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sur 77 notes
D'emblée, les occupations de cette enfant solitaire m'ont intriguée. Son imaginaire, ses relations avec la nature, avec ses trois chiens, avec ses grands-parents sont au coeur du roman, sans fard, très simplement. Elle semble très mûre pour ses onze ans.
Elle évoque l'étang qui tient une grande place dans sa vie, le jardin qui est vraiment immense, le potager, le verger ; ses descriptions nous font penser à un parc entourant une maison de maître avec douves. Elle s'invente des jeux originaux, des défis, alterne souvenirs souvent liés à son grand-père qui lui a transmis son goût du jardin, de la pêche, et rêves d'ailleurs, l'Alaska, la mer des Sargasses, les Adirondacks.
Elle pense aussi à sa mère qui l'a laissée chez ses grands-parents depuis ses trois ans.
Son grand-père va mourir. Son chien préféré aussi. Elle se prépare à ces évènements inéluctables, à ces pages qui se tournent avec une sérénité un peu déconcertante.
C'est un roman agréable à lire, écriture sobre et chapitres courts, un morceau d'enfance.
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Peut-être que l'enfance est une île après tout, une sorte de bastion cerné par des douves dans lesquelles coule une eau, noire peut-être, mais douce et accueillante, dépourvue de danger, nourricière s'il le faut et pédagogique à ses heures. Une eau où l'on apprend à se tenir debout, parce qu'elle vous porte malgré la vase qui pourrait faire glisser, parce que, aussi, à vos côtés, sur l'eau, dans l'eau ou depuis la berge, se dressent des figures dont le rôle semble, de toute éternité, de s'y dresser : un grand-père au caractère rugueux comme la paume de ses mains, une grand-mère à la vigilance muette mais attentionnée, des chiens aux mauvaises habitudes immuables et rassurantes.
Dans son très réussi premier roman, Debout dans l'eau, Zoé Derleyn, jeune auteure belge à la plume extrêmement prometteuse, nous convie à une éclosion, à ce moment charnière et décisif où sa jeune narratrice de 11 ans (et demi !) quitte les certitudes l'enfance pour sentir sous ses pieds le sol instable de l'adolescence. C'est l'été où tout bascule, l'été où le doute s'immisce, l'été où meurt son grand-père. C'est l'été, pourtant, où elle semble prendre conscience pleinement de qui elle est, de la lignée dans laquelle elle s'inscrit de par ses goûts, ses préférences et ses affinités, par sa mémoire et ses attachements, bien au-delà de « ses cheveux d'ailleurs et ses joues d'ici ».
J'ai beaucoup aimé me couler auprès de cette petite fille plus si petite que ça, entre les pattes de ces chiens au sourire dévoreur, à la placidité enjouée, m'asseoir à ses côtés, sur la couverture à franges de son grand-père, pour picorer des groseilles à maquereau qui me rappelaient le mien, ou sur un banc d'église, à l'ombre de la foi vacillante mais viscérale de sa grand-mère, rassurante comme un phare dans la nuit. J'ai aimé sentir, entre les lignes sans lourdeur de cette écriture tout en retenue et en sensualité, jaillir la lumière d'un été, les parfums pleins de fraîcheur de l'eau stagnante et sombre, le son des insectes alourdis de soleil, le goût acidulé des fruits partagés entre deux silences. J'ai aimé découvrir, grâce à la curiosité d'une poignée d'aventurier(e)s des mots nommé(e) s « les 68 Premières Fois », ce talent tout neuf qui, pas si loin de nous, offre à la langue française un si bel écrin.
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Une petite fille de 11 ans vit avec ses grands parents dans un maison au bord d'un étang. Cet étang est son domaine. Elle adore s'y rendre pour nager, barboter, être en osmose avec l'univers aquatique. Ses grands parents sont plutôt du genre taiseux mais elle est plus proche de sa grand mère qu'elle aide en cuisine que de son grand père qui ne quitte plus sa chambre car il est alité au seuil de la mort. Elle se rend à son chevet chaque jour, et alors qu'il observe son jardin, elle lui conte ses journées et ce qui se passe dans ce jardin. C'est avec ces échanges, ou plutôt ces monologues, qu'elle prend conscience du lien qui la lie à son grand père qui jusqu'alors l'intimidait beaucoup.

Ce roman tourne autour de la vie de cette petite fille et des relations qu'elle entretient avec ses grands parents. Tout tourne autour de ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent. Si l'écriture est très douce, elle est aussi d'un réel ennui. Je n'ai pas réussi à trouver le chemin que l'auteure a tracé, je me suis donc perdue.

Le seul point positif est le rapport que la petite fille entretient avec la nature qui a trouvé un écho en moi. On finit par éprouver une certaine tendresse à cette enfant solitaire qui arrive à mêler son propre univers à celui dans lequel elle évolue.

J'ai lu ce livre dans le cadre des 68 premières fois.
Lien : https://quandsylit.over-blog..
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Debout dans l'eau de Zoé Derlyn
Éditions du Rouergue

C'est un livre sur l'enfance et sur les souvenirs enfouis.

C'est un été qui s'étire, un peu plus que ceux d'avant, peut-être parce que cet été là, grand-père est malade, mourant même, alité à l'étage, il a toujours froid sous sa vilaine couverture de laine. Il y a le chien Baron qui le tire encore un peu du côté des vivants et puis le gout des groseilles que sa vielle main portent à sa bouche.
La narratrice a onze ans et mène une enfance solitaire dans la campagne flamande, il y a la vieille maison, le jardin plein de fleurs dont elle s'occupe, il y a l'étang qui la fascine, il peut devenir sombre, épais et effrayant la nuit pourtant le jour, il scintille, il est une attraction, un jour elle a vu une baleine dans ses eaux !
Il y a aussi grand-mère, avec son petit livre en cuir rouge, son secret du dimanche, une grand-mère à l'amour enveloppant depuis que sa mère l'a abandonnée là, une grand-mère qui la laisse libre de filer dans cette campagne qu'elle aime tant et qu'elle bat en compagnie des chiens de la maison : Roc, Tempête et Baron qui est son préféré, comme grand-père.
Cet été là, il y aura Dirk pour aider au jardin, il n'y aura plus que l'ombre autoritaire de grand-père pour planer au-dessus des lieux, il y aura un pas en avant vers le monde des adultes.
Un premier roman enchanteur, empreint de nature writing qui dégage quelque chose de l'enfant sauvage. C'est aussi l'évocation de l'enfance où la pensée magique n'est jamais très loin pour adoucir la réalité.
Quand j'ai fermé ce livre, je me suis dit : ça sert à ça la lecture, à éprouver des sensations inconnues mais aussi à réveiller celles que l'on croyait perdues !
Un roman tout public, à lire sans modération, à l'ombre du chêne, en sirotant un thé froid accompagné de madeleines.


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C'est l'été, dans la campagne flamande. A 11 ans, la narratrice de l'histoire vit chez ses grands-parents sans avoir revu sa mère depuis des années. le grand-père s'éteint tout doucement à l'étage, tandis qu'en bas, la grand-mère s'affaire dans la cuisine. La fillette vaque à ses occupations de vacances, tient compagnie à l'un, fait la cuisine avec l'autre, observe, raconte ses souvenirs et son quotidien. Les visites de l'infirmière, les travaux agricoles menés par un jeune homme, l'autorité du grand-père, les frasques des trois chiens, l'agonie des poissons à cause de la sécheresse, et un jour, une baleine surgie dans l'étang. le monde à hauteur des yeux d'une enfant, qui découvre aussi les premières affres d'un désir tout neuf et inconnu. Cet été-là, on joue encore les pieds dans la vase à se raconter des histoires, mais les yeux commencent à regarder plus loin que les rives de l'étang. Zoé Derleyn décrit joliment et très justement ce moment charnière où l'on s'apprête à quitter le monde de l'enfance pour basculer dans l'adolescence, où l'on goûte la saveur acidulée des groseilles à maquereau, où l'on part chercher le chien enfui, où l'on déteste le garçon qui travaille torse nu au soleil tout en attendant impatiemment qu'il revienne.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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❝L'enfance est une chose étrange, à la fois adorable et exténuante, un trésor et un chaos.❞
Christian Bobin, Geai

❝L'étang la nuit n'est pas le même. Il est plus large et plus profond ; il n'a pas de fin. […] L'eau m'a d'abord paru plus chaude qu'en journée, presque tiède sur mes pieds, et puis je me suis enfoncée et le froid m'a attrapé la taille, un frisson est remonté comme un étau le long de mon dos, de ma nuque […] Après quelques brasses, je l'avais reconnu. Plus froid, plus profond, mais le même malgré tout. […] Je reconnaissais l'étang et je n'étais plus pressée, j'étais chez moi.❞

Debout dans l'eau, premier roman de Zoé Derleyn, nous transporte le temps d'une saison dans le Brabant flamand, région de ciels qui se déploient, ❝immensité opaque❞, au-dessus de prairies vallonnées qui succèdent aux bois, où les vergers et les vignobles s'étendent à perte de vue, dont la paix n'est chahutée que par les seuls trilles des oiseaux.

❝Même sous la pluie, la lumière ne quitte jamais les champs. Ni les chemins. Une lumière qui vient de l'herbe, des feuilles, de l'intérieur des plantes et des arbres. Mais l'étang lui absorbe la lumière.❞

Ils sont trois à vivre sous le toit d'une grande bâtisse posée dans un vaste paysage de pâtures et bordée d'un étang qui ❝s'enroule autour de la maison dans une étreinte tiède❞. Ce lieu à l'écart semble à l'abri des grands bouleversements et pourtant…

L'histoire nous est racontée par une fillette dont on ne connaîtra pas le prénom, et qui va sur ses douze ans, âge délicat entre enfance et adolescence. Abandonnée toute jeune par sa mère à la garde de ses grands-parents, elle grandit, solitaire, dans cet endroit préservé où elle a fini par se sentir chez elle

❝Je me souviens seulement qu'il m'arrivait d'avoir peur. Peur qu'elle [la mère] ne change d'avis, qu'elle ne revienne et me force à repartir avec elle, qu'elle m'arrache à l'étang, à l'herbe et à la ferme, au vent. Je ne bougeais pas, je ne respirais plus, je restais exactement là où j'étais en imaginant que j'étais une statue, un objet, quelque chose que personne ne songerait à déplacer.❞

C'est l'été qui s'étire mollement au pays de l'enfance. Les visites sont rares, mises à part celles d'Inge et Lieve, les infirmières, et de Magda, la femme de ménage ; celle de Frank et Bert venus pécher l'anguille.
À l'étage, dans une chambre aux larges fenêtres ouvertes sur le dehors qu'il aime tant, le grand-père vit son dernier été et ne quitte plus le lit, il s'efface, chaque jour plus maigre, plus ❝translucide❞.

❝Je sais bien qu'il va mourir. Bientôt. Je sais bien que sans l'oxygène de la machine, il serait déjà mort. Mais j'ai du mal à croire que cela va réellement se produire. J'ai l'impression que je pourrais rester assise là, sur son lit, éternellement. Il ne va pas mourir maintenant. Ni maintenant ni maintenant.❞

En bas, la grand-mère fait de la confiture de groseilles à maquereau dont l'enfant et le grand-père raffolent. Si les relations ont toujours été distantes avec cet homme froid et autoritaire,

❝Je ne sais pas si mon grand-père m'aime. Je ne crois pas. Moi non plus.
[…]
Je ne suis pas certaine de savoir à quoi ça sert, un grand-père.❞

elles sont à peine plus chaleureuses avec la grand-mère, taiseuse, ❝Elle ne me pose pas de questions et je ne raconte presque rien❞, qui la laisse libre d'explorer les alentours. Son imagination fertile compense la morosité du monde des adultes. La nature, habitée, est le terrain d'une aventure intime où l'étang, matrice primitive et un peu magique, est la thébaïde de cette enfant du dehors qui n'en a jamais fini de sonder les secrets de la vase.

Debout dans l'eau jusqu'à la taille, je suis capable de rester immobile dans l'étang très longtemps. Mes pieds disparaissent peu à peu dans la vase. À travers le reflet de mon maillot rouge, j'aperçois mes jambes, tronquées aux chevilles. Je laisse les poissons s'approcher de moi jusqu'à ce qu'ils m'embrassent les mollets, les genoux, les cuisses. Je ne bouge pas, j'oscille légèrement, je respire au rythme de l'eau, je fais partie de l'étang. J'entends ma grand-mère qui m'appelle mais je ne réponds pas, ça gâcherait tout.❞

Avec des phrases courtes, comme retenues au bord de la mélancolie — du chagrin, peut-être ? — Zoé Derleyn nous invite à pénétrer l'imaginaire d'une jeune enfant qui s'invente un monde, franchit les océans, jette des ponts vers les lointains, qui ressent plus qu'elle ne comprend le lien qui l'unit à son grand-père au moment-même où la mort prochaine commence à l'effilocher,

❝Nous aimons les mêmes choses. L'étang, les groseilles à maquereau, la lumière et le jardin. Tout ce qui lui manquera tant. [...] Je ne l'avais pas remarqué avant. Depuis qu'il est malade, ça se voit plus. Qu'on aime les mêmes choses. Mais je ne sais pas quoi faire de ça.❞

Une presque adolescente qui s'éveille à un sentiment qu'elle comprend mal pour Dirk, l'aide-jardinier, ❝ô mon prince adoré❞.

C'est l'été de la perte, celle prochaine du grand-père, celle de l'enfance qui s'en va, emportant avec elle une part d'innocence, alors que la vie se révèle dans sa fragilité et son impermanence, et que seule s'offre la protection réconfortante de la nature quelles que soient les colères qui secouent ce monde familier.

❝Ma grand-mère me demande de fermer la porte. le vent est tiède, il sent la pluie. Je n'ai pas envie de fermer la porte. Je reste sur le seuil et regarde les tourbillons de poussière soulevés par le vent. le craquement est si fort que je sursaute malgré moi ; l'éclair libère la pluie, elle s'écrase sur les dalles de la terrasse, une eau lourde, puissante. L'odeur de la terre se mélange aux effluves sucrés des framboises. J'ai envie de nager. Je sors sur la terrasse, ma grand-mère m'appelle. La confiture commence à prendre, elle ne peut pas quitter sa casserole, il est facile de feindre de ne pas l'entendre. Je danse. J'ai la tête en arrière, la bouche ouverte. J'ai un peu peur mais je me convaincs que non.❞

C'est l'été des jours qui languissent, des heures qui n'attendent rien et au cours desquelles ❝[elle] ne parvien[t] pas à sortir de l'ennui❞ autrement qu'en laissant vagabonder son imagination : n'a-t-elle pas vu une baleine fendre la surface de l'étang ? Des jours suspendus et solitaires, interminables avec leur temps propre comme le sont parfois les journées d'enfance qu'elle occupe avec les trois chiens de la famille, Baron, Tempête et Roc qui lui ressemble étrangement même si Baron reste son préféré.

❝Nous sommes ici pour les mêmes raisons, notre propriétaire précédent ne voulait plus de nous. Et aucun de nous n'a de pedigree, lui n'est ni un labrador noir comme Baron ni de la race dont j'ai oublié le nom comme Tempête, qui est gigantesque et de couleur fauve et qui ressemble à un lion qui aurait une tête noire, et moi, je suis à peine la fille de ma mère.❞

Des jours qu'elle aime passer seule, malgré l'ennui, malgré le désoeuvrement, malgré le piano dont elle n'est plus autorisée à jouer, malgré les livres qui restent enfermés dans la bibliothèque, fuyant les cousins que la grand-mère a cru bon d'inviter pour rompre sa solitude.

❝Je suis contente que mes cousins ne soient pas là. Ma grand-mère a parfois peur que je m'ennuie, toute seule pendant les vacances scolaires. Alors, elle invite des cousins éloignés et d'autres cousins pas si éloignés que ça. Je préfère m'ennuyer seule plutôt que jouer avec eux. Quand ils sont là, j'organise des parties de cache-cache pour leur échapper.❞

Des jours silencieux, faits de petits riens qui sont tout, racontés par une écriture pure dont la lenteur presque élégiaque marque le temps qui passe, sans fracas mais irrémédiable, de ce qui imperceptiblement, sans qu'elle en ait conscience, forme la jeune fille en devenir, pour l'instant prise encore dans cet entre-deux de joie simple et de douleur sourde, entourée d'un amour sincère bien que peu loquace et démonstratif.

L'écriture mesurée de Zoé Derleyn, en plus de rendre subtilement perceptible toutes les sensations de l'enfant en présence de la généreuse nature environnante — le verger et le poirier qu'il a fallu débiter, le potager fécond et son vieux saule, les peupliers qui se balancent au vent et entonnent La Brabançonne, et l'étang, bien sûr, avec ❝ses berges abruptes. Les saules têtards s'y accrochent, tellement penché vers l'eau qu'ils ont l'air sur le point de basculer tête la première dans leur propre reflet❞ — parle des minutes qui contiennent des heures, des liens que l'on tresse et détresse comme elle le fait des franges de la couverture, de la mort qui rôde, d'images qui sourdent des tréfonds de l'inconscient

❝Il [le grand-père] commence à ressembler à un lapin malade et ça me fait penser à la carabine.❞

de la vie qui avance et nous pousse malgré tout, de l'enfance avec ❝son odeur de lait chaud et de vanille❞ que l'on croit perdue à tout jamais, des mondes inventés qui restent toujours là à occuper un coin de notre mémoire.

Debout dans l'eau est un très beau premier roman, porté par la fraîche candeur du « je » de cette fillette. Une parcelle d'enfance, à la fois universelle et particulière, que chacun de nous lira, augmentée de ses souvenirs.

Lu pour la sélection 2022 des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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Lu dans le cadres des 68 premières fois.
Une petite fille abandonnée par sa mère chez ses grands parents. Les jours qui coulent et le grand père a aider au jardin où il lui apprend ses trucs.
Mais le grand père meurt doucement dans sa chambre et la voila un peu plus libre de son temps au milieu du jardin , de l'étang et des chiens.
Je suis passée un peu à coté, c'est dommage.
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Quel drôle de titre ! Debout dans l'eau, moi je préfère y nager, éventuellement faire la planche et plus régulièrement y marcher. Mais debout dans l'eau ? Allez je me jette à l'eau, sans lire la 4ème de couverture ! Finalement je découvre qu'il s'agit d'une enfant de onze ans – sans prénom – mais « enfant » naturel » élevé par ses grands-parents maternels. Une grand-mère « Bonne maman » fine cuisinière, peu expressive au niveau de ses sentiments, fréquentant l'église régulièrement. Un grand-père auprès duquel elle doit passer une heure tous les soirs, impossible de déroger à ce rendez-vous, un grand père jadis autoritaire mais qui « depuis qu'il est malade, ça se voit plus qu'on aime les mêmes choses. Mais je ne sais pas quoi faire avec ça », proche de la mort se montre peu bavard, froid « j'avais moins peur de la noyade que de mon grand-père ». Sa mère l'a déposée chez ses parents lorsqu'elle avait trois ans, sans explication. Elle est totalement absente du livre, personne n'y fait allusion encore moins l'enfant qui ne cherche visiblement pas à connaître ses origines « à peine la fille de ma mère ». Elle grandit à la campagne, joui d'une grande liberté de mouvements, personne ne s'inquiète de ses absences. Captivée, la narratrice est attirée par l'étang très proche de la maison. Un étang qui renferme de nombreuses surprises : une baleine, une anguille … L'eau est omniprésente dans tout le livre : l'enfant y passe des heures à s'y baigner, à rêvasser ou à ramer avec sa barque. Sinon elle recherche une grande partie de son temps libre ses chiens, Baron, Tempête et Roc « Nous sommes ici pour les mêmes raisons, notre propriétaire précédent ne voulait plus de nous », triste constat pour une enfant de onze ans … Se réfugiant dans la solitude, elle fuit les contacts aussi bien avec ses cousins qu'avec les infirmières qui rendent quotidiennement visite à son grand-père. le seul dont elle apprécie la présence, c'est Dick dont elle est secrètement amoureuse, un jeune homme qui donne un coup de main pour le jardin et de temps en temps elle joue avec Bert et Frank qui habitent la ferme voisine. Elle a son monde bien à elle, une imagination débordante, elle s'invente des jeux, des aventures.
Bien qu'ayant passé beaucoup de vacances chez des grands-parents avec des profils assez proches de ceux de la narratrice, j'ai trouvé que ce livre manquait de chaleur humaine, que l'écriture était tout en retenue. Une nature très présente. Une enfant très mûre malgré ses onze ans, attachante malgré tout.
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"Debout dans l'eau", les pieds dans la vase et la tête dans les nuages, la jeune narratrice avance entre enfance et adolescence. Son univers est fait de sensations , elle expérimente la douleur, le chaud-le froid, l'ombre-la lumière et découvre la nature qui l'entoure - l'étang, le jardin - en compagnie de 3 chiens, dont Baron, le plus vieux auquel elle est très attachée.
Elle habite maintenant chez ses grands-parents, sa mère n'étant jamais revenue la chercher : une grand-mère solide, silencieuse et aimante, et un grand-père alité, mourant, auprès duquel elle s'assoit tous les soirs. Elle comprend alors ce qui les rapproche.
De courts chapitres, dans un style sobre, poétique souvent abordent des thèmes essentiels : la transmission entre générations, la protection de la nature, la religion, la mort.
Un premier roman que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.
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La gamine a tout juste onze ans, et depuis l'âge de trois ans elle vit chez ses grands parents dans le Brabant flamand. Depuis que sa mère l'a posée là, comme une valise encombrante que l'on oublie vite.

Dans la ferme au bord de l'étang elle aime passer des heures les pieds dans l'eau, à nager, découvrir, tenter toutes les bêtises, toutes les expériences. c'est une enfant solitaire qui découvre la nature, le jardin, les animaux, les chiens, la vie auprès de la grand-mère si avare de mots, et du grand-père parfois dur avec la petite.

Mais les journées s'écoulent beaucoup plus lentement depuis que le grand-père est revenu de l'hôpital. Là haut dans son lit, il attend la mort. Regarde parfois par la fenêtre l'étang, les chiens, le verger, la vie.

Et elle de son côté continue ses découvertes, regrette tout ce que le grand père n'a pas encore eu le temps de lui apprendre, se remémore les souvenirs heureux, les peurs, la baleine, la pêche, les chiens, remonte le fil d'une courte vie déjà bien remplie au bord de l'étang. Une enfance solitaire, au plus près de la nature quelle explore sans relâche et sans contraintes et qui l'aide à grandir, faisant l'expérience de la mort, de l'abandon, de la peur. Dans ce monde où elle se crée des monstres et des rêves, des angoisses et des peurs, elle apprend la vie dans ce jardin empli de groseilles, cet étang empli de baleines et d'anguilles.

L'écriture est sobre, délicate, il s'en dégage beaucoup de douceur et d'empathie pour cette enfant qui grandit, cette adolescente qui se dessine. Il y a une vraie tendresse à la fois triste et poétique dans ce premier roman à la fois court et puissant, qui nous prend et nous tient jusqu'au bout, jusqu'à cette mort qui pourrait aussi être une seconde naissance.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/03/20/debout-dans-leau-zoe-derleyn/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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