Contrairement à ce que le titre de ce roman semble indiquer, "
David Bowie n'est pas mort" n'est pas un livre sur Bowie.
Hélène, 52 ans, est la "fille du milieu" dans la fratrie qu'elle forme avec Anne et Emilie. En mai 2005, les trois soeurs se retrouvent à l'occasion de la mort de leur mère qu'elles qualifient de méchante, le besoin de dire du mal de leur mère est un des liens qui les unit…
Leur mère n'a jamais exprimé aucune tendresse, aucune affection envers ses filles. Avec un besoin de tout contrôler, d'avoir toujours le dernier mot sur tout et de prendre toute la place, elle ne désarmait jamais. Anticonformiste, elle a eu à coeur de leur apprendre l'indépendance.
Les trois soeurs ont dû se construire contre leur mère et l'empreinte que celle-ci a laissée sur chacune d'elle est différente. Hélène a vécu à 20 ans des "années psychiatriques" qu'elle nomme "ses années 20" et dit avoir aimé sa mère avant de la haïr… Anne, l'aînée, semble insensible, détachée de tout. C'est une femme distante qui ne se livre pas, d'une extrême rigidité elle est incapable de se détendre. le sens du devoir et l'activisme à outrance la définissent à merveille. Émilie, la plus jeune, d'un sentimentalisme exacerbé, se sent toujours exclue de tout, elle est écrasée par un sentiment d'injustice et se positionne toujours en victime.
Un an après la mort de leur mère, leur père qui était séparé de leur mère depuis de longues années décède à son tour. C'est l'occasion pour Hélène de raconter cet homme obsédé par la Shoah, adoré par sa demie-soeur Juliette, sa belle-mère Kirstin et par elle-même; par contre Anne est brouillée avec lui.
Alors pourquoi ce titre en référence à la mort de Bowie qui se situe entre la mort des deux parents d'Hélène ? La mort du chanteur que sa soeur Anne lui a fait découvrir à 15 ans lui fait regarder en arrière et lui permet de comprendre ce qui a pu se jouer dans leur enfance pour qu'elles, qui étaient si complices, aient fini par s'éloigner à l'âge adulte.
Ce roman est constitué de trois grands chapitres, le premier sur les journées (les plus longues de leur vie) qui ont entouré la mort de leur mère, le deuxième sur celles qui ont entouré la mort de leur père avec, entre ces deux périodes, la journée de la mort de Bowie qui éclaire tout.
En comparant la perte d'une mère détestée et d'un père adoré, Hélène est étonnée de l'intensité de la souffrance ressentie lors de la perte de sa mère avec qui les liens étaient distendus et conflictuels.
Les réactions, la psychologie de chacun sont très finement analysés,
Sonia David décortique tout, au plus près des sentiments de chacun. Elle nous livre une analyse pointue des relations familiales, des relations enfants-parents et entre soeurs. Elle trouve les mots pour aborder la question de la place de chaque enfant dans sa fratrie et la complexité des liens familiaux.
Elle souligne comment les maladies à répétition du père, le cancer du sein de la mère deux ans avant sa mort ont unies les trois soeurs qui sont restées « en contact permanent, solidaires forcément », ont restauré les liens et apaisé les rancoeurs. La maladie source de réconciliation et donc de soulagement…
L'écriture est vive et les pages se tournent toutes seules. le sujet pourrait être triste mais au final le traitement qu'en fait
Sonia David rend lumineuses les épreuves vécues par ces trois soeurs et montre que la mort d'un proche est souvent le révélateur des relations entre ceux qui restent.
Sonia David m'a bouleversée avec ce livre et c'est évidemment une auteure que je vais suivre de près désormais
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