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Critique de Kirzy


« Les rêveries ne vont pas à la ligne, d'une pensée dépend une autre pensée, une action laisse place à la prochaine (…) je vais à vous venez à moi, les pronoms se confondent, le conditionnel et le futur, seul compte et vit ce que mon imagination crée. (… ) Au fil de mes rêveries je règne en créateur, en juge et maître, je suis l'initiateur et le disciple d'un enchaînement d'épisodes dont vous êtes le personnage récurrent vers qui tout se dirige, mon regard, le vent dans les canyons, les ergs mouvants des déserts, l'assoupissement du soleil, les nappes de brouillard s'extirpant de la lagune, l'écho qui se débat dans la vallée ».

Le narrateur se laisse aller à la rêverie. Il s'adresse à une femme qu'il attend mais qui ne vient pas, peut-être la femme de sa vie, tour à tour appelée Lise comme le subjectif présent du verbe « lire », Sibylle comme la prophétesse, Elpis comme la personnification grecque de l'espoir. Une seule et même phrase sur cent pages, sans point, sans majuscule pour dire l'absence de cette femme fantasmée, insaisissable et inaccessible.

L'idée est forte mais j'ai été très rapidement submergée par un torrent de mots échevelés sans jamais vraiment parvenir à toucher la vérité du texte. J'ai souvent eu envie de dévier, de sauter des lignes même si certains passages ont su m'atteindre notamment dans leur capacité à évoquer la sensualité d'une rencontre et son caractère charnel.

Loïc Demey propose une prose objectivement très belle faite de variations stylistiques virtuoses pour raconter cette errance amoureuse. Il y a également énormément de références érudites, presque un jeu de rappels et d'échos … Verlaine et son rêve familier, Baudelaire et sa passante, Gaston Miron et sa marche à l'amour, Homère, Gaston Bachelard. Et comme fil conducteur, un poète italien ( que je connaissais pas ) Otto Sfortunato. Presque trop de références, plus toutes celles que je n'ai pas perçues ... ludique mais cela m'a encore plus détourné du propos, je crois.

La poésie est sans doute la forme littéraire la plus exigeante car elle fait encore plus appel à notre sensibilité intérieure pour entrer en résonance avec la proposition de l'auteur. Malgré ses qualités formelles, clairement, cette carte du Tendre ne s'est pas imprimée en moi, je le regrette.

Lu dans le cadre des 68 Premières fois 2022 #5
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