"Voici le dossier de cette étrange affaire", me dit l'ingénieur.
Il étala devant moi, sur la table du bureau où nous étions assis, une chemise verte contenant divers papiers et portant, en grosses lettres rondes, cette suscription : "phare de Gorlébella, 1876".
"Vous connaissez ce phare, n'est-ce pas ?"
Je l'avais visité l'année précédente, au cours d'une excursion à 'île de Sein, et je n'avais à faire grand effort pour revoir, par le souvenir, sa haute silhouette de pierre dressée en plein raz, dans une solitude éternelle, au milieu d'une mer farouche agitée d'incessants remous et dont les sourires, même les jours de calme, ont quelque chose d'énigmatique et d'inquiétant....
L'espoir est un phare qui nous guide dans la grisaille des tempêtes de la vie.
Ma recommandation faite, je donnai un dernier regard à ces deux êtres qui avaient été toute ma vie. Ils se renvoyaient des propos frivoles, et ne sentaient pas la main du destin qui déjà se resserrait sur eux.
Ma vie... N'était-elle pas née avec mon amour pour Adèle Lézurec, la Trégorroise ? Ne venait-elle pas d'être tarie par sa trahison ?