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Citations sur Rage de vivre : Oeuvres poétiques complètes (117)

LA RIVIÈRE
Voilà, c'est fait, je suis devenu une rivière.
Ce sera une grande aventure jusqu'à la mer.
Quel nom me donnera-t-on sur les cartes ?
D'où vient ce cours d'eau inconnu ?
Quel ciel reflète-t-il dans ses flots ?
Quelle paix, quelle faim, quelle douleur ?

Pardonnez-moi messieurs les géographes
Je ne l'ai pas fait exprès
J'aimais voir couler l'eau
Sur toutes les soifs
Il y a tant d'assoiffés dans le monde
Pour eux me voici changé en rivière !

Je n'aimais pas voir couler les larmes
Étant rivière je pourrai qui sait
Couler à leur place.
Je n'aimais pas voir verser le sang
Étant rivière je pourrai
Être versé partout à sa place.
Mon destin est peut-être d'emporter
À la mer toutes les peines !
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La poésie, c'est
le pouvoir de vivre
et de voler jusqu'à la Grande Ourse
dans l'éclat d'un brin d'herbe.

3. Corps simples de la poésie - En état de poésie, 1980
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Cri de l'été brûlant

Tu es la vie, la lumière,
Tu es l'eau, le vent, la tempête,
Tu es le feu dévorant, fer rouge
Dans la blessure, chant d'oiseau,
Tu es feuillage, fruit, serpent,
Pluie sauvage sur la soif de l'homme
Tu es le cri de l'été brûlant
Et doux silence de la neige,
Tu sais brûler, tu sais guérir,
Donner un ciel à l'exilé,
Le changer en pierre, en braise,
En plaie, en ortie, en musique,
En sanglot, en épée glorieuse
Sous ton grand soleil corporel.
Plus que le printemps tu es femme
Plus que la beauté tu es femme
Plus que l'amour, la vie la mort.
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On est poète
quand on a des pieds
à donner sans repos
aux bonnes nouvelles
de la tendresse.


4. Corps simples de la poésie - En état de poésie, 1980
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NON-ASSISTANCE À POÈTES EN DANGER

La tendresse des poètes voyage
en baleine bleue autour du monde :
aidez-nous à sauver cette espèce
en voie de disparition.
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LA PIROGUE DE LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR
                                    À Aimé Césaire


Son vieil âge d’homme a des profondeurs marines,
sans une île au trésor dans sa géographie :
l’aventure reste toutefois sa traversée
sans escale du sel racial des tempêtes.
Malgré tout le malheur nègre des fonds de cale,
il a su pénétrer le mystère du monde blanc
qui fait encor pleurer de rage nos fictions.
La poésie met au bien les muscles puissants
de la pirogue où Senghor et Césaire réveillent
dans nos souvenirs la chaux vive de la mer.

p.458
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LETTRE AU POÈTE LÉON DAMAS


3
Je cours le cœur fou après tes mots
de tous les jours, tes mots simples
que la vie du siècle a brûlés ; j'écris
à ton jazz toujours au futur, je chante
l'aigle du grand poète qui plane
en homo spiritual au matin de sa foi,
j'écris à l'homme qui a vaincu
les tisons de fer rouge, le fouet,
le piment, le crachat, l'insulte totale
du temps de la plantation !

4
Je t'écris debout au grand soleil de ta mort,
bel été ouvert dans l'ironie des nègres,
main brûlante de l'Afrique bien serrée
sur la peau des mots du français-français.
Les routes du bout de ma vie en riant
font le tour de ton orchestre noir :
me voici réveillé à ton lyrisme brutal,
réveillé dans les pieds nus que tu mettais
toujours dans le plat qu'il fallait !

p.438-439
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LE BATEAU D'ERNEST HEMINGWAY
À Grecia


Son œuvre est un grand bateau
Qui emporte dans ses cales
Des taureaux et des lions
Des bois de cerf et des bouteilles de vin
Des fusils de chasse et des livres anciens
Et sur le pont supérieur
Une infirmière anglaise
Plus belle que la beauté
Parle sans fin à la mer d'un certain Henri
Qu'elle avait jadis aimé
Quelque part au nord de toutes les nostalgies.

p.297-298
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Pour une once de bonté, un gramme de tendresse
Que de tonnes d'infamies il me faut remuer,
A tel point que mes mains si riches d'allégresse
Ont l'air dans le matin de deux ailes brisées.

(extrait de Le chercheur d'or)
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MINERAI NOIR 1956


Quand la sueur de l'Indien se trouva brusquement tarie par le soleil…
On se tourna vers le fleuve musculaire de l'Afrique…

Ô couches métalliques de mon peuple
Minerai inépuisable de rosée humaine
Combien de pirates ont exploré de leurs armes
Les profondeurs obscures de ta chair
Combien de flibustiers se sont frayé leur chemin
À travers la riche végétation des clartés de ton corps
Jonchant tes années de tiges mortes
Et de flaques de larmes
Peuple dévalisé peuple de fond en comble retourné
Comme une terre en labours
Peuple défriché pour l'enrichissement
Des grandes foires du monde
Mûris ton grisou dans le secret de ta nuit corporelle
Nul n'osera plus couler des canons et des pièces d'or
Dans le noir métal de ta colère en crues.

p.106
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