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Citations sur Guyanes (14)

Qu'ils soient blancs, noirs, mulâtres ou métis, les pauvres ne votent pas. Ils se déplaceront pour le premier scrutin, soit. Parce que ce sera nouveau ou simplement pour pouvoir raconter qu'ils y étaient. Mais la chose publique, la politique, cela n'intéresse pas les pauvres. Ils n'ont aucune éducation, aucune conscience de la chose. Ils ne sont même pas capables de concevoir le lien qui existe entre un bulletin glissé dans l'urne et ses conséquences directes dans leur vie de tous les jours. Ce ne sont pas les Noirs qui sont de grands enfants : ce sont les pauvres, croyez-moi. (...)
Ceux qui votent sont ceux qui ont l'habitude de fréquenter le pouvoir. Ceux que vous recevrez demain soir, chez vous, pour votre pendaison de crémaillère. Eux, ils ne votent pas par conviction politique, mais bien par intérêt. Et si nous voulons, vous et moi, continuer à faire en sorte que rien ne change, en Guyane, ce sont ces gens-là dont nous devrons nous assurer la fidélité.
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La Guyane, et je pèse mes mots, n'est pas une terre dangereuse, non. Elle est pire que cela ! (...) En Guyane, le danger est partout, il rôde... (...) Vous me dites que j'exagère ? Apprenez, monsieur, qu'il est impossible d'exagérer la Guyane. Le voudrions-nous que nous n'y parviendrions pas. La logique qui régit cette colonie dépasse l'entendement. (...) La Guyane n'est pas une terre comme les autres. Le danger y est partout, vous dis-je. Là-bas, et vous pourrez le constater, tout y est immense, démesuré. Dans la jungle, les arbres montent vers le ciel pour atteindre quarante, cinquante mètres de hauteur. La canopée qu'ils forment est si épaisse qu'elle éteint le soleil lui-même. A ce que l'on m'a dit, même à midi, il y a fait noir comme dans u four. Aventurez-vous sans guide dans ce dédale et vous n'y survivrez pas plus de quelques minutes. Un boa vous gobera tout cru, vous serez piétiné par des cochons sauvages, un tigre vous mastiquera et digérera jusqu'à votre costume. Mais le pire, hélas, n'est pas là... (...) Cependant, je persiste à croire que ces créatures de Dieu, aussi dangereuses qu'elles puissent être, ne sont rien en comparaison d'une autre menace, bien plus prégnante celle-ci, et qui règne en maîtresse sur tout le territoire (...). Ce danger se rencontre à chaque pas, que ce soit dans la préfecture de Cayenne comme dans les immensités de la jungle qui est encore loin d'avoir été explorée et cartographiée, soit dit en passant.
(...) je persiste à croire que le plus grand danger pour cette terre créée par notre Seigneur est tout simplement l'homme. Et lorsque je dis l'homme, je devrais même préciser : l'homme blanc".
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Quinquina. Chaque année, la colonie faisait venir à grands frais des quantités phénoménales de ces petits cachets nommés quinine, les seuls capables d'atténuer et de soigner les effets ravageurs du paludisme. Cette fois, Mané et Jujube tendirent l'oreille. Le palu et ses fièvres, ils connaissaient. Cette affection violente pouvait réduire à l'état de loque n'importe qui, et bien des bagnards n'auraient pas hésité à tuer afin de se procurer un seul cachet de cette quinine. Comprenant qu'il avait réussi à capter leur attention, Dubernard expliqua que cette plante avait été découverte au Pérou, des siècles plus tôt, chez des tribus d'Indiens des hauts plateaux. Les Jésuites s'en étaient ensuite emparée et avaient amassé une véritable fortune en la diffusant en Europe. La comtesse de Chinchón, épouse du vice-roi du Pérou, l'avait elle-même popularisée sous le nom de ''poudre de la comtesse ''. Bientôt, le Tout-Paris s'était passionné pour cette médecine qui, disait-on, était parée de mille vertus et se révélait capable de calmer sinon de guérir les affections les plus diverses, depuis le simple rhume jusqu'à la jambe cassée.
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Tant que le Français a de quoi se remplir le ventre et qu'il ne claque pas trop des dents durant l'hiver, tant qu'il croit que le gouvernement est à peu près honnête, il se moque bien de ce qui peut arriver à son voisin. Alors que des repris de justice aillent crever dans une colonie qui se trouve à des milliers de kilomètres de Paris, qu'est-ce que vous voulez que ça lui fasse ?
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Les Wayanas, avant l'arrivée des orpailleurs, vivaient en paix. Leur philosophie était d'une simplicité désarmante. Pour eux, seul existait l'instant présent. Le passé était le passé, on ne pouvait le changer. Le futur n'existait pas encore, et il ne servait à rien de s'inquiéter pour une chose qui ne possédait pas de réalité. Ils consacraient ainsi toute leur énergie à jouir du temps qui passe . À la naissance, il n'y avait ni riche ni pauvre. Chacun ne possédait en propre que ce qu'il fabriquait de ses mains et il ne serait jamais venu à l'esprit d'un Wayana de vouloir posséder plus que nécessaire. S'élever, tenir un rang social, étaler ses richesses ou, au contraire, masquer sa pauvreté ? Rien de tout cela n'avait de sens. La seule vie raisonnable qui existât ici-bas était celle qui passait ainsi que le fleuve et que l'on pouvait toucher de ses doigts.
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Vue du ciel, Saint-Laurent-du-Maroni faisait tout pour se donner une allure de ville métropole.Créée de toutes pièces en 1858 par le gouverneur Laurent Baudin, la cité ne comptait encore, en 1872, que quelques centaines d'habitants, tous liés par le grand projet mis en place sous le Second Empire : débarrasser la métropole de ses indésirables, que ceux-ci fussent prisonniers politiques, de droit commun ou simples récidivistes.Une expérience similaire avait été prise en exemple. Pour nettoyer Londres de ce que l'Angleterre qualifiait de rebuts de sa société, la Couronne britannique avait porté son dévolu sur l'Australie, terre coloniale. Là-bas, dans le lieu-dit de Botany Bay, elle avait fondé une colonie pénitentiaire et l'avait emplie jusqu'à la gueule d'individus en rupture de ban. Ce faisant, elle avait vidé de son mauvais sang les quartiers infectés de sa capitale, tout en fournissant à sa terre du bout du monde les bras des hommes et les ventres des femmes. Sous la surveillance de l'armée, et avec la bénédiction urbi et orbi de l'Église, les prisonniers pouvaient ainsi, tout à la fois, suivre un hypothétique chemin menant à la rédemption, et peupler à moindre coût ce territoire immense auprès duquel la perfide Albion faisait figure de simple confetti.
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- Ecoutez-moi bien, jeune homme. Notre ami Mac Mahon possède une bonne majorité et il lui reste deux ans de pouvoir présidentiel. Et je peux vous dire, tout à fait entre nous, qu'il se fout de la Guyane comme de sa première chemise. D'ailleurs, Paris se fout de la Guyane. La France entière se fout de la Guyane. Personne ne pourrait même le situer sur une carte, ce pet de mouche que l'on nomme Guyanne !
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Quand le dernier arbre sera abattu,
la dernière rivière empoisonnée,
le dernier poisson capturé,
alors seulement vous vous apercevrez que l'argent ne se mange pas.

(Proverbe amérindien)
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En abattant la Commune, les bourgeois de Versailles ont abattu le peuple de Paris, le peuple de France. Nous, on voulait un autre monde. Pas un monde où les riches font ce qu’ils veulent et les pauvres, hélas, ne font que ce qu’ils peuvent. Mais c’est eux qui ont gagné. Et comme l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, va-t’en savoir ce qu’il restera de nous, pour les générations qui viendront après qu’on sera parties.
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Mon jeune ami, la Guyane coûte à la France un argent que vous n'imaginez pas, et elle ne produit pas en retour le dixième de ce que Paris pourrait légitimement attendre. Tous ces millions qui se volatilisent sous les Tropiques, il faudrait tout de même qu'ils servent à quelque chose. Je vous le répète : cette colonie ne pourra se développer qu'avec un afflux massif de travailleurs. Selon les derniers chiffres, le coolie indien mâle ne coûte que 463 francs. La femelle se négocie à 455 et l'enfant, à 435. Achetons donc du Tonkinois, que diantre! Et encadrons un peu l'Africain afin qu'il se consacre à l'orpaillage. Le jaune sait travailler la terre. Le noir aime l'or. Si l'on veut que le Blanc de Paris encaisse des bénéfices, c'est bien ainsi que l'on se doit d'administrer la Guyane. Quant aux bagnes...
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