Ce tome comprend Fantastic Four annual 33, Daredevil annual 1, et Wolverine annual 1, parus en 2012. Ces 3 épisodes forment une histoire complète mettant en scène le ClanDestine. Tous les épisodes sont écrits et dessinés par Alan Davis, et encrés par
Mark Farmer.
En l'absence des autres habitants du Baxter Building, Benjamin Grimm et Johnny Storm se sont endormis devant la télé, vautrés sur leur fauteuil, en mangeant de la pizza. L'une des alarmes mises en place par Reed Richards se déclenche suite à une fuite d'énergie d'origine extradimensionnelle. À l'aide de Stephen Strange, ils découvrent la source de ce dérangement : le cercueil de Vincent, l'un des membres de la mystérieuse famille Destine. Ils vont être séparés et se retrouver à différents endroits dans le temps. Par la suite, Cuckoo (Kay Cera), elle aussi à la recherche de Vincent, va croiser la route de Daredevil. Puis Wolverine va se retrouver impliqué dans le sort de Vincent.
Ces 3 épisodes sont donc l'occasion pour Alan Davis de revenir au Clan Destine, série qu'il a créée et qui n'a pas rencontrée le succès que ce soit une première fois avec ClanDestine classic (épisodes 1 à 8, prologue de "Marvel comics presents" 158 parus en 1994/1995, et les 2 épisodes "X-Men & Clan Destine" parus en 1996/1997), ou une deuxième fois avec Blood relative (minisérie en 5 épisodes, 2008). Une connaissance préalable de cette famille atypique permet de mieux apprécier le récit et de se sentir plus impliqué vis-à-vis des personnages, mais cela n'a rien d'indispensable pour comprendre le récit. Davis se focalise sur les péripéties et les aventures qui en découlent, sans détailler la personnalité des protagonistes. Il s'agit avant tout d'un prétexte au divertissement sans prétention, dans le genre superhéros. La première caractéristique qui distingue cette histoire de la production mensuelle de superhéros réside dans le Clan Destine. Davis a réussi à faire de cette famille des individus aux superpouvoirs oscillant entre le traditionnel et l'exotique, échappant à la dichotomie basique entre bons et méchants. Cette cellule familiale élargie est composée d'individus avec des motivations propres où seuls les adolescents rêvent à une vie de superhéros. Les adultes ont d'autres préoccupations, plus matures, ou plus égoïstes.
La deuxième caractéristique qui différencie cette histoire de l'ordinaire des superhéros est bien sûr la qualité des dessins. le style d'Alan Davis conserve l'influence de
Neal Adams, avec un encrage plus doux, et des personnages moins exaltés, avec un soupçon d'humour de temps à autre. Son coup de crayon fait ressortir de manière évidente l'amitié qui existe entre Ben Grimm et Johnny Storm. Grâce à lui, Daredevil retrouve toute son agilité pour des acrobaties sur les toits newyorkais. Wolverine retrouve sa petite stature, il s'élance toute griffe dehors, mais il n'est jamais réduit à l'état de guerrier tueur sans âme. le scénariste Alan Davis n'a pas ménagé la peine du dessinateur Alan Davis. le ton est à l'aventure, et le lecteur en a pour son argent avec un passage par Woodstock, une ruée de dinosaures, une légion romaine, une courte apparition d'
Albert Einstein, une évocation des principaux ennemis de Daredevil, une cour des miracles dans les égouts, une bataille soigneusement chorégraphiée de Daredevil contre le Plastoid, une armada de monstres à corps humain et à tête difforme en pagne égyptien, etc. Davis réalise des pages très vivantes, pleines de mouvement, avec les membres du Clan Destine aux tenues originales, à l'allure bizarre et sympathique (il y en a même un aux allures de
Woody Allen).
Au final l'appréciation du lecteur dépendra entièrement de ce qu'il est venu chercher dans ce recueil. S'il s'attend à un récit adulte avec des personnages fouillés et un thème consistant, il sera déçu par ces aventures légères et sans conséquence. S'il est venu chercher une histoire de superhéros se battant contre le méchant du mois, il y aura un décalage significatif. Alan Davis raconte une aventure vécue par plusieurs superhéros successifs, autour du destin de l'un des membres du Clan Destine. C'est l'occasion d'utiliser plusieurs codes propres aux superhéros, pour faire ressortir en quoi le Clan Destine n'est pas un groupe de superhéros, mais pas non plus des supercriminels. C'est surtout l'occasion d'admirer le travail du dessinateur Alan Davis dans un style classique, fluide et solide.