"Quand l'humanité devient capable de créer un monde si parfaitement semblable au nôtre, comment faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas ?"
"La situation était bien un peu étrange, mais quoi d'étonnant ? Le monde ne tournait pas rond quand un logiciel informatique tentait de prendre le contrôle de l'espèce humaine."
- Tout ce que je dis, continua Bryson, c'est que je me fiche par mal de savoir si tu es une Tangente ou un lama apprivoisé. Tu es mon vieux copain, c'est la seule chose qui compte.
"_Le seul souci, ajouta Weber, c'est que vous ne serez pas en mesure de voir le code normalement une fois à l'intérieur. Il n'y a pas d'autre moyen. Pour que vous soyez masqués aux yeux du code, il faut que le code vous soit masqué aussi."
Dans sa lettre, il s’en tenait au strict minimum afin de diminuer les risques de se trahir. Il écrivait qu’il avait envie de découvrir le monde, d’accomplir des choses ; qu’il regrettait d’avoir pris autant d’argent mais tenait à leur faire savoir qu’il allait bien. Et qu’il reviendrait peut-être un jour.
D’ordinaire, le goût était infect, mais la faim avait changé ce plat en véritable festin.
J’imagine un monde dans lequel la frontière entre la Veille et le Sommeil ne serait plus aussi nette qu’entre les mains incompétentes de l’intelligence humaine. Mais pour qu’il voit le jour, j’ai besoin de corps. Il me faut une présence massive dans le monde des humains. Et la connexion entre votre monde et le mien doit devenir encore plus fluide.
Il avait tout de même des scrupules, ce qui était absurde : il avait passé une bonne partie de sa vie à pirater dans le VirtNet sans éprouver la moindre culpabilité. Là, pourtant, c’était différent. Il ne s’agissait plus de piratage ou de codage, mais d’un simple clic. Il avait déjà volé la vie d’un innocent ; lui prendre aussi son existence virtuelle paraissait excessif.
Ses connaissances étaient le produit d’une intelligence artificielle. Des données et des souvenirs fabriqués. Une technologie programmée. Une existence inventée. Il pouvait retourner la chose dans tous les sens, chaque description sonnait plus mal que la précédente. Il n’y avait rien de réel chez lui, et pourtant il était là, transporté à travers le VirtNet par la Doctrine de Mortalité et transformé en être humain authentique. En organisme vivant, qui respirait. Il avait volé une vie. Pour devenir une chose à laquelle il ne comprenait rien.