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EAN : 9782847423921
270 pages
PASSAGE (23/08/2018)
3.71/5   53 notes
Résumé :
Par une nuit de neige qui finit par immobiliser Paris, monsieur Jaume se rend dans un café de la rue Saint-André-des-Arts. En veine de confidences, il raconte à Virgile, un bistrotier désabusé, la malédiction qui le frappe. Monsieur Jaume est immortel. Toute la nuit durant, et avec la promesse de lui révéler son secret, il va confier à Virgile ses multiples existences passées. Né à Marseille en 1702, il fuit la grande peste, part à l'aventure en Afrique, cultive le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Les voyages de sable
Jean-Paul Delfino
roman , 2018, 171 p, LePassage


Jean-Paul Delfino a nourri trois rêves qu'il a réalisés. le Brésil fut son coup de coeur frappé par la bossa nova et l'objet de neuf livres. Il est né à Aix-en-Provence en 1964, et adore Marseille. Il est pour l'émotion et la littérature populaire. Il distingue celui qui écrit de l'écrivain, qui a trouvé sa musique et dont on peut reconnaître la voix.

Qui est ce monsieur Jaume ou Jérôme ? Il entre à la Table des Arts, un troquet parisien à l'ancienne, et dont le bistrotier, Virgile Alighieri, est un taiseux, peut-être pour ne pas être en-dessous du nom qu'il porte. C'est le soir, c'est bientôt Noël, il commence à neiger, et Virgile va fermer. Les deux hommes se connaissent depuis quarante ans, mais ne se sont jamais parlé. le bistrotier s'est donné pour règle de ne jamais s'entretenir avec ses clients, souvent des ivrognes qui s'épanchent ou disent n'importe quoi. Travaillez dans un café, et vous en entendrez, des histoires incroyables, dit-il à Jaume.
Et voilà que le bistrotier demande à Monsieur Jaume si ça va, parce qu'il lui trouve un air patraque, et que l'autre lui conte sa vie qui est longue, très longue. Il compte trois siècles d'existence. Il est né au début du XVII°.
C'est quoi, cette histoire ? Un conte de Noël, le conte d'une nuit qui conduira enfin Jaume à sa mort, lui qui vieillit au fur et à mesure qu'il se raconte, au contraire de Shéhérazade qui invente des histoires pour rester en vie ? Jaume dit à pluseurs reprises à Virgile qu'il est naïf. Virgile a aussi une oreille complaisante pour les ragots. Ce sont les voyages de sable, utopiques, construits en rêves, par l'imagination, la distance qu'on veut prendre d'avec un monde qui déçoit, qui entraînent Virgile qui s'ennuie, seul, depuis tant de temps.
le narrateur en est Jaume, un professeur de philosophie, mais l'auteur n'est pas loin, tapi on ne sait où dans le bar. Il narre une odyssée fantastique, qui lui en a fait voir des continents des conditions, des femmes. Et Virgile, qui n'a jamais voyagé, mais dans le bar de qui viennent les touristes du monde entier, prend un plaisir fou à écouter l'histoire, un conte picaresque, une connaissance des choses à la manière de Candide ? le nom de Virgile pouvait faire penser à un voyage en Enfer, mais le bistrotier se libère, il boit, du rhum, du whisky, du Bourgogne, du Vouvray, il fume, il se fiche de la loi, il est maître chez lui, il partage ses trésors, il parle, il se souvient. Il aimerait lui aussi faire part de quelques-uns de ses souvenirs à Jaume, mais ce n'est pas le moment, et l'auteur ne le veut pas non plus.
C'est donc presque un monologue auquel a droit le lecteur, parfois sous forme directe, parfois sous forme de récit. Les premiers dialogues entre Virgile et Jaume allèchent avec la gouaille d'un Audiard. le bar constitue pour ainsi dire un huis-clos, dans lequel entrent quelques clients, dont le docteur de Virgile, qui dit que le verre de Fernet-whisky devrait être remboursé par la Sécurité Sociale, et à propos de qui la rumeur dit qu'il enfile des tutus ; des filles arrogantes qui mettent en avant la loi : un revendeur qui paie son café en offrant un zèbre avec des rayures qui ne sont pas dans le bon sens.
Jaume est un gars habile, et qui a du ressort. Il est du peuple, fils de tripier.Dans son adolescence, une histoire d'amour lui fait quitter Marseille où il est né, et il se retrouve dans des plantations de café en Ethiopie, parmi les roses de porcelaine. Il découvre qu'il a une vitalité extraordinaire, et qu'il ne meurt pas. Il ne vieillit pas non plus. Comment expliquer cela ? Suspense...
C'est quelqu'un qui lit, pour échapper à l'ennui, mais aussi parce qu'il est curieux et aime découvrir, philosophie, poésie, moralistes, religion.
Il connaît l'amour, la satisfaction phsique des sens avec des prostituées, l'amour sans jalousie des femmes qui vont d'un homme à l'autre pour que l'ennui ne s'installe pas, et l'on se rappelle Supplément au Voyage de Bougainville, l'amour qui triche, le grand amour, celui que Zéphyra/Zézette attend, celui pour lequel elle damnerait son âme.
L'argent n'est pas ce qui le motive.
Il connaît la lie des hommes, les négriers, les contrebandiers, ceux qui n'ont plus ni foi ni loi.
Il a foi en l'humanité, en les femmes surtout, mais il est amer, les hommes n'ont pas de mémoire et ne sont pas bons. Les gens ont lutté pour le droit de vote, et aujourd'hui on ne vote plus. le peuple, incapable de se mener seul, a besoin d'un gouverneur. On peut comprendre que sa jeunesse inexplicable rende envieux ou soupçonneux certains, et que l'Inquisition lui cherche des noises. Assez communément, il qualifie les politiciens d'arrivistes et d'affairistes. A ceux qui s'indignent de la façon dont il parle de l'esclavage, il répond que les esclaves d'hier sont les travailleurs pauvres d'aujourd'hui. Il critique les militaires qui pillent et qui violent, en dignes représentants des Lumières. Il rappelle que l'Eglise est favorable à la traite des Nègres. Je découvre à l'écouter que les tirailleurs sénégalais n'étaient pas tous volontaires, qu'il y eut des rapts et des enrôlements forcés. Que par-dessus le marché, De Gaulle ne voulait pas de Noirs qui défilent à la Libération, ce sont uniquement des Blancs qui ont sauvé la France. Enfin, il se désole de l'état de la langue :« Nous avons fait des mots de véritables dépotoirs qui ne signifient plus rien et tout à la fois . »
C'est un livre sûrement trop long. L'idée de départ est bonne, on peut s'attendre à une espèce de conte philosophique. Mais il tourne court. le voyage est trop dispersé, et son récit manque de variété et de vivacité. Les personnages rencontrés au cours de l'odyssée ne valent pas pour eux-mêmes, sauf peut-être le Congolais. Virgile a un rôle trop mince. L'épilogue, qui surprend, est intéressant.
J-P Delfino, qui semble très sympathique, sait ce qu'il attend d'une lecture, le plaisir de lire des récits de voyage, qui réclament une bonne documentation, de vivre par procuration des vies extraordinaires, qui laissent libre cours à l'imagination et au désir, de réfléchir au bonheur, au temps qui passe ou ne passe pas, de s' élargir, de connaître un secret, qui n'est pas celui qu'on croit, non celui de l'immortalité, mais celui du bonheur de vivre, pouvoir ouvrir les yeux chaque matin, en n'étant pas trop mal foutu, ou manger une bonne omelette. le lecteur a tout cela, mais en trop peu. Il peut cependant en tirer profit, comme Virgile, qui à la fois guide le narrateur et est guidé par lui. La question serait donc : les mots donnent-ils leur impulsion aux actes ?

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Monsieur Jaume se rend dans un café de la rue Saint-André-des-Arts. En veine de confidences, il raconte à un bistrotier désabusé, la malédiction qui le frappe. Monsieur Jaume est immortel.
De Marseille en 1702 à Paris aujourd'hui, c'est un très beau roman philosophique : sur la vie, la mort, l'amour, l'amitié, les trahisons.
Ponctué par de très belles descriptions de voyages à travers le temps et l'espace.

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Par un soir d'hiver, Monsieur Jaume entre en confidence avec Virgile, le bistrotier, lui confie son secret :
Il est immortel.
Jaume lui conte ses trois siècles de vie, de voyages et d'amours au travers de différents pays et divers continents.
Quel est le secret de l'immortalité ? Malédiction ou bénédiction ?
Jean-Paul Delfino nous fait passer par diverses émotions: amour, haine, joie... et nous offres une évasion au travers du monde, des époques et des saisons.
Malgré quelques longueurs ce roman est une fenêtre sur le monde, on s'y évade.
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Très beau roman que m'ont envoyé les éditions Passage.
J'avais été séduite par la couverture du livre, étrange, pas une photo mais une peinture/dessin, ainsi que par le résumé, qui évoquait Paris, des aventures, mais aussi une petite dose de fantastique. Et j'ai été comblée.
Le style est assez simple, mais en même temps léger, agréable à lire. Parfois les personnages s'emportent, Monsieur Jaume en particulier, qui prend du recul sur ses aventures et ironise sur tout ce qui lui arrive, sur sa malchance notamment. Ces moments ressortent sur le reste du récit qui est plutôt calme et monocorde (ce qui n'est pas un reproche !). Les personnages principaux sont peu nombreux, Virgile et Monsieur Jaume, et en même temps très nombreux, puisque les époques se succèdent et que Monsieur Jaume croise plein de monde.
C'est donc un long récit de voyage : je ne le conseillerai donc pas aux personnes qui aiment l'action pure et dure, car on reste toujours quelque peu à distance de ce qui se passe, du fait de la forme du récit. Mais on se laisse porter au fil du roman, des péripéties… comme si on était finalement à bord du bateau représenté en couverture, et que la vie de Monsieur Jaume était ce fleuve.
Finalement, le personnage qui m'a le plus plu est peut-être Virgile… qui cache plein de secrets, qui sous ses airs de bistrotier bourru et peu curieux a une richesse qui lui est propre. J'ai adoré son Louvre du pauvre, et je m'imagine très bien ce mini cabinet de curiosité.
Plein de mystères à la fin : on ne sait pas vraiment … qui est Virgile, ce qu'a fait M. Jaume durant son passage dans le XXe siècle… C'est peut-être donc le seul reproche que je ferais au livre : j'ai attendu pendant tout le roman de savoir comment cet être né au XVIIIe siècle franchirait les siècles jusqu'au nôtre… Et finalement, il n'y a que peu d'indices. Une suite, peut-être, pourrait combler ce manque ?
Merci à l'auteur pour ce beau moment!
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Merci aux éditions "Le Passage" et à Babelio grâce à qui j'ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique de septembre.

Comme vous le voyez déjà avec ma note, malheureusement, la rencontre avec ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, ni à Jaume au destin si particulier, ni à Virgile.

Pourtant l'idée de départ m'intéressait, elle m'avait fait penser à la série "Forever" qui était passée sur TF1, et qui avait été annulée à la fin de la première saison (grrr....). J'espérais y retrouver un petit quelque chose dans ce roman. Mais non.

L'écriture ne m'a pas convaincue, et le fait de faire des allusions à "celui qui tiens le stylo" m'a agacé. Les changements de point de vue : parfois c'est "celui qui tiens le stylo" qui raconte, parfois c'est Jaume, et puis on change à nouveau. Mais cela doit être propre à moi, j'ai remarqué avoir du mal quand il y avait des changements de narrateur intempestif !

Vers la fin, j'ai trouvé quelques phrases intéressantes. Mais voilà...au final, c'est toujours plus ou moins le même schéma qui se répète dans la vie de Jaume, et j'ai commencé à me lasser.
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critiques presse (1)
Lexpress
17 septembre 2018
Onirisme emboîté dans le fantastique, l'écrivain imagine des buveurs farfelus venant interrompre les tribulations extraordinaires de Jaume. Une collectionneuse de poubelles, un médecin en tutu, une sylphide aux ailes perdues. A l'aube, un ultime tour de passe-passe parachève l'enchantement.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
... Il apprit que c'était Louis-Philippe, le roi soi-disant citoyen, qui était aux affaires. Défenseur de la bourgeoisie commerçante nouvellement enrichie, fervent partisan de la révolution industrielle, il passait le plus clair de son temps à mater les révoltes, écrasant les canuts à Lyon, les ouvriers à Paris, tout en évitant les tentatives d'assassinats contre sa personne fomentés par les républicains, les bonapartistes et les légitimistes.
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Nous avons fait des mots de véritables dépotoirs qui ne signifient plus rien et tout à la fois. C'est fort dommage, oui. Mais les choses sont ainsi. Nous usons des mots sans savoir leur valeur. Nous les enfilons comme des perles, sans discernement,simplement pour faire du bruit qui en toute logique, ne signifie rien de clair. Fou, dément ou forcené cela veut tout dire et ne désigne finalement rien de bien précis.
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"Monsieur Virgile...Je vous prierai tout d'abord de bien vouloir ne pas gâcher mon plaisir et de ne pas vous joindre à la bande hurlante des bien-pensants.
Je fume parce que cela me plaît de fumer. Je sais très bien ce que je fais.
Au lieu de les sermonner, les gens qui ne fument pas ou qui ne boivent pas feraient bien mieux de profiter des fumeurs et des buveurs tant qu'ils sont encore de ce monde."
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Ne soyez pas triste Pour moi Monsieur Virgile. À moins d’être un imbécile, un saut entouré VureIl ne faut jamais vivre des promesses des autres.De celle que l’on fait soi-même, et encore
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Le gouverneur en second de la Guyane avait tout d’un poulet portant perruque et poudre sur le nez. Immensément grand, raide comme la justice, ses deux longues jambes lui conférant la grâce un peu ridicule du héron, il avait l’air inquiet des poules qui restent constamment sur leurs gardes, l’œil rond furetant dans tous les sens à la fois.
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Vidéo de Jean-Paul Delfino
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