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L'idée de départ était plutôt intéressante : comment réagit-on lorsque l'on perd sa mère puis, quelques mois plus tard, son père quelles sont les répercussions sur les trois filles en fonction de leur place dans la fratrie.

On a donc trois parties, premier jour consacré au décès de la mère qui s'étend en fait sur du 22 au 27 mai 2015, ensuite le jour du père, puis celui de David Bowie.

On a le droit de ne pas aimer ses parents, d'accord mais, on se trouve dans ce roman, devant une interprétation pseudo-psychanalytique à deux sous. En gros, Hélène, qui a quand même cinquante ans, nous parle de « sa connasse de mère », dressant d'elle le tableau d'une mégère, incapable d'aimer, radine, mais elle nous explique aussi qu'elle aurait « voulu être elle », alors qu'elle voue une admiration pour son père : cela rappelle un mythe ou un complexe selon que l'on préfère la mythologie ou Freud… « Oedipe toi-même » dirait Marcel Rufo

En tout cas, voilà une famille bien caricaturale : la soeur aînée, Anne, qui gère tout avec le sens du devoir et de l'efficacité, ascétique ou au moins orthorexique, à fond dans l'autoflagellation, et bien-sûr la petit soeur Émilie, qui ne sait pas trop à qui s'identifier pour se construire et se tournera vers l'homosexualité ! (sans oublier les parents qui divorcent, la deuxième famille et les rancoeurs, les ruptures).

Entre les deux, Hélène qui n'a pas envie de grandir et a fait des séjours en milieu psy autour de ses vingt ans … Voici ce qu'elle écrit à propos de sa soeur Anne:

Elle me fermait la porte lorsque j'étais sa petite soeur, elle a détourné le regard lorsque je lui ai présenté Pierre, mon mari, pas une fois elle ne m'a posé de questions sur ce que je faisais, pas une fois elle ne s'est attendrie sur le pessimisme d'Émilie.

Et David Bowie dans tout cela ? Il apparaît P 139 sur un livre qui en compte 174, et Sonia David l'utilise pour étayer une autre partie des relations entre soeurs ; en fait, elle aurait pu choisir n'importe quel artiste et le titre du roman prête à confusion, j'espérais autre chose…

Donc, très déçue par ce roman, trop caricatural, et même pas drôle. Quitte à lire des portraits de dérangés, je préfère un bon manuel de psy… il est vrai que je venais de terminer « Les rêveuses » quand je l'ai entamé, alors l'entreprise était difficile!

Je remercie Babelio et les éditions Robert Laffont qui m'ont permis de lire ce livre, via masse critique.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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"On n'est pas obligé d'aimer sa mère".

Après un décès, faire le tri des choses matérielles s'impose communément aux vivants. Pour une fratrie, c'est un moment particulier qui s'inscrit dans la confrontation des souvenirs, la tristesse et la nostalgie et souvent la gêne de s'introduire dans une intimité de parents.
Ça peut aussi être un moment de bilan quand les relations familiales ont été compliquées, entre amour et désamour. C'est, dans tous les cas, l'occasion de tester le socle et la complicité de la cellule fraternelle, de comprendre son importance dans la continuité familiale.

Le livre de Sonia David est classé roman mais on imagine bien la part personnelle que l'auteure y a mis. Ici, deux parents disparaissent en peu de temps et la romancière en décortique les moments de deuil, propices aux réminiscences, à l'introspection et au partage. La maturité et le chagrin sont parfois éclairants sur les blessures du passé et la compréhension des êtres. Avoir en commun la même enfance n'est pas la garantie de l'harmonie des adultes devenus.

Difficile de solder une vie de parent, de se "dépêtrer de l'enfance", d'exhumer le meilleur au sein des rancoeurs accumulées. Un passage obligé pour bon nombre d'être nous, pour qui ce récit va faire écho.

Touchant, attendrissant, cocasse, fraternel, nostalgique...
On tourne sans peine les pages de ce beau témoignage filial à une voix (cette fille en peine qui sait si bien parler de ses soeurs), porté par l'écriture fluide et élégante et par une sensibilité à fleur de plume.

(remerciements à NetGalley et aux Editions Robert Laffont)
Rentrée Littéraire 2017
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Un livre qui annonce d'emblée que " ma mère est morte", puis dans la 2 e partie que le père est mort aussi peu de temps après.. Lui que l'on pensait immortel, cela annonce la couleur ( comme celle des trois soeurs qui semblent avoir forgées leur vie en fonction des couleurs attribuées par leur mère ) .
Voilà un roman dont on se dit qu'il ne va pas nous réjouir. L'image écornée de la mère " une connasse", " nous avons l'habitude d'en dire du mal " ...peu sympathique semble-t-il. Et un père idolâtré dont on ne loupera rien de ses derniers instants... Et trois soeurs, bien différentes qui s'expliquent, s'accrochent, se rapprochent...
Et David Bowie dans tout ça? il apparait à la fin, juste sujet à rapprochement entre l'ainée et la numéro 2, parce c'est un moment où les 2 frangines ont été proches.. Souvenirs, souvenirs...
Un roman sur les liens familiaux, sur le deuil ( avec un peu trop d'ostentation) qui se lit sans déplaisir mais sur un sujet que j'ai déjà trop lu...

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A la mort de leur mère, 3 soeurs se retrouvent pour préparer l'enterrement et nettoyer l'appartement parisien. Mais c'est aussi l'occasion de vider les souvenirs, décaper les névroses, boire un verre aux restes de leur enfance, porter un toast à une mère qui n'a pas su les aimer comme elles le voulait.

ll y a Anne, Hélène, et Émilie.

C'est d'abord la couleur des habits de leur enfance imposée par leur mère qui a cimenté leur tempérament, leur inclination dans une humeur, un manque de quelque chose ou une demande jamais satisfaite qui a touché le corps et la santé de chacune d'elle.

Anne l'aînée s'est emmurée dans le bleu de la froideur et de la distance, s'est échappée aux Etats-Unis.

Hélène, la cadette qui est aussi la narratrice possède la couleur la plus délurée et la plus audacieuse, c'est la couleur de la parole sans rancune et sans conditionne, s'est échappée par l'écriture.

Emilie, la benjamine sifflotait de joie petite, puis s'est mise à douter, à perdre confiance en elle-même avant de prendre la couleur de l'amertume, s'est échappée dans les larmes.

Le jour des funérailles, toutes les 3 au bord de la cinquantaine videront leurs souvenirs comme on vide un sac à main. Elles ne se voient que très rarement, elles sont pourtant toutes les 3 réunies même si ce lien est silencieux, même si chacune d'elle garde encore ses distances, sa zone de sécurité.

Un an après, la mort du père ne les rassemblera pas plus, Anne a tourné le dos à son père tandis qu'Hélène l'adorait.

C'est l'annonce de la disparition de David Bowie, le chanteur commun de leur adolescence qui contre toute attente fera crouler les premières défenses d'une fratrie abîmée.

Ce roman m'a émue par sa sincérité et sa formidable énergie à panser des chagrins en la couvrant d'un nouveau nom, la nostalgie d'un passé.
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Le titre. C'est important, le titre, pour accrocher un lecteur. Pour lui donner envie de dépasser la première de couverture.

Le titre nous annonce prophétiquement que David Bowie n'a pas cassé sa pipe le 10 janvier 2016. Fumait-il la pipe, d'ailleurs ? Aucune idée. Je suis fan de l'artiste, mais ça, je ne le sais pas.

Le titre, donc, fait espérer du Moonage Daydream, du Cygnet Committee, du Bewlay Brothers, du Please, Mr Gravedigger et tant d'autres merveilles chantées par Ziggy Stardust, The Thin White Duke, Halloween Jack ou toutes les apparences revêtues par l'immense et tristement disparu David Bowie.

Le titre est menteur. de David Bowie, on ne voit la couleur que dans le dernier petit tiers du roman. La première partie raconte la longue journée qui suit la mort de la mère. La deuxième se concentre sur les heures interminables et confondues qui s'enchaînent après la mort du père.

Le titre ne promet pas une biographie : c'est un immense fantasme de fan. Il ne dit rien du ressentiment égal nourri par Anne, Hélène et Émilie à l'égard de leur mère, femme à la fois trop stricte et trop fantasque, trop peu maternelle et si peu amicale.

Le titre ne dit rien non plus de l'histoire du père, émancipé d'une première épouse invivable, heureux en secondes noces et père attentionné d'une quatrième enfant. Hélène est proche de lui et se fait une fierté de l'aimer plus qu'elle n'aime sa mère.

Le titre assure que l'artiste polymorphe ne peut pas disparaître tant que ses chansons tournent sur les mange-disques et que ses mélodies font ressurgir des souvenirs que l'on croyait perdus. Hélène comprend le lien qui l'attache à son aînée quand David Bowie disparaît.

Le titre annonce un espoir fou. le texte n'est finalement qu'une longue litanie qui manque de tendresse sur les considérations acariâtres d'une femme qui, après des années à ne pas avoir aimé sa mère, se cherche des excuses et se rattrape aux branches d'un arbre familial qui manque d'eau. Il est certain que David Bowie n'aurait pas fait une chanson de tout cela.

Le titre est accrocheur, mais finalement pauvrement racoleur. de certains livres, il faudrait parfois s'en tenir à cela. Ici, il faut réécouter toutes les chansons de David Bowie, jusqu'au bout et en boucle, et oublier la fade déception de cette lecture.

David Bowie n'est pas mort, pas pour moi, mais le titre du roman de Sonia David enfonce hélas quelques clous dans son cercueil. « À quoi est-on certain qu'une personne est morte ? À ce qu'elle n'aura jamais, absolument jamais, l'occasion de lire le troisième tome de la trilogie d'Amitav Ghosh. » (p. 57) Voilà sans doute le seul point vraiment triste de ce roman : je suis certaine que David Bowie, s'il a lu l'oeuvre de Ghosh, l'appréciait profondément.
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Hélène, la narratrice, perd à un an d'intervalle sa mère d'abord, avec laquelle elle a une relation fluctuante, puis son père avec qui la relation est plus douce. Mais entre ces deux deuils familiaux, la mort de David Bowie va s'immiscer comme un chant de la jeunesse qui s'enfuit. Avec ses deux soeurs : Anne et Emilie elles vont devoir prendre en mains les deuils et leurs gestions. 3 soeurs, 3 couleurs, 3 caractères. Deux parents si différents que le couple volera en éclats.

C'est l'occasion pour Hélène de se souvenir de son enfance, des relations des trois soeurs entre elles mais aussi avec leurs parents, son ressenti à l'enfant du milieu. Difficile de trouver sa place auprès d'elles, auprès d'une mère qu'elle ne comprend pas, ce qui entraînera chez Hélène une dépression dans les années de la vingtaine et jusqu'à un séjour en hôpital.

De nous-mêmes, nous avons compris le bénéfice de ces douleurs, pouce, on fait une pause, on sort de la compétition, nous voilà lovées dans une parenthèse de faiblesse, protégées des jugements, des tribunaux, de la conditionnelle, le temps de réclamer un supplément d'attention, de l'indulgence et, bien sûr, un peu de préférence. (p163)

Dans une famille comme dans tout clan, il faut trouver sa place : une mère que l'on a pas aimé, un père vivant dans un autre foyer, deux soeurs si différentes de soi, être l'enfant du milieu au milieu d'un clan.

La perte d'un membre de la famille entraîne la fermeture d'un dossier familial où certains questionnements resteront sans réponse, définitivement. On cherche une trace, une lettre, un mot, un signe de l'attachement que nous portait l'être perdu, y avait-il des raisons, ce que je ressens le ressentait-il aussi, pourquoi, comment ....

Sonia David rend parfaitement les questionnements, les situations, les interprétations de cette famille, d'une famille, de notre famille : chacun y trouvera une petite part de lui-même comme moi je l'ai trouvée. Il y a beaucoup de sincérité, du vécu sûrement car nous pouvons tous y retrouver une partie de nous-mêmes.

Qui n'a pas un jour ou l'autre replongé dans ses souvenirs à l'occasion d'un deuil ou d'un mariage, d'une réunion de famille.... mais la perte d'un membre du clan familial a le pouvoir de mettre les choses à plat : on vide les armoires et les tiroirs, on jette, on trie et ce travail fait remonter une foule de pensées : jeux, disputes, jalousies, relations conflictuelles avec les parents, les frères et  soeurs (soeurs uniquement dans le cas présent). C'est le bilan d'une partie de vie : il n'y aura sûrement plus de possibilité d'obtenir des réponses à part celles que nous pensons détenir. La perte d'un membre : oui voilà la bonne expression : le corps est bancal, des questions resteront sans réponse et l'on devra vivre avec mais cela peut aussi permettre de clore le dossier définitivement et de commencer une reconstruction.

Chacun réagit comme il peut, avec son vécu, ses rancoeurs, son contentieux : certains affrontent d'autres préfèrent fuir, certains se soutiennent d'autres affrontent seuls le vide. On est jamais prêt à affronter cela mais les circonstances ne vous laissent pas le choix.

Je me suis plongée dans cette lecture avec bonheur, elle fait remonter nos propres souvenirs, notre propre vécu familial, par bribes, un souvenir évoqué en fait remonter un personnel. L'écriture est sensible, vivante, on assiste au cheminement de la narratrice dans ses sentiments : amour, colère, incompréhension parfois mais malgré tout j'ai trouvé que le lien familial reste présent, fort à sa manière : caractères et personnalités différentes mais unis dans la perte. 

Le décès du père a été pour moi le plus émouvant : le lien avec ses filles, sa relation fusionnelle avec sa deuxième épouse Kirstin et leur fille Juliette même si Anne, la fille aînée n'a jamais accepté ce re-mariage. Cette deuxième union représente l'image familiale parfaite : amour, entente, douceur et respect de chacun.

Le roman se découpe en trois époques : la perte de la mère, du père et de David Bowie, celui qui était le symbole à lui seul des différentes facettes d'une famille, d'une personne.

Nous avons tous et toutes des artistes qui ont symbolisé notre jeunesse, les moments importants de nos vies et leurs pertes provoquent un manque : on pleure leur disparition comme on pleure nos jeunes années, comme si une partie de nous disparaissait avec lui (ou elle). Heureusement leurs musiques restent et à chaque écoute, les images affluent, les émotions et les souvenirs aussi.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Il était une fois trois femmes, trois soeurs : Hélène qui joue le rôle de cadette et de narratrice, Émilie, la benjamine et Anne, l'aînée. Trois soeurs et trois façons d'être au monde. Trois caractères, trois personnalités, trois tempéraments et une seule mère ...
Dans cette famille, à une époque lointaine appelée enfance, Anne portait du bleu, Hélène du violet, Émilie du marron. C'était la mère, Édith, qui avait fait ce choix et on ne remettait pas en question l'autorité de celle qui décidait de tout et voulait tout contrôler. On obéissait, on se taisait.
Les couleurs influencent-elles le caractère ? Oui, pense Hélène qui finalement avec son violet ne s'en était pas trop mal tirée. « Le bleu d'Anne : un gage de raison, de droiture, le sens des responsabilités. » Anne, la cinquantaine comme les trois autres, est effectivement devenue une fille organisée, réfléchie, qui n'embrasse pas, contient toujours ses émotions.
Émilie, on s'en doutait, a toujours détesté sa couleur (le marron), elle est d'ailleurs maintenant persuadée qu'on ne l'a jamais vraiment aimée (à mon avis, je ne suis pas psy mais le marron doit y être pour quelque chose...), ni tenue dans les bras : elle est fragile, pas très sûre d'elle, ultra sensible et pleure pour un rien : « sa capacité de larmes est très supérieure à la moyenne ».
Et puis, il y a Hélène, la narratrice, qui dit ce qu'elle a à dire et qui a eu elle aussi des moments difficiles (le violet ?), elle qui a eu besoin qu'un psy lui dise, alors qu'elle n'avait que vingt-huit ans, « qu'on n'est pas obligé d'aimer sa mère » ouf, enfin, après cette révélation, elle avait pu vivre et souffler un peu...
Alors, le jour où la mère qui distribuait les couleurs disparaît, les filles se retrouvent. Celle qu'Hélène appelait « sa connasse de mère » n'est plus, celle qu'Hélène pensait « increvable » parce que « la méchanceté conserve » n'existe plus. « Je suis désarçonnée… de découvrir que l'on peut aimer tout de même quelqu'un que l'on n'aime pas. » remarque-t-elle finalement.
Elles se retrouvent toutes les trois dans l'appartement de la mère, un lieu où elles mettaient les pieds le moins souvent possible et elles contemplent ce territoire étranger rempli d'objets choisis méticuleusement un par un, aimés, chéris, plein de mille et une choses qui leur rappellent celle qu'elles ont à la fois tant détestée et tant aimée.
Elles sont là, un peu paumées parmi tout ça, bras ballants devant ce tri insurmontable qu'elles doivent faire et sans elle, la mère, dont la présence se loge dans chaque objet, chaque meuble, chaque tissu. Elles se retrouvent, resserrent les liens un peu distendus de la fratrie et soudain, l'enfance resurgit, intacte, entière, ainsi que le plaisir d'être ensemble, de se retrouver soeurs avant tout, loin des maris et des enfants.
«… Nous expérimentons à nouveau l'évidence d'être une famille, chose étrange, dont on ne sait pas très bien s'arranger quand si longtemps nous nous en sommes fichues, chacune occupée à se dépêtrer de l'enfance. »
Chacune fera son deuil à sa façon, deuil qu'elles revivront bien rapidement avec la mort du père un an après.
J'ai beaucoup aimé ce roman, certainement en partie autobiographique, qui met en évidence toute la complexité des liens familiaux, les tensions, les haines et surtout tout l'amour qui est là, toujours présent, même dans les paroles les plus dures, les plus terrifiantes. Un récit très vivant, émouvant, tendre, joyeux (si, si!), des personnages attachants et drôles (ah l'humour décapant d'Hélène la narratrice!)… bref, tout ça est plein d'humanité et j'adore !
Et David Bowie dans tout ça ? Ah, il a sa place, vous verrez… et tant de choses à dire...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Comment aborder le deuil sans pathos ? Comment faire face à la perte, à l'absence, aux souvenirs qui affluent ? Plus qu'un livre sur le deuil et la perte des êtres chers, c'est aussi une formidable histoire de soeurs que l'auteur nous raconte. Comment trouver sa place dans une fratrie, particulièrement quand on est la "soeur du milieu" ? C'est ce qu'Hélène nous explique à travers ces lignes en s'interrogeant sur sa vie, sa famille, ses souvenirs…

A travers la maladie, le deuil, la séparation, le récit d'Hélène, nous offre une plongée dans l'intimité de sa famille et analyse tout en finesse les relations développées entre ses membres : une mère plutôt distante qui a tendance à diviser pour mieux régner, un père adoré qui semble immortel, trois soeurs qui vont réussir à faire bloc face à la maladie de leurs parents.

Finalement ces deuils sont un peu les nôtres. Ils nous questionnent sur nos propres relations familiales, sur notre propre capacité à affronter l'absence, la mort, la maladie. Des sujets graves et essentiels qui sont ici traités d'une façon que j'ai particulièrement aimée. Car si le sujet est douloureux, l'auteur a su trouver les mots justes pour dédramatiser ces moments de chagrins et de perte. Sonia David emploie un ton plutôt humoristique pour nous parler de la perte de ses parents "En France, la mort requiert un nombre inimaginable de preuves. le cercueil suffit ? N'y pensez même pas. Et je me dis que c'est peut-être pour ça qu'a été créée l'application Excel (bénie soit-elle), pour aider les gens à organiser les preuves de disparition de leurs proches : Anne dit qu'elle va faire un tableau récapitulatif, ce qui, logiquement devrait simplifier la vraie mort de la vie de maman." Avec ce ton décalé, qui nous oblige à sourire, et cette lucidité face à l'absurdité de certaines situations, l'auteur réussit le tour de force de dédramatiser la mort.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui traite de la perte d'un proche, de l'absence, de la maladie, de la complexité des relations familiales avec légèreté et tendresse et qui nous fait prendre conscience que faire face au deuil nous apprend souvent beaucoup sur nous-mêmes et sur notre rapport aux autres et à l'essentiel.

A lire sur le blog :
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Au lendemain de la mort de leur mère, trois soeurs se retrouvent pour préparer les obsèques. Cela fait des années qu'elles n'ont plus grand chose à se dire, malgré le repas annuel durant lequel elles tentent de se retrouver.
Vider l'appartement, se partager des objets, trier, jeter, entrer dans l'intimité de cette mère inconnue et finalement, faire ce qui était défendu jusque-là : ouvrir les tiroirs, les armoires, les lettres...
Ce sont des moments très éprouvants pour les trois soeurs qui réagissent chacune à leur manière !
Anne, Hélène (la narratrice) et Emilie ne peuvent se soustraire à la présence pesante de cette mère qui n'a pas su leur manifester l'amour qu'elle leur portait.
C'était une mère tyrannique et égoïste, fantasque même par moment, une mère despote et cruelle parfois.
Elle leur avait imposé à chacune une couleur fétiche pour leur habillement.
Le bleu...c'était pour Anne, l'aînée.
Est-ce pour cela qu'elle est devenue froide et distante en grandissant, a toujours su garder ses émotions et ressentis pour elle, et s'est enfuie pour vivre aux Etats-Unis sans jamais pour autant renier ses responsabilités ?
Le marron...c'était pour Emilie, la plus petite.
Est-ce pour cela qu'elle est devenue triste et dépressive, fragile et mal dans sa peau.
Elle a toujours pensé (et cru) que personne ne l'aimait !
Pourtant c'était une enfant très gaie. Maintenant, devenue adulte, elle pleure pour un rien, et a une sensibilité à fleur de peau.
Quant à Hélène, elle a eu la chance d'hériter d'une couleur chatoyante et changeante...le violet.
Ces couleurs imposées par leur mère ont-elles changé leur caractère ? Hélène est persuadée que oui...
Mais cette mère qu'Hélène a surnommé méchamment "ma connasse de mère" quand elle en parle à ses connaissances, évitant ainsi d'entrer dans les détails de sa vie et de ses problèmes, et surtout de parler de son enfance, elle a su leur donner envie de construire leur vie, de devenir indépendantes.
Hélène la croyait increvable. C'est bien connu, la "méchanceté ça conserve" disait-elle à qui voulait l'entendre, mais le jour où elle n'est plus là...plus rien n'est pareil et les trois soeurs malgré leur cinquantaine passée, sont totalement perdues.
C'est seulement à la mort de David Bowie quelques temps avant la mort du père qui les quittera un an tout juste après leur mère, que les souvenirs d'une enfance heureuse, de moments partagés entre soeurs, et d'une complicité tombée dans l'oubli, referont surface.
Pourquoi David Bowie ? Vous le découvrirez en le lisant...

Voilà un roman très intimiste qui est forcément, d'après moi, en partie autobiographique. Il montre bien la complexité des liens familiaux.
Beaucoup de fratries se délitent au fil du temps même lorsque les différents membres ont des souvenirs d'enfance communs heureux, et en particulier quand les parents ne sont plus là.
Personne n'est obligé d'aimer ses parents, ce qui ne nous empêche en rien de nous construire et d'honorer leur disparition.
Enfin, ce roman montre qu'il n'est pas facile de s'aimer, de se parler, de se comprendre car tous les membres d'une famille sont des êtres différents, même s'ils ont reçu la même éducation et ont les mêmes parents.
Je ne suis pas arrivée à entrer complètement dans ce roman pourtant écrit avec des mots simples et beaucoup de justesse. Je me suis trouvée un peu en-dehors, non pas en position de voyeur, mais plutôt comme si j'écoutais une amie me parler de son enfance, de ses parents et de sa famille avec des mots très durs, crus voire choquants, que moi-même je n'ai jamais employés pour parler de ma propre mère, ni même jamais seulement songé à employer.
Du coup en restant au-dehors, j'ai été peu touché par les personnages et davantage par certaines situations qui ont pour moi un petit air de vécu.

Heureusement, il y a des moments drôles dans ce roman, d'autres très réalistes comme par exemple les différentes réactions de chacune des soeurs au moment des obsèques et du tri de l'appartement, et devant cette impression de violer un interdit quand on ouvre les armoires ou les tiroirs. Qui n'a pas vécu cette sensation en vidant la maison de ses parents ?

Mais malgré ses côtés positifs et les sujets qu'il aborde avec réalisme, je ne crois pas que je garderai un souvenir impérissable de ce roman.
Il a cependant un intérêt indéniable à mes yeux : il peut aider des personnes à faire leur deuil de leurs propres parents et ça c'est important.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Ne pas se fier à la couverture populaire et rétro-sixties : il s'agit d'une histoire de famille plutôt bourgeoise et intello, et ça se passe en 2015 et 2016. D'abord la mort de la mère, que la narratrice dit détester, puis celle du père, idéalisé, remarié. Entre les deux, celle de Bowie, qui fait revenir des souvenirs montrant que les trois soeurs sont semblables et si différentes.
Occasions manquées, quiproquos familiaux, quant-à-soi dévastateur, toutes nos perfidies familiales sont passées au crible par la narratrice, avec un oeil à la fois cruel et tendre. Une écriture très littéraire, un livre assez intellectuel mais aussi universel. Pas de manichéisme, une chronique familiale particulière et banale à la fois.
Une belle plume à surveiller, c'est surtout l'écriture sensible et rude à la fois qui m'a plu.
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