L’actuel confinement dû à la nouvelle épidémie, joint à un télétravail partout où il est possible (et qui tend à se généraliser par ailleurs) n’est finalement que l’ultime aboutissement, emblématique, du destin d’homo sapiens à partir du moment où il a décidé de devenir sédentaire. Fallait-il, dans ce cas inventer l’agriculture ? Il n’y a pas, banalement, de fatalité des techniques, mais seulement de ce que les sociétés en font. C’est ce que montreront, ou non, les mois à venir
La suite est connue. Les humains ne cesseront de croître en nombre, avec trois conséquences toujours en œuvre, dont l’archéologie observe les débuts : une course indéfinie au progrès technique (de la charrue aux pesticides) pour nourrir de plus en plus de bouches sur une planète finie ; des tensions entre communautés humaines désormais confinées sur des territoires limités, engendrant une perpétuelle course aux armements (des épées de bronze aux missiles de croisière) ; des inégalités sociales croissantes (des tombeaux mégalithiques du néolithique jusqu’aux vingt oligarques actuels qui possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité).
C’est seulement dans des écosystèmes qui leur offraient une alimentation permanente, en général issue de milieux aquatiques (poissons, coquillages, mammifères marins) que certaines sociétés ont pu se sédentariser – la loi du moindre effort poussant aussi à adopter ce mode de vie partiellement confiné.
Rester à l’intérieur de ses frontières (finis en latin, d’où le confinement), c’est le lot de la plupart des espèces vivantes, qui parcourent un territoire soigneusement délimité, et dont elles ne sortent normalement pas
l’histoire de l’humanité pourrait être, malgré les apparences de la mondialisation, celle de son confinement progressif, depuis le nomadisme des débuts paléolithiques jusqu’aux concentrations urbaines actuelles.