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EAN : 9789492159922
448 pages
Horizon (24/10/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Sophie De Schaepdrijver, historienne flamande, spécialiste de l'histoire de la Première Guerre mondiale, a écrit une biographie passionnante d'une héroïne de 1914-1918, la patriote et infirmière belge, Gabrielle Petit, née à Tournai en 1893 et fusillée en 1916 comme espionne anglaise à Schaerbeek, Bruxelles, par les Allemands.
Elle fut la première femme du peuple à recevoir une statue en Europe : Place Saint-Jean à Bruxelles et une autre dans sa ville... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Gabrielle Petit aura été la première fille du peuple à recevoir, en 1923, un monument officiel en Europe occidentale. Ce n'est pas moi qui aie fait cette glorieuse découverte, mais l'historienne Sophie de Schaepdrijver qui sait tout sur la Première Guerre mondiale et si elle ignore quoique ce soit de la Grande Guerre il y a des fortes chances qu'il s'agisse d'une fantaisie ou d'un ragot.

Sophie de Schaepdrijver est née à Kortrijk/Courtrai en 1961, a fait des études d'histoire à l'Université Libre de Bruxelles (ULB, 1979-1983) et l'Institut Universitaire européen de Florence (IUE, 1983-1986). Pendant 4 ans elle a continué sa formation aux Pays-Bas, tout en y donnant des cours (Amsterdam, Leyde et Groningue). Ensuite c'était les États-Unis : Princeton, New York et depuis 2000 elle enseigne l'histoire moderne d'Europe à l'université d'état de Pennsylvanie. Elle s'est mariée avec l'historien Ronnie Po-Chia Hsia, né à Hong Kong en 1953, et l'auteur entre autres d'une biographie du jésuite Matteo Ricci (1552-1610), qui a voyagé de Macerata en Italie à la Cité interdite en Chine.
Elle a reçu une multitude de prix et fut créée baronne en 2016.

Il y a une vingtaine d'années, j'ai lu son chef-d'oeuvre, "De Groote Oorlog" ou "la Grande Guerre", qui est resté pour moi le livre de référence sur cette guerre, que j'ai maintes fois consulté depuis, surtout en cas de doute sur l'authenticité d'une information y ayant trait et déniché ailleurs.

Pour illustrer le sérieux de son travail : sa biographie de Gabrielle Petit compte 447 pages, dont 62 pages de notes, 36 pages de bibliographie et un registre des noms propres et des endroits géographiques de 8 pages.

Tout de suite après la première grande boucherie mondiale, un peu partout en Europe des monuments aux morts furent érigés. En France à peu près 30.000 et en Belgique au moins un dans chacune des 2636 municipalités que comptait le Royaume. Ces monuments constituaient un hommage au soldat inconnu et aux victimes parfois expressément nommées, mais pas pour autant représentées. Les cas d'Edith Cavell, née en Angleterre en 1865 et fusillé par les Allemands en octobre 1915 et de Gabrielle Petit forment des exceptions. La statue d'Edith Cavell à la Place Saint-Martin-de-Londres fut inauguré par la reine Alexandra (épouse du roi Édouard VII) en 1920. Edith Cavell n'était pas comme notre Gabrielle une fille du peuple et un peu plus âgée que notre patriote nationale qui n'avait que 23 ans et un mois lorsque les Boches terminèrent son existence à Schaerbeek/Bruxelles, le 1er avril 1916, pour espionnage.

L'enfance de Gabrielle Petit, née à Tournai près de la frontière française le 20 février 1893, n'a pas été une partie de plaisir. Surtout la mort de sa mère, Aline Ségard, lors d'une opération chirurgicale en 1902 à l'âge de 33 ans, fut pour la petite de 9 ans une rude épreuve : misère et pauvreté, orphelinats, travaux de bonniche et un père, Jules, ou absent ou pas possible.

Toute jeune elle se rendait compte qu'il fallait entreprendre des études pour améliorer son sort, mais ils lui manquaient les sous nécessaires et elle en était réduite à accepter des jobs pas brillants : bonne à tout faire, vendeuse, serveuse à Tournai, Ath, Bruxelles etc.

Lorsque son petit ami, Maurice Gobert, fut envoyé au front, après l'invasion du pays en août 1914, elle décida qu'elle aussi allait combattre l'envahisseur teutonique, s'engagea comme infirmière, manégea de se rendre à Londres et d'offrir ses bons offices au GHQ (General Headquarters) de l'armée britannique. Elle promettait de faire des rapports sur le mouvement des troupes allemandes derrière les lignes, essentiellement entre Tournai et Lille. Comme ce genre d'informations était vital pour les efforts militaires des alliés, Londres payait royalement ces renseignements.

Avec un courage proche de l'insouciance, notre Gabrielle se baladait en zone dangereuse pour relever les trains en provenance d'Allemagne, le genre d'armement et d'unités militaires arrivant dans "son" quartier pour faire des rapports dans une espèce d'écriture sténographique sur du papier à cigarettes. "Mademoiselle Legrand", son nom de code, a fait en tout 10 rapports secrets jusqu'à son arrestation par la police politique allemande, le 2 février 1916. Gaby comme elle se faisait appeler a été incroyablement active pendant toute une époque, car à côté de ses longues promenades comme espionne, elle venait en aide aux prisonniers de guerre, collectait des fonds pour la Croix-Rouge et distribuait des pamphlets et l'important quotidien clandestin "La Libre Belgique".

Le lendemain de son incarcération à la prison de Saint-Gilles, elle fut interrogée et avec une bravoure et un cran remarquables non seulement refusait de communiquer les noms de ses collaborateurs, mais en plus s'attaquait aux Allemands pour leur occupation de la France et de la Belgique. Son attitude lui a valu qu'il fut décidé de tenir son procès à huis clos et de ne pas lui accorder le soutien d'un avocat francophone. le 3 mars, elle a été condamnée à mort et fusillée le 1er avril 1916.

Le 27 mai 1919, les restes de Gabrielle Petit ont été exhumés du champ de tir et, 2 jours plus tard, des funérailles nationales grandioses eurent lieu avec une homélie par le primat de Belgique, le cardinal Mercier, un discours du Premier ministre Delacroix et en présence de la reine Élisabeth de Belgique (épouse du roi Albert I), qui consolait la famille Petit. Notre jeune résistante fut officiellement proclamé "Héroïne Nationale" et comparée à la légendaire Jeanne d'arc.

En 1923, un deuxième monument avec statue fut inauguré dans sa ville natale de Tournai, Place Clovis.

Les opinions sont partagées sur la qualité des renseignements clandestins de Gabrielle Petit/agent Legrand pour l'effort de guerre allié, mais quoi qu'il en soit, sans entraînement adéquat, elle a bien risqué sa vie pour agir contre l'occupation illégale de sa patrie et mérite sûrement un regain d'intérêt.
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