Quand elle était jeune,
Anne-France Dautheville conduisait des motos. Elle a fait des tours du monde seule, s'est perdue autour du globe, a écrit des reportages puis des livres, a été filmée... et surtout elle a grandi. Aujourd'hui elle est vieille, et de ferme et mince son corps est devenu moelleux (je cite), mais en 2004, l'année de ses soixante ans, elle décide de rempiler et de se lancer dans un tour de France des popotes et des amis : une vieille dame chevauchant une vénérable moto teutonne, avec à chaque étape l'objectif épicurien d'une cuite et un gâteau... et c'est parti !
On connaissait les philosophes de comptoir, mais avec ce livre j'ai découvert une nouvelle variété : les philosophes de la route, qui ont sur leur condisciple commun l'avantage non négligeable de voir du pays et de pouvoir faire évoluer leur perspective. «
La vieille qui conduisait des motos » n'est pas une grande Aventure, ni même une petite, et si le road trip est structuré autour des étapes auxquelles Anne-France s'arrête ou celles qu'elle choisit d'ignorer, parsemé d'anecdotes (ou de légendes parfois inventées) sur tel ou tel lieu-dit et sur la manière dont elle a rencontré les amis qu'elle roule rejoindre, c'est aussi un recueil parfois fouillis de tout un tas d'anecdotes, de réflexions sur la route, la vie, l'évolution, le lien entre dégénérescence mécanique et corporelle, le jardinage, l'histoire familiale, ou la fâcheuse tendance des supermarchés à se refuser à laisser entrer les motards casqués juste pour payer leur plein, même s'ils n'ont pas procédé à l'affichage que la loi leur impose pour pouvoir proférer ladite interdiction… le livre tire à hue et à dia de manière parfois péremptoire mais toujours sympathique et franche, est léger et souvent amusant, et ma foi se lit plutôt bien.
Les voyages forment la jeunesse... et s'ils ne la conservent pas ils rendent assurément la vieillesse plus heureuse, c'est désormais prouvé !