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Jean-Marie Deguignet avait remis 24 cahiers de 40 pages racontant sa vie à Anatole le Braz - dont 130 pages ont été remaniées et publiées par la Revue de Paris. Il a alors réécrit ses mémoires sur la fin de sa vie en 24 cahiers de 100 pages qui ont été retrouvés (sauf le premier) dans un immeuble HLM à Quimper.

C'est ce texte cousu de bretonismes, émaillé de mots érudits, de citations en latin, en italien ou en espagnol et riche de quantités d'expressions populaires que vous pourrez lire. Son auteur aurait eu des facultés intellectuelles plus développées, à ses dires, à cause d'un accident à la tempe qui lui aurait fait une ouverture !

Document unique sur la société rurale bretonne du 19ème siècle. Témoignage direct d'un pauvre parmi les pauvres. Deguignet fut tour à tour mendiant, vacher, soldat, sergent, cultivateur, commerçant, miséreux, aliéné. Lui qui ne parlait que breton, a appris le français en autodidacte…et quel français !
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Mémoires d'un paysan Bas-breton fait partie des livres qui ont sommeillé dans ma bibliothèque plusieurs années avant que je ne le lise. Il me semblait qu'il me fallait être bien disposée pour l'apprécier à sa juste valeur.

Mieux qu'un mystère insoluble à résoudre (cette quête des manuscrits de JM Déguignet racontée en préambule s'avère incroyable), mille fois plus fort (car véridique) qu'un roman naturaliste ( il fut enfant-mendiant au début du 19ème ), presque aussi aventureux qu'un Jules Verne (la technologie en moins), voici l'histoire de sa propre vie racontée par un breton de "la race des gueux" né près de Quimper en 1834.

Ce personnage non fictif haut en couleurs et complètement autodidacte, pour quitter quelque temps sa misère s'est fait cultivateur (progressiste), soldat, buraliste... sur des périodes plus ou moins longues, mais toujours rendues avec une précision et un franc-parler que j'ai trouvés admirables.

JMD, afin de ne pas mourir d'ennui et de tristesse, a pris la plume sur sa fin de vie, et distille sur près de 500 pages un document humain absolument unique, d'une force inégalable. Ses opinions athées républicaines acérées éclairent le monde d'avant, la Bretagne quimpéroise, entre autres.

Ne redoutez aucun pathos ou sensiblerie de sa part ; JMB a été bercé très près du mur... Ce libre penseur (trop) en avance sur son temps appelle un chat un chat, et sait parfaitement décrire les injustices inhérentes au 19ème siècle.
En porte-à-faux avec son époque, et ses compatriotes, ce témoin des derniers révolutionnaires (1789), décédé peu avant la guerre de 14-18 m'a régalé d'un bout à l'autre.

Entre clairvoyance, lucidité et facultés cognitives supérieures, sa haine de l'obscurantisme religieux et des " aristo- nobles " finira par lui monter au cerveau. C'est en tout cas ce qu'en pensèrent les médecins.

Il terminera son existence, ivre de rage, seul, abandonné de tous. Sa soumission aurait désamorcé sa colère, mais JMD fit un autre choix. Au péril de sa sociabilité.

Un très grand livre...

Lien : http://justelire.fr/memoires..
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Mémoires d'un paysan Bas-breton ou l'itinéraire exceptionnel d'un enfant pas gaté !

Né pauvre comme Job – enfin comme Jean-Marie ( 1834 - 1905 ) - et mort dans le dénuement le plus total à l'age de 71 ans , cet homme , au travers de mémoires circonstanciées d'une précision et d'un interet notoires , nous livre sa vision d'une époque ou indigence , cléricalisme exacerbé et conservatisme idéologique laissaient peu d'espoir de se balader , une rolex au poignet , avant l'age de 50 ans ! Apres non plus d'ailleurs...
En terminant ce bouquin , deux sentiments prégnants ! Celui d'avoir partagé le renversant destin de quelqu'un qui n'était absolument pas prédisposé à tout cela et qui s'est fait tout seul ! Et paradoxalement , plutot que d'éprouver une certaine admiration bien légitime , j'ai ressenti tres peu d'empathie à l'égard de ce personnage hors norme !
Un parcours renversant pour cet homme du Finistere Nord qui aura connu diverses fortunes tout en cultivant inlassablement sa soif d'apprendre inaltérable . Un journal incroyablement concis lorsque l'on sait qu'il a été écrit sur le tard , pour ne pas dire au crépuscule de sa vie . Tour à tour mendiant , vacher , soldat , cultivateur , débitant de tabac , sa vie s'apparente à un véritable couteau Suisse ! Etant alors tout gamin , un accident marquant à la tete lui permettra d'acquérir ce don phénoménal qui bouleversa sa vie et qu'il n'aura jamais cessé de cultiver - pour un paysan , c'est un minimum -  : une mémoire infaillible ! En véritable autodidacte patenté , le personnage n'aura de cesse d'engranger un savoir forgé par ses multiples voyages et rencontres ! Et des périples , il va en faire le gars Déguignet ! Engagé volontaire fuyant la supposée betise de ses compatriotes et aspirant à la pérennité de l'emploi ( sic ) , il parcourra le vaste monde en enquillant les guerres ( Crimée , Italie , Algérie , Mexique ) et les acquis ! En véritable polyglotte accompli , il étonnera , plus souvent qu'à son tour , un monde beaucoup plus éduqué que le sien , en lui faisant régulierement la nique - qui a dit ta mere ?! - à grands coups de leçons d'Histoire et d'avis bien tranchés . Parti de rien pour arriver à rien en connaissant un destin inclassable : gachis...
Un récit captivant de par son auteur et son époque ! Un conteur , véritable personnage à la Zola , usant à l'envi du Français , du Breton voire meme du Latin et affichant une vraie personnalité ! Et c'est peut-etre là que le bat blesse ! Car ce bonhomme , malgré son prestigieux parcours , a fini par me lasser . Semblant souffrir de paranoia aigue , rien ne semblait trouver grace à ses yeux ! Se réclamant d'un naturel ouvert et compréhensif , il s'avérait finalement anti-tout ! Anti jeunes , vieux , clergé , social - tu perds ton sang froid !! - , ti et gros minet...Il semblait souffrir du délire de persécution et vouait aux flammes de l'enfer ( paradoxal pour un bouffeur de cureton ) toute personne ayant l'outrecuidance de le contredire ! Bigre , comme il y allait le bougre ! D'un naturel orgueilleux , condescendant et faussement modeste , la remise en question personnelle n'était pas envisageable et ceci , au détriment meme d'une vie de famille pathétique et d'une vie en société qu'il estimait trop formatée . Adorant se donner le beau rôle , Déguignet , Saint Déguignet devrais-je plutot dire , anti-clérical convaincu , se voulait anarchiste avant l'heure . Il ne convainquit , au final , que sa propre personne , refusant trop souvent de s'abaisser au niveau de ses contemporains , quitte à finir seul comme un chien , abandonné des siens , dans une aigreur et un aveuglement jusqu'au-boutistes ! Comme quoi on peut etre Bas-breton et bas de plafond...Il n'en reste pas moins un superbe voyage historique dans une Bretagne miséreuse , en pleine mutation , empreinte de traditions séculaires vraiment bien amenées...Un tres beau périple malgré un guide sensiblement rebutant...

Mémoires d'un paysan Bas-breton : un magistral cliché d'époque pris par un photographe obtu à l'arrogance et le dédain aussi cinglants que le fouet de Catwoman...Wapaaaaaa....
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Je sors malheureusement déçue de la lecture de cette biographie à la couverture trompeuse. En effet, à voir cette photographie ancienne montrant un couple de paysans bretons, un bébé sur les genoux, j'avais pressenti un récit axé sur la ruralité en Bretagne au XIXème siècle et étant peu adepte de la littérature régionale et des chroniques paysannes, j'attendais beaucoup de cette lecture, comme un défi ou une tentative de réconciliation avec le genre.

Hélas, s'il est bien question de Bretagne et très brièvement de la vie à la ferme, les "Mémoires d'un paysan bas-breton" relatent surtout la vie militaire de Jean-Marie Déguignet et les nombreuses campagnes auxquelles il a pris part quand, être pauvre et sans instruction, il s'engagea volontairement pour la guerre de Crimée avec l'espoir d'apprendre tout ce qui pourrait constituer de près ou de loin un savoir.

Ma déception digérée, je me suis quand même intéressée à son récit autobiographique car il est fluide et vraiment instructif, si l'on ferme les yeux sur quelques approximations comme dater la construction de la tour de Pise non pas au XIIème siècle mais sous l'empire romain. Guerre de Crimée et guerre de l'indépendance italienne sont vécues de l'intérieur à travers l'expérience d'un simple soldat puis d'un caporal.

Pour le lecteur actuel, l'émotion vient principalement de la quête de savoir chevillée au corps du narrateur, touchant d'humilité malgré ses progrès, et de la description des scènes de la vie quotidienne.


Challenge NOTRE-DAME de PARIS
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Challenge XIXème siècle 2019
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Jean Marie Deguignet a connu un destin exceptionnel, ouvrier agricole dans le finistère profond, soldat à Lorient, engagé dans les guerres de Crimée, d'Italie et du Mexique du second empire, débitant de tabac et finalement mourant miséreux à Quimper.
Il tient un journal tout au long de sa vie.
Ce récit n'a pas d'égal dans les annales du temps.
C'est celui d'un écorché vif, d'un anticlérical et d'un anarchiste pourfendeur des conservatismes.
Le style est étonnamment brillant, souvent violent et ce témoignage se révèle être un vrai roman humain de l'aventure d'une vie riche en péripéties.
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Les mémoires d'un paysan Bas-Breton sont une nouvelle biographie "gratinée"d'un humble écorché vif du XIX eme siècle de ma Bretagne natale.
Ce mendiant qui n'a jamais été à l'école,apprend seul à lire et à écrire.Il s'engage 2 fois dans une armée de monarques" qui n'ont pas les mêmes intérêts que les peuples"Il devient athée et anticlérical tel qu'était mon grand-père né en 1899."A bas la calotte "disait-il !!
Oui l'écriture est "cash",oui les Bretons sont pieux, voire fanatiques mais la religion n'est-il pas l'opium des peuples (les plus pauvres ,les plus humbles).
Ce témoignage, malgré l'obstination de l'auteur reste sincère pour avoir entendu mes grands-parents et même mes parents ,victimes du servage, plus d'un siècle plus tard ,raconter leurs conditions de vie moyenâgeuse.
Depuis l'école est passée par là, la laïcité aussi, par contre les Bretons ont perdu avec leur langue, leur histoire.D'où l'intérêt d'un tel livre.
L'écriture de ses mémoires au crépuscule de sa vie, permettent à cet autodidacte de tirer une GRANDE révérence à 71 ans dans une misère totale mais "sans intervention chrétienne".
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Le portrait que Déguignet trace de lui-même intéressera tous ceux qui recherche une Bretagne sincère et vraie loin de tous les clichés , c'est la Bretagne des fermiers , des gens de mer , des écrivains comme Mona Ozouf
Il y a de l'impertinence chez cet autodidacte , de sacré doses d'humour , d'imagination , et d'énergie surtout . Un livre qui raconte une démesure, l'histoire d'une figure hors norme qui tout au long de sa vie a montré une soif , un besoin vital de savoir de tout savoir , en un autre jour il aurait pu devenir un très grand chercheur .
En le lisant c'est hommage discret a un homme indiscret .
Il était issu d'une famille de condition modeste, père fermier ; à sa naissance au bord de la ruine, perdit son bail deux mois plus tard. Il loua ensuite un penn-ty à côté de Quimper et vendait ses services comme journalier chez des fermiers pour huit à douze sous par jour.
Enfant, sa famille subit de plein fouet la misère engendrée par l'épidémie de mildiou. Il dut devenir mendiant.
La crise passée, il parvint à se faire engager dans diverses fermes comme vacher, notamment dans une ferme-école d'agriculture à Kerfeunteun. Il apprit par lui-même à écrire et lire le français : il ne savait jusqu'alors lire que le breton et le latin, appris au catéchisme. Il racontera comment il récupérait des feuilles oubliées par les autres élèves pour les déchiffrer.
En 1854, il s'engagea dans l'armée .
Il y restera 14 ans, participant à la guerre de Crimée, à la campagne d'Italie, ainsi qu'à l'expédition du Mexique. Lors de ces campagnes il eut le loisir d'apprendre l'italien et l'espagnol. Il y perfectionna aussi son français, lisant tout ce qu'il pouvait et recherchant le contact de toute personne cultivée. C'est à cette époque que se mirent en place ses idées républicaines et violemment anticléricales.
Revenu en Bretagne, il se maria et devint fermier à Ergué-Armel. Il le resta pendant 15 ans, et grâce à son ingéniosité fit de cette ferme à l'abandon une exploitation modèle. Son bail ne fut pas prorogé, à cause de ses idées et de son caractère anticonformiste.
Il fut ensuite tenancier d'un débit de boissons (il abandonna ce commerce quand sa femme mourut )puis vécu de divers métiers .
Retombé dans la misère, il passa ses dernières années à Quimper où il fréquentait la bibliothèque municipale pour y lire les journaux républicains. C'est au cours de cette période qu'il écrivit l'histoire de sa vie. Il la rédigea par deux fois : il en avait vendu un premier manuscrit à Anatole le Braz et, ne le voyant pas paraître, crut qu'il avait voulu faire disparaître son témoignage.
Il fut retrouvé mort à la porte de l'hospice de Quimper, le matin du 29 août 1905.
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On a le sentiment de tenir dans ses mains un livre rare, l'histoire , l'épopée d'un simple paysan bas breton sachant écrire à cette époque , une exception, une chance
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En lisant les mémoires de Jean Marie Déguignet, j'ai retrouvé la Bretagne telle que la racontaient nos grands-parents et non telle qu'elle apparaît sur les cartes postales : une Bretagne authentique, peuplée de taiseux et de gens moqueurs ; une Bretagne bouffée par les superstitions et où le clergé a pris racine – au grand dam de Déguignet notamment ; une Bretagne où la vie était rude et où l'on ne ménageait pas sa peine ; une Bretagne que l'on quitte et où l'on revient toujours.
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Né au début du XIXe siècle du côté de Quimper, Jean-Marie Déguignet aurait pu ne jamais connaître que le lot commun de tant d'autres petits paysans de son temps. Misère, mendicité, domesticité rurale, dans un périmètre réduit à quelques paroisses. Mais le jeune Jean-Marie possédait un de ces rares cerveaux qui ont la capacité de tout retenir, de tout assimiler. C'était en somme un garçon intelligent, assez pour apprendre sans beaucoup d'aide à lire, puis à écrire, le breton d'abord, puis le latin des curés, le français du régiment et toutes les langues qui croisèrent sa route.
Car Jean-Marie était aussi curieux et pour voir du pays, il n'hésita guère à s'engager dans l'armée. Participa à la guerre de Crimée, poussa jusqu'à Jérusalem (où les sordides petits trafics autour des pélerins lui firent perdre pour de bon toute estime pour les religions et les croyants), fit partie de la campagne d'Italie (celle de 1859, contre les autrichiens), de l'expédition désastreuse du Mexique, affronta en Algérie les soulèvements Kabyles... avant de revenir s'installer au pays, où un mariage malheureux et une incapacité remarquable à ménager les susceptibilités d'autrui, finirent par lui coûter à peu près tout ce qu'il avait gagné jusque là.

A la fin de sa vie, à nouveau tombé dans la misère, il entreprend d'écrire ses Mémoires... qui seront remarquées par Anatole le Braz, très partiellement et très imparfaitement publiées dans la Revue de Paris en 1905 puis plus ou moins oubliées jusqu'à leur redécouverte, presque un siècle plus tard, où elles devinrent un grand succès de librairie.
L'édition qu'on tient là entre les mains est elle aussi incomplète, taillant volontairement dans de nombreuses digressions sans doute un peu pénibles à lire mais que j'ai été un peu frustrée de ne pas pouvoir découvrir. Qu'importe, c'est un texte passionnant et unique en son genre dont l'auteur, aussi intelligent que borné, curieux, intransigeant à l'excès, agaçant, attachant malgré tout, peut difficilement laisser indifférent.
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