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Citations sur Critique et clinique (8)

L'enfant ne cesse de dire ce qu'il fait ou tente de faire : explorer des milieux, par trajets dynamiques, et en dresser la carte. Les cartes de trajets sont essentielles à l'activité psychique.

(Ce que les enfants disent)
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La syntaxe est l'ensemble des détours nécessaires chaque fois créés pour révéler la vie dans les choses.
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Toute oeuvre est une voyage, un trajet, mais qui ne parcourt tel ou tel chemin extérieur qu'en vertu des chemins et trajectoires intérieurs qui la composent, qui en constitue le paysage ou le concert.
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Le bébé présente cette vitalité, vouloir-vivre obstiné, têtu, indomptable, différent de toute vie organique : avec un jeune enfant, on a déjà une relation personnelle organique, mais pas avec le bébé qui concentre dans sa petitesse l'énergie qui fait éclater les pavés (le bébé-tortue de Lawrence). Avec le bébé on a de rapport qu'affectif athlétique, impersonnel, vital.
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Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère.

Proust, Contre Sainte-Beuve.
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On forcera le Christ à ressusciter pour cela, on lui fera des piqûres. Lui qui ne jugeait pas, et ne voulait pas juger, on en fera un rouage essentiel dans le système du Jugement. Car la vengeance des faibles, ou le nouveau pouvoir, c’est au plus précis quand le jugement, l’abominable faculté, devient la faculté maîtresse de l’âme. (Sur la question mineure d’une philosophie chrétienne : oui, il y a une philosophie chrétienne, pas tellement en fonction de la croyance, mais dès que le jugement est considéré comme une faculté autonome, ayant besoin à ce titre du système et de la garantie de Dieu.) L’Apocalypse a gagné, nous ne sommes jamais sortis du système du jugement. « Et je vis des trônes, et à ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. »

A cet égard, le procédé de l’Apocalypse est fascinant. Les Juifs avaient inventé quelque chose de très important dans l’ordre du temps, c’était le destin différé. Dans son ambition impériale, le peule élu avait échoué, il s’était mis en attente, il attendait, il était devenu « le peuple du destin différé ». Cette situation reste essentielle dans tout le prophétisme juif, et explique déjà la présence de certains éléments apocalyptiques chez les prophètes. Mais ce qu’il y a de nouveau dans l’Apocalypse, c’est que l’attente y devient l’objet d’une programmation maniaque sans précédent. L’Apocalypse est sans doute le premier grand livre-programme, à grand spectacle. La petite et la grande mort, les sept sceaux, les sept trompettes, les sept coupes, la première résurrection, le millénium, la seconde résurrection, le jugement dernier, voilà de quoi combler l’attente et l’occuper. Une espèce de Folies-Bergère, avec cité céleste, et lac infernal de soufre. Tout le détail des malheurs, plaies et fléaux réservés aux ennemis, dans le lac, et de la gloire des élus, dans la cité, le besoin que ceux-ci ont de mesurer leur auto-gloire aux malheurs des autres, tout ça va minuter cette longue revanche des faibles.
(...)
Ce n’est pas difficile de montrer à chaque instant le fond juif de l’Apocalypse : non seulement le destin différé, mais tout le système récompense-punition, péché-rachat, le besoin que l’ennemi souffre longtemps, non seulement dans sa chair, mais dans son esprit, bref la naissance de la morale, et l’allégorie comme expression de la morale, comme moyen de moralisation… (pp. 55-57)
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Le monde du jugement s'installe comme dans un rêve.
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Ecrire n’est pas raconter ses souvenirs, ses voyages, ses amours et ses deuils, ses rêves et ses fantasmes. C’est la même chose de pécher par excès de réalité, ou d’imagination : dans les deux cas c’est l’éternel papa-maman, structure oedipienne qu’on projette dans le réel ou qu’on introjette dans l’imaginaire. C’est un père qu’on va chercher au bout du voyage, comme au sein du rêve, dans une conception infantile de la littérature. On écrit pour son père-mère. Marthe Robert a poussé jusqu’au bout cette infantilisation, cette psychanalisation de la littérature, en ne laissant pas d’autre choix au romancier que Bâtard ou Enfant trouvé. Même le devenir-animal n’est pas à l’abri d’une réduction oedipienne, du genre « mon chat, mon chien ». Comme dit Lawrence, « si je suis une girafe, et les Anglais ordinaires qui écrivent sur moi de gentils chiens bien élevés, tout est là, les animaux sont différents... vous détestez instinctivement l’animal que je suis ». En règle générale, les fantasmes ne traitent l’indéfini que comme le masque d’un personnel ou d’un possessif : « un enfant est battu » se transforme vite en « mon père m’a battu ». Mais la littérature suit la voie inverse, et ne se pose qu’en découvrant sous les apparentes personnes la puissance d’un impersonnel qui n’est nullement une généralité, mais une singularité au plus haut point : un homme, une femme, une bête, un ventre, un enfant... Ce ne sont pas les deux premières personnes qui servent de condition à l’énonciation littéraire ; la littérature ne commence que lorsque naît en nous une troisième personne qui nous dessaisit du pouvoir de dire Je (le « neutre » de Blanchot). Certes, les personnages littéraires sont parfaitement individués, et ne sont ni vagues ni généraux ; mais tous leurs traits individuels les élèvent à une vision qui les emportent dans un indéfini comme un devenir trop puissant pour eux : Achab et la vision de Moby Dick. L’Avare n’est nullement un type, mais au contraire ses traits individuels (aimer une jeune femme, etc.) le font accéder à une vision, il voit l’or, de telle manière qu’il se met à fuir sur une ligne de sorcière où il gagne la puissance de l’indéfini – un avare..., de l’or, encore de l’or... Il n’y a pas de littérature sans fabulation, mais, comme Bergson a su le voir, la fabulation, la fonction fabulatrice ne consiste pas à imaginer ni à projeter un moi. Elle atteint plutôt à ces visions, elle s’élève jusqu’à ces devenirs ou puissances.
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