J'ai eu très, très peur en écrivant cette chronique. Après cette lecture, qui m'a beaucoup marqué, je n'avais pas vraiment envie de porter quelconque jugement sur ce témoignage, tellement il est poignant et fort. Alors si cette chronique change des autres, qu'elle peut paraître un peu brouillon, je m'en excuse...
L'ouvrage est séparé en neuf parties, retraçant les différentes étapes de la vie de Sonali, pendant et après le drame qui a changé sa vie. Il y a tout d'abord la vague, cette eau sombre qui lui a emporté les siens. Cette partie m'a tout particulièrement émue. Son désespoir était vif, il transperçait presque les pages, mais il était à la fois presque impalpable, car on ne peut pas imaginer l'inimaginable. Jamais, au grand jamais je ne pourrais réussir à me faire une image de ce qu'elle a pu ressentir, quand on lui a annoncé que tout était perdu, qu'ils étaient tous partis, qu'elle était seule maintenant.
C'est un des livres qui a réussi à m'émouvoir au point de me faire pleurer. Pas seulement à cause de l'histoire du tsunami (même si ça en fait partie intégrante) mais aussi pour la force avec laquelle l'auteure évoque ses souvenirs passés avec ses enfants, son mari, ses parents. Au fil des pages, elle nous raconte ses souvenirs d'enfance, ses premiers moments avec Steve, son mari. Elle nous raconte également des anecdotes de son quotidien qui dans un autre livre n'aurait pas forcément d'utilité, mais dans celui-ci, cela apportait un certain réalisme à l'histoire. Elle évoque les scènes les plus banales de son quotidien passé avec force et poésie. Ces souvenirs sont évoqués de la sorte qu'ils réussissent à rendre réelle toute sa famille, comme s'ils étaient encore là, ramenés à la vie.
Plus les chapitres avancent, plus on voit son état d'esprit changer. Elle passe par différentes phases, de l'incrédulité au choc, du bonheur au désespoir. Parfois, la moindre évocation de quelque chose, un bruit, un objet, lui rappelle ses enfants et la ramène à la case départ. Elle se sent coupable de les avoirs perdus, et d'être encore là, en vie. Elle essaye de réapprendre malgré tout à vivre normalement, sans pour autant oublier tout ce qu'il a pu se passer. J'ai trouvé cette femme admirable, forte malgré ses faiblesses. Et lorsqu'elle retombait, j'avais presque l'impression de retomber aussi.
L'écriture de
Sonali Deraniyagala est belle, poétique. Elle nous apporte ici un message : celui que la vie ne tient qu'à un fil. C'est un récit poignant, un des plus émouvants et porteur de sens que j'ai pu lire jusqu'ici.
Aujourd'hui, l'auteure travaille sur des plans de reconstruction après une catastrophe, ce qui prouve que son combat n'a jamais vraiment pris fin.