Quant à Honoré Daumier, le dessin le passionna dès son jeune âge, un peu contre le gré de ses parents d'ailleurs, qui avaient grand'peine à vivre. Pendant un certain laps de temps, il alla au Louvre y admirer les chefs-d'oeuvre. Puis, placé d'abord comme petit clerc saute-ruisseau chez un huissier où il ne resta pas, il entra ensuite comme commis chez un libraire, parent du conventionnel Delaunay, sans y faire un plus long séjour. C'est alors qu'il étudia le dessin sous la direction d'Alexandre Lenoir, mais en élève fort indiscipliné : le jeune Daumier ne pouvait s'astreindre à copier et à recopier sans répit nez, yeux et oreilles! Il fallait pourtant choisir une carrière, c'est-à-dire se procurer un gagne pain ; il le trouva en apprenant d'un modeste lithographe, Charles Ramelet, le futur traducteur de plusieurs de ses aquarelles et de ses sépias,
Détenu à Sainte-Pélagie de septembre 1832 à fin janvier 1833, Daumier, à sa sortie de captivité, reprit de plus belle, et plus âprement encore que parle passé, sa collaboration à la Caricature et au Charivari. Charles Philipon, le créateur de de ces deux organes de combat, ne pouvait manquer de s'attacher Daumier : la valeur de l'artiste, que sa récente condamnation consacrait comme une des vedettes du milieu républicain, le désignait, plus que tout autre, pour être l'un des vaillants champions dans « la guerre de Philipon à Philippe. »
La collaboration du maître satiriste à la Caricature a été abondante : une centaine de planches et cinq des vingt-quatre lithographies de la « Mensuelle » où « vous verrez à quelle hauteur un artiste du génie de Daumier élève ce qu'il est convenu d'appeler, un peu dédaigneusement, les besognes du journalisme.