« Quand une jeune personne se trouve belle, elle ne doute jamais de la sincérité d’un homme qui lui dit être amoureux d’elle ; car, si elle se croit assez charmante pour le captiver, il est naturel d’en attendre les effets. » (p. 59)
[...] les hommes qui entretiennent des maîtresses en changent souvent, en deviennent las, sont jaloux d’elles, ou une chose ou l’autre [...]
Mais comme le démon est un tentateur qui ne se lasse point, ainsi ne manque-t-il jamais de trouver l’occasion du crime auquel il invite.
Si naturellement les hommes renient l’honneur, la justice et jusqu’à la religion, pour obtenir de la sécurité !
Un des plus grands dangers où j’étais maintenant, c’est que j’étais trop connue dans le métier ; et quelques-unes de celles dont la haine était due plutôt à l’envie qu’à aucune injure que je leur eusse faite, commencèrent de se fâcher que j’échappasse toujours quand elles se faisaient toujours prendre et emporter à Newgate. Ce furent elles qui me donnèrent le nom de Moll Flanders, car il n’avait pas plus d’affinité avec mon véritable nom ou avec aucun des noms sous lesquels j’avais passé que le noir n’a de parenté avec le blanc, sinon qu’une fois, ainsi que je l’ai dit, je m’étais fait appeler Mme Flanders quand je m’étais réfugiée à la Monnaie ; mais c’est ce que ces coquines ne surent jamais, et je ne pus pas apprendre davantage comment elles vinrent à me donner ce nom, ou à quelle occasion.
Je fus bientôt informée que quelques-unes de celles qui s’étaient fait emprisonner dans Newgate avaient juré de me dénoncer ; et comme je savais que deux ou trois d’entre elles n’en étaient que trop capables, je fus dans un grand souci et je restai enfermée pendant un bon temps ;
Ce ne fut pas tout ; car bien que par ce coup je fusse devenue infiniment plus riche qu’avant, pourtant la résolution que j’avais prise auparavant de quitter cet horrible métier quand j’aurais gagné un peu plus, ne persista point ; et l’avarice eut tant de succès, que je n’entretins plus l’espérance d’arriver à un durable changement de vie ; quoique sans cette perspective je ne pusse attendre ni sûreté ni tranquillité en la possession de ce que j’avais gagné ; encore un peu, – voilà quel était le refrain toujours.
« C’est la demande la plus raisonnable qui soit au monde que ne point vous blâmer pour ce qui n’est point de votre faute. » (p 169)
« Heurs et malheurs de la célèbre Moll Flanders, qui naquit à Newgate, et, pendant une vie continuellement variée qui dura soixante ans, en plus de son enfance, fut douze ans une catin, cinq fois une épouse (dont une fois celle de son propre frère), douze ans une voleuse, huit ans déportée pour ses crimes en Virginie, et enfin devint riche, vécut honnête et mourut pénitente. D’après ses propres mémorandums. » (p. 25)
“ Je pourrais être une femme vertueuse si j’avais cinq mille livres sterlings de revenu.”
“J’avais été prise une fois à cette piperie nommée amour, mais le jeu était fini ; j’étais résolue maintenant à ce qu’on m’épousât, sinon rien, et à être bien mariée ou point du tout.”