Il n'y a pas plus seul que celui qui s'est perdu lui même.
L'instant file, tu sais. Il nous sert de pivot, mais il est insaisissable. C'est pour cette raison que nous nous abstenons de penser au changement. Nous demeurons perpétuellement suspendus entre ce que nous regrettons d'abandonner et ce que nous redoutons de découvrir. (p.355)
Le proverbe prétendait qu'à Aniagrad, tout se monnayait, même l'usage des miroirs.
Son âme un temps écartelée se reforma autour d'une solitude déçue. Il éprouva, inarticulé, le mélange amer de satisfaction et de regret d'un cœur profondément idéaliste. Le Transfert fit connaissance avec l'âme de Rhuys, et il eut l'impression de s'observer lui-même tandis que ses propres aspirations sentimentales envers la Vendeuse découvraient et accueillaient la déception de la jeune femme.
Et, surtout, il éprouva la solitude d'une visionnaire, terriblement consciente de l'impermanence des choses.
Rhuys comprit alors, avec une évidence aveuglante, ce qu'il lui fallait faire à présent. Il contemplait les reflets sur l'écorce de hêtre quand tout le monde observait Brandys ap Melcar ; il avait la preuve que le projet dranique cachait des irrégularités. Il lui fallait savoir, non pas pour tuer le mystère comme on dévore un Transfert.
Mais pour découvrir l'homme que cette route forgerait en lui.
J'ai parlé à la nuit et la nuit m'a répondu.
Peut-être était-ce là la première leçon du Transfert: chaque histoire était unique.
L'existence aurait probablement été plus simple avec des ailes.
La liberté livrée à elle-même finit toujours par se dévorer toute seule.
"Aimer, c'est chérir sans orienter." (P. 495)
"Les scrupules ne constituent pas une excuse valable, seuls les actes comptent." (P.467)