Instinctivement, le jeune garçon se recula d’un pas pour laisser passer les trois individus vêtus d’une combinaison kaki. L’un d’eux, un homme d’une trentaine d’années, le visage étonnamment lisse, la peau d’un noir très sombre, s’arrêta un instant sur le porche pour jeter un coup d’œil à la ronde, soulevant sa casquette à longue visière afin de donner un peu d’air à son crâne chauve et luisant. Son regard se posa sur Martin qui se tenait dans l’ombre. Il s’apprêtait à lui poser une question quand on entendit un bruit de voix venant de l’intérieur. L’homme se détourna et pénétra dans le hall de l’hôtel.
Martin se remit à scruter les environs ainsi qu’il l’avait fait de nombreuses fois déjà depuis que son père était parti. Au-delà de l’espace dégagé devant l’Hôtel des Savanes s’étalait une zone beige et gris, écrasée par le soleil, faite d’une végétation rabougrie par la sécheresse, au milieu de laquelle couraient quelques sentiers que n’empruntaient que les gens du coin. Une seule route goudronnée la traversait, la voie rapide qui menait à l’aéroport situé à une quinzaine de kilomètres de là. C’était le chemin qu’avait suivi Martin à son arrivée en Afrique quelques jours plus tôt, en compagnie de son père et de sa sœur Guinéa.