Ainsi, à la fin du premier chapitre consacré aux fées, Théodore Jobin écrivait-il: « Elles sont là pour réenchanter le monde. Pour nous rappeler que le merveilleux palpite tout autour de nous et que derrière le voile du réel grouillent des royaumes insoupçonnés. Les fées nous rappellent que des lutins vivent dans les collines creuses, que des ondines somnolent sous les nénuphars, que les arbres se déplacent la nuit et que certains grands oiseaux peuvent se métamorphoser en sorciers. Et s'il vous arrive, un soir d'été, de tomber sous le charme d'un essaim de lucioles illuminant la nuit, ne faites point de bruit et ouvrez grand les yeux, car ce sont peut-être des elfes dansant sous un filet de lune.
Jacob se sentait paralysé. Il avait peur de bouger. À cet instant même, il aurait souhaité tout effacer, faire marche arrière, retourner à son grenier. Mais c'était impossible. Il devait réagir, sortir de cette torpeur. Son premier réflexe fut d'appeler à l'aide. Pourtant, il se retint. Il sentait que s'il cédait à cette impulsion, s'il se mettait à crier et que nulle âme ne lui répondait, il risquait de s'affoler encore davantage. Alors il perdrait ses forces et sa lucidité. Non. Il devait se calmer, fouiller en lui-même pour trouver un peu de confiance et de courage.