ce contexte qui explique la dérive mafieuse des personnages? D'autres voies auraient-elles été possibles? À méditer...
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Ils ont grandi en Albanie mais leurs parcours diffèrent après les 3 ans de service militaire obligatoire dans ce pays dirigé par un dictateur. Les petits voyous, Alban et son cousin deviendront mafieux, Elis l'idéaliste sera assassiné et Arben le personnage principal ne pourra mener la vie dont il rêvait.
Après le décès de ses parents, obligé d'abandonner ses études, il va se plier aux traditions : mariage, travail, parti.
La chute du régime, et la liberté retrouvée dégénèrent en chaos. Quand Arben est licencié, il s'acoquine avec Alban pour économiser suffisamment d'argent pour gagner l'étranger avec sa famille. Les trafics s'intensifient , le temps passe jusqu'au drame qu'il n'a pas su éviter. Il s'enfuit en France avec ses deux enfants.
L'auteur alterne les épisodes présents - août 2017 - et passés de 1978 à 1997. Quand le roman commence, Arben est revenu en Albanie pour se venger.
Je n'ai pas l'habitude de lire des romans noirs mais les références à l'histoire contemporaine de ce pays m'ont bien intéressée.
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Chronique Albanaise.

Arben a vécu la chute du communisme. Dans la force de l'âge, le chaos qui se profile offre deux opportunités aux habitants du pays, à lui et à ses potes d'enfance : rester pauvres, ou devenir truands.
C'est la seconde voie qu'il choisit...

20 après avoir quitté son pays, Arben y revient, pour venger la mort de sa femme...

Un focus sur une période clé de l'Albanie, mais une intrigue assez pauvre. A ranger plus dans la catégorie documentaire que thriller.
Aux premières loges, nous suivons un jeune loup qui nous expose les événements importants du déclin de cette modeste république.
Pour l'intrigue, çà s'emballe un peu sur la fin, sans être surprenant.

Lecture agréable, plutôt courte, mais il faut être intéressé par les descriptions historiques pour ce prendre au jeu, sinon vous allez être un peu déçus.
(plus d'avis sur PP)
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Plus dur sera leur réveil

C'est l'histoire d'Arben. C'est l'histoire d'Arben et de Rina. C'est l'histoire d'Arben, de Rina et de Mitri, de Loni et d'Alban. C'est l'histoire de l'Albanie, dans ses aspects les plus édifiants et de sombres.

Le récit de Danu Danquigny oscille entre le milieu des années 90 et le milieu des années 2010. Entre les deux, vingt ans d'exil d'Arben et de ses enfants en France. Cet exil est provoqué par la mort de sa femme, Rina, assassinée par l'un de ses associés, les Mitri, Loni et Alban. Enfin associés… complices de trafics en tout genre dans une Albanie qui s'ouvre au capitalisme à partir de 1995, à une course à la liberté et à l'argent, cette liberté voilant une course effrénée à la violence et donc aussi aux trafics. En 2017, Arben revient en Albanie, dans son village, pour venger la mort de sa femme et faire payer ses anciens acolytes.

Danu Danquigny situe la très grande majorité de son récit dans cette Albanie des années 90 qui passent un peu trop brutalement de la dictature à une forme dévoyée de démocratie, encore lourdement entachée des processus mis en place depuis de longues années par les dictatures qui se sont succédées. L'Albanie des années 2010 ne ressemble plus pour Arben à ce qu'il a connu. L'homme et le pays sont devenus des inconnus l'un pour l'autre. Arben a quitté un pays attaché à son identité et il revient dans une société en déliquescence. La décrépitude du pays est autant morale que financière ou culturelle.

Des personnes comme Loni ou Alban se sont engouffrées dans la chute de la dictature pour prendre la place libre laissée par l'autorité institutionnelle. La nature ayant horreur du vide, il en va de même d'une population qui a vécu si longtemps sous l'oppression : elle reste dans le besoin d'une main de fer dans un gant de velours : peu importe qui incarne cette main à partir du moment où elle prend ce qu'il y a à prendre. Les pauvres restent pauvres et les plus débrouillards, les plus courageux prennent tout ce qu'il y a à prendre. Arben, qui se voile la face sur bien des aspects de sa propre personnalité, nous y reviendrons, porte un regard très lucide sur ses compatriotes et notamment sur Loni et Alban et leurs petits business : « les grandes restructurations économiques censées muter la société en modèle capitaliste triomphant en avaient laissé plus d'un sur le carreau. Avec l'accès à la propriété et la liberté d'entreprendre, l'Albanie découvrait leurs corollaires, les quatre cavaliers de l'apocalypse à venir : la compétition, le chômage, la précarité et la prédation. Nous participions activement à la dernière. » Trafic de marchandises, trafic de femmes, trafic de drogue puis trafic d'armes, Alban, Loni, Mitri et Arben se sont nourris de toutes les contrebandes, de tous les vices.

Ce qui n'était pas sans rejaillir sur la femme d'Arben, Rina qui en venait à le détester et à qui celui-ci avait pourtant promis de leur faire quitter le payes, accompagnés de leur fille puis de leur fils. Arben engrangeait un maximum de fric, détournant au passage un peu de l'argent de son patron, Alban, sorte de nabab mafieux despotique local. Jusqu'au jour où il décida de procéder à son dernier gros coup. Jusqu'au jour où il retrouva sa femme assassinée avec sa propre arme de poing.

La partie du récit qui se concentre sur 2017 évoque partiellement l'Albanie « nouvelle génération » sous la coupe de la précédente. Elle a trait plus particulièrement à la vengeance qu'Arben est revenu assouvir afin de tenir la promesse faite au corps froid de sa femme. Cette période moderne fait bien le pendant de celle évoquant le passé, au moins jusqu'à ce que l'auteur fasse le lien final entre le récit du passé et celui du présent et que le lecteur, bien avant Arben, ne se fasse sa propre idée de ce qui s'est passé en 1997.

Mais du coup, et ce sera le seul point un peu négatif de ce billet, dès qu'on se fait une idée précise, bonne ou mauvaise par rapport aux intentions de l'auteur, de l'histoire, le livre perd en intérêt. Cela ne dure qu'une petite dizaine de pages. Danu Danquigny parvient tout de même, sur la dernière page, à retomber sur ses pieds. Pour ma part, je trouve que la fin qu'il propose est assez juste dans le mesure où elle colle avec l'idée que je me fais d'Arben et de ce qui s'est passé en 1997.

Arben, pour parler un peu de lui, est un être humain à la fois complexe et basique. Il est complexe dans la mesure où il est changeant. Il est basique dans le sens où il est monolithique : peu importe que sa personnalité soit changeante, il n'en « possède » qu'une seule à chaque fois. La destruction de l'Albanie accompagne celle d'Arben. Ce dernier se délite en même temps que son pays, perd ses repères, abandonne sa morale. Arben quitte l'Albanie pour la France, dans l'espoir, palpable, de se reconstruire. Quand il rentre « chez lui », il n'est plus tout à fait le même. Pour autant, dès qu'il remet les pieds dans son ancien monde, celui qui l'a vu grandir et perdre pied, Arben redevient immédiatement son propre ennemi.

Parmi les autres personnages, Danu Danguigny offre un rôle essentiel à Alban : de par son prénom, il doit incarner une Albanie à la fois sombre, violente et sans retenue mais aussi ancrée dans ses traditions de pouvoir, de machisme et de virilité.

S'il pêche pendant quelques petites pages sur la fin, le récit de Danu Danquigny possède une force, une férocité, une âpreté totalement envoûtantes. Il saisi parfaitement, en tout cas pour un lecteur qui y est extérieur, l'Albanie, rend les us et coutumes locales tels qu'ils sont, sans fioriture, sans jugement mais aussi et surtout sans complaisance. Un vrai bon roman noir !

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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