En 1883, Besnard quitta Londres et vint habiter cette petite rue Guillaume Tell si calme et si tranquille qu'on dirait un coin de province oublié aux confins de Paris. C'est là qu'en 1883 Paul Gallimard vint lui demander d'illustrer l'Affaire Clémenceau d'Alexandre Dumas. Cette interprétation à l'eau-forte de ses propres aquarelles allait le libérer complètement de l'influence d'Alphonse Legros. Il dut abandonner, en effet, la technique linéaire de ses débuts pour chercher dans la variété des morsures une évocation plus directe de la couleur.
Il quitta la Villa Médicis le 39 décembre 1878, en dépit d'une ancienne tradition qui voulait qu'on attendit, pour rentrer en France, l'apparition des
premières feuilles aux platanes du Pincio. On lui garda quelque rancune de cette hâte qui pourtant n'était pas sans excuses. Sa mère, qui l'avait suivi à Rome au début de sa pension, était alors sur le point de mourir à Lyon. Et, comme Ingres, jadis, sous la Porte del Popolo, il allait au-devant d'une fiancée, Mlle Charlotte Dubray, à qui il avait été présenté, en 1875, lors de son passage à Rome. Cette jeune fille, qui l'attendait depuis trois ans, était la fille du sculpteur Gabriel Vital Dubray et statuaire elle-même. Ses envois au Salon des Artistes Français avaient déjà consacré sa réputation et des commandes importantes l'appelaient à Londres. Le jeune ménage vint donc se fixer en Angleterre au printemps de 1879.