Citations sur Mille excuses (31)
Le problème, c'est qye dès qu'on commence à voir à quel point tout est répétitif et sans vie, on ne peut plus s'aveugler.
N'avez-vous jamais éprouvé une lassitude telle que, littéralement, elle vous épouvante ? C'est ce que je ressens tous les jours.
- Parce que tout est tellement prévisible, ajouta Ben, absolument comme si aucune autre voix ne s’était exprimée. Cela me terrifie. Le moindre petit détail de ma journée me terrifie. Le repas que je prends, le client que je rencontre, chaque fois que je monte en voiture ou que j’en descends. Ca me fout la trouille. N’avez-vous jamais éprouvé une lassitude telle que, littéralement, elle vous épouvante ? C’est ce que je ressens, tous les jours. C’est que je ressens, assis là, en ce moment précis, à cette seconde précise. C’est comme une putain de condamnation à mort, de revenir dans cette maison tous les soirs. Enfin, sans vouloir vous offenser.
Pour essayer n’importe quoi, fût-ce aussi inutile, irritant et humiliant que cette heure hebdomadaire au fond de la remise. Parce que ne rien faire reviendrait à accepter de former un couple où on se parle et se touche à peine, où votre mari est à ce point déprimé qu’il semble un mort vivant, où il a beau faire sa dépression tout seul de son côté, vous vous sentez quand même trompée, furieuse, et où votre fille, consciemment ou non, est désormais en âge de comprendre tout ce qui se passe.
Elle vit son visage tordu par l’angoisse : telle était la malédiction du bon comédien – plus aucune différence entre la vérité et sa parfaite imitation, même chez lui. Sa vie entière se résumait à une application de la Méthode, un rêve à l’intérieur d’un rêve, et pourtant ce qu’il demandait avait beau être aberrant, elle n’était pas libre de le lui refuser. Elle posa les mains sur ses joues, approcha du sien son visage aux yeux agrandis, et, sous le nez de son ex-mari, lui donna le baiser le plus long, le plus profond dont elle eût gardé le savoir-faire. Au bout d’un moment, il commença à le lui rendre.
Les gens n’ont pas vraiment envie de revenir vers le passé. Ils veulent plutôt s’en éloigner le plus possible.
Ils vivent de la publicité, c’est l’air qu’ils respirent, ils savent donc déjà qu’ils seront jugés, le secret est de contrôler la manière dont ils le seront. À l’inverse de la plupart d’entre nous, ils n’ont pas vraiment la possibilité de se dire que personne ne les regarde. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils nous paient. Ce n’est pas nous qui allons à eux, vous comprenez ; c’est eux qui viennent à nous.
Chaque jour qui passe est un jour perdu, et ce n’est pas comme si on avait plusieurs vies, et si quelqu’un, là, me parle de « crise de la quarantaine », je jure de revenir armé d’un fusil et de faire un massacre façon Columbine.
- Je suis désolée pour tout, dit Helen. Vraiment.
- Je ne vois pas pourquoi. Tu t'es donné beaucoup de mal. Ton problème, c'est que tu te sens responsable de tout ce que font les autres.
- Oh, dit Helen. Dans ce cas, pourquoi es-tu si dure avec moi ?
- Il faut bien que quelqu'un le soit.
Il n'avait pas, selon lui, de problème d'alcool en soi; il avait simplement tant d'autres problèmes, tant d'autres fragilités qui, pour finir, fût-ce pour un temps, l'entraînaient vers l'alcool, seul moyen d'effacer le cache, de se reconfigurer