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3,54

sur 77 notes
Joli premier roman qui nous tient en haleine malgré un sujet pas très palpitant.
Une petite fille de onze ans vivant avec ses grands parents , qui se raconte, alors que son grand père , anciennement autoritaire, vit ses derniers jours.
Au fil des lignes, on s'y attache ainsi qu'à son univers et son étang mystérieux.
Ecriture fine et sure , teintée d'humour et de poésie.
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– Moi, je suis à peine la fille de ma mère…

J'ai onze ans, et je vis chez mes grands-parents, dans le Brabant flamand.

Debout, de l'eau jusqu'à la taille, je suis capable de rester immobile dans l'eau très longtemps. Mes pieds disparaissent peu à peu dans la vase. À travers le reflet de mon maillot rouge, j'aperçois mes jambes, tronquées aux chevilles. Je laisse les poissons s'approcher de moi jusqu'à ce qu'ils m'embrassent les mollets, les genoux, les cuisses. Je ne bouge pas, j'oscille légèrement, je respire au rythme de l'eau, je fais partie de l'étang.

J'entends ma grand-mère qui m'appelle mais je ne réponds pas, ça gâcherait tout.

C'est l'été. L'étang s'enroule autour de la maison dans une étreinte tiède. L'odeur de la vase est moite de vie.

Je revois le geste de grand-père. Il y a quelques années, je lui avais demandé où s'arrêtait notre jardin. Il avait ri, à cause du mot jardin. Il avait dit : « On voit que tu es née en ville. Quand j'étais plus petite, en visite chez les uns ou les autres de mes cousins, en ville, je demandais si l'eau du robinet était potable. Mes tantes gloussaient : On voit que tu vis à la campagne. »

Mon grand-père avait répondu, avec un large geste du bras : « le jardin, c'est tout ça. Tout ce que tu vois. Et même plus loin ». Ce qui ne m'avait pas particulièrement surprise, que le paysage entier nous appartienne.

*

À présent, je le regarde.

Grand-père lève le bras, en direction de la fenêtre la plus proche de son lit. Son geste est petit, à présent, c'est un résumé du geste.

– C'est ça qui va me manquer, dit-il.

*

Roc.

Il a les yeux à moitié cachés derrière ses sourcils. La mâchoire de travers. Il a dû être renversé par une voiture, avant que quelqu'un ne l'abandonne devant la grille. Roc et moi sommes ici pour les mêmes raisons, notre propriétaire ne voulait plus de nous. Et aucun de nous n'a de pédigree, lui n'est ni un labrador noir comme Baron ni de la race dont j'ai oublié le nom comme Tempête, qui est gigantesque et de couleur fauve et qui ressemble un peu à un lion qui aurait une tête noire, et moi,…je n'ai les cheveux de personne. Personne, ça veut dire une autre famille.

*

Le grand-père.

Cet homme autoritaire, distant, intimidant, est l'ombre manquante dans le jardin, espace de prédilection où sa petite-fille l'assistait dans ses occupations. Alors que la mort approche, autour de la fillette prennent place les différents protagonistes de ce lieu où la nature est souveraine : ses grands-parents bien sûr, les trois chiens. Dirk, un jeune homme qui s'occupe des gros travaux, du vieux poirier, et… une baleine qui un jour a surgi dans l'étang !

Elle rêve aussi d'un ailleurs qui pourrait être l'Alaska, la mer des Sargasses ou les Adirondacks.

Je ne sais pas à quoi rêvent les chiens.

Ce qui s'accroche à moi est toujours là et je ne sais pas si c'est un morceau de cauchemar ou si j'ai mangé quelque chose que je digère pas. Normalement, les cauchemars disparaissent avec le jour, mais parfois il en reste une trace, comme un ombre ou un mauvais goût. Comme un doute. Une peur. Celle qu'elle ne revienne et me force à repartir avec elle, qu'elle m'arrache à l'étang, à l'herbe et à la ferme, au vent.

*

Dans ce premier roman qui impressionne par sa sobriété et sa maîtrise, Zoé Derleyn interroge avec subtilité la manière dont se construit une filiation.

Zoé Derleyn a publié chez Quadrature un recueil de nouvelles, le Goût de la limace, qui a reçu le prix Franz de Wever 2018, décerné par l'Académie royale de langue et de littérature françaises De Belgique. Debout dans l'eau est son premier roman.

Une écriture pleine de charme et de délicatesse.
Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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le roman ne présentait aucun retournement de situation. L'histoire tournait en rond, ce qui devenait lassant à la longue. L'auteur racontait la routine à la campagne du personnage principal. Et la relation qu'il entretenait avec son grand père mourant et sa grand mère.

Le livre était rédigé avec beaucoup de détails. Il était très bien rédiger. Cela me permettait de construire un univers fictif dans ma tête. Les personnages manquaient de description physique. Cela laissait place à mon imagination.

Pour finir, le personnage principal ne poursuivait aucune quête, aucun objectif à atteindre. Ce qui rendait l'intrigue ennuyeuse et répétitive. L'envie de continuer à lire ce roman et de le finir n'était pas au RDV.

En conclusion, pour les amateurs d'intrigue et de suspense, je ne conseille, pas ce livre. Pour les personnes fans de la vie à la campagne vous trouverez votre bonheur dans ce roman. Je lui attribue la note de 6/20. L'espoir d'avoir un minimum de rebondissement était ma seule motivation à finir ce récit.





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Il faut reconnaître que la quatrième de couverture n'est nullement mensongère ou racoleuse. La narration y est fidèle.
Le problème c'est que l'on a là toute l'intrigue de ce roman, il ne reste plus rien à découvrir.
C'est une petite fille délaissée à l'égard de laquelle les gestes d'affection sont exceptionnels. le grand-père déclinant, un semblant d'amorce de début de démarrage de relation commence à essayer de germer.
La petite-fille se rend compte que ce que faisait son grand-père, il faudra que quelqu'un d'autre le fasse. Elle se dit qu'elle pourrait faire certaines choses. de là à parler de sentiment de filiation il existe un grand pas que je ne franchis pas.
134 pages c'est un roman court mais l'ensemble se traîne ou plutôt l'enfant se traîne d'un endroit à un autre. Elle observe la nature certes c'est une activité noble et enrichissante mais peut-on parler de choix lorsque rien d'autre ne lui est proposé.
Reste l'écriture. C'est peut-être par cela que l'ouvrage peut retenir son lecteur. On navigue dans un monde onirique poétisant.
Le style est parfois plaisant mais trop souvent heurté, cassant le rythme et l'atmosphère, sans oublier les grossières erreurs de français confondant verbe d'état et verbe d'action
"Le son de la pluie dan s la ville verte est différent, un tapotement qui résonne."
"Il aimait mentionner... les lieux où il a été
... moi qui n'ai jamais été nulle part."

Cela peut accrocher des sensibilités mais pas la mienne. Je suis sensible à l'enfance, à ses douleurs, à ses émerveillements, à ses évolutions mais ici rien de tout cela. On a l'impression que tout se passe autour de la petite-fille, on se sent jamais concerné par l'enfant elle-même.
Je ne conseillerai donc pas ce livre, je ne l'offrirai surtout pas mais je n'irai pas jusqu'à le déconseiller. Il est à prendre si l'on a le profil pour ce genre de livre ne débouchant sur rien, n'apprenant rien, faisant évoluer le lecteur dans un univers vaporeux.
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Voici une lecture qui m'aura donné quelques sueurs froides. Un style à la fois imagé, parfois enfantin, mais surtout sombre. Alors que les paysages auraient pu paraître lumineux j'ai eu cette sensation d'étouffement.


Cette petite fille qui n'a plus peur de rien ni même de la mort imminente de son grand-père assez rustre, plonge dans son passé, s'accroche à tous ses souvenirs, ses petits moments délicats qui offrent ce sentiment de quiétude de faire partie de quelques chose.


Passé, présent et futur s'entrechoquent au rythme de cet étang berceau de vie, de peur et d'espoir. La réalité côtoie un certain imaginaire et innocence propre aux enfants.


J'ai beaucoup eu du mal à interpréter ce récit et à lui donner un sens approprié. Je n'ai pas su me saisir d'un contexte, de cette nature rigoureuse et des personnages qui ont pourtant tant à dire au coeur de leurs silences. La plume de l'auteure est à la fois délicate et rigoureuse jouant sur ces deux tempos qui m'ont souvent mis mal à l'aise.


Ce roman n'était certainement pas fait pour moi malgré l'intensité du texte.
Lien : https://misschocolatinebouqu..
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La narratrice (l'autrice ?) vit avec ses grands-parents dans le Brabant flamand Pour l'enfant, onze ans presque douze, l'univers c'est la maison, l'étang, la campagne à perte de vue, les chiens. C'est l'été, la liberté. Les grandes histoires qu'elle imagine et les petits riens du quotidien. le grand-père se meurt à l'étage, les émotions nouvelles qu'elle ressent au contact du jeune jardinier. Un roman constitué de courts chapitres, successions de moments dans la vie et dans les pensées de la petite.

Rares sont les auteurs qui parviennent à se mettre dans la peau d'un enfant. En général, le résultat est soit trop gnangnan, soit trop adulte pour être crédible. Mais Zoé Derleyn a trouvé le ton juste entre la naïveté de l'enfance et la maturité d'une enfant aux portes de l'adolescence. C'est un personnage de fillette assez attachant, un peu sauvageonne, avec une imagination débordante et en même temps profondément ancrée dans l'instant présent, les sensations, le rapport physique et émotionnel à la nature.

Ce roman m'a heureusement surprise parmi la sélection des 68 premières fois. En lisant le résumé, je n'étais pas vraiment tentée et finalement, j'ai beaucoup aimé cette lecture, immersive, sensitive et sensible.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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Debout dans l'eau - Zoé Derleyn

La nature est omniprésente. L'étang qui borde la maison de la ferme est l'élément central du roman. La narratrice est une petite fille de 12 ans qui décrit sa vie chez ses grands-parents qui l'ont élevée car abandonnée très tôt par sa mère.
Elle est en plein questionnement sur ses rapports à la nature et aux humains qui l'entourent : le jeune garçon qui vient aider au jardin, les infirmières qui soignent son grand-père en fin de vie, l'étang, le potager et les trois chiens du couple. Elle décrit ces moments de vie -et de mort- qui lient étroitement nature et hommes.
Le temps est comme suspendu. Suspendu aux derniers moments de vie de son grand-père. Elle en revient toujours à l'étang, s'y plonge comme pour mieux revivre.

"Depuis que mon grand-père prend ses repas dans son lit (...) Baron n'est plus le favori de personne (...). Depuis quelques jours, il tente de m'amadouer. Il bave sur mon jeans. Je tapote sa tête mais je ne lui donne rien. Ma grand-mère me regarde.
- Je vais aller me promener.
Parfois ma voix décide avant que j'aie eu le temps de réfléchir.
Baron relève la tête. Agite la queue. Il ne pense plus à ma tartine."
p40

"Mon grand-père a cessé de rétrécir. Hier soir, Inge a dit qu'il avait mangé avec beaucoup d'appétit. Je l'ai entendue parler avec ma grand-mère. J'ai essayé, une fois de plus, de faire barrage aux mots, mais ça ne les a pas empêchés d'entrer dans ma tête. C'est une chose très difficile d'arriver à ne pas entendre.
- Souvent, juste avant la fin, on dirait qu'ils guérissent, a dit Inge.
Je n'ai pas regardé le visage de ma grand-mère quand elle n'a pas répondu."
p79

"L'eau de la piscine pue, elle pique les yeux, elle a mauvais goût. C'est de l'eau morte. de l'eau tuée. (...) Toute la journée ma peau sent comme si quelque chose avait brûlé dessus, c'est l'odeur de l'eau tuée. (...) Je nage mieux dans l'étang qu'à la piscine. (...) Je peux m'installer dans la nage comme dans un fauteuil, je nage mais c'est comme si je restais immobile. (...)
p101

(en parlant de sa mère) "Je me souviens seulement qu'il m'arrivait d'avoir peur. Peur qu'elle ne change d'avis, qu'elle ne revienne et me force à repartir avec elle, qu'elle m'arrache à l'étang, à l'herbe et à la ferme, au vent. Je ne bougeais pas, je ne respirais plus, je restais exactement là où j'étais en imaginant que j'étais une statue, un objet, quelque chose que personne ne songerait à déplacer."
p118

"Même sous la pluie, la lumière ne quitte jamais les champs. Ni les chemins. Une lumière qui vient de l'herbe, des feuilles, de l'intérieur des plantes et des arbres. Mais l'étang lui absorbe la lumière."
p127

Une découverte certes mais je reste mitigée, comme "suspendue" moi aussi, sur ma faim...
Premier roman lu dans le cadre des 68 Premières fois.

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De la première à la dernière ligne, ce roman est une merveille de lecture, quelle chance qu'il ait été écrit !

Il s'ouvre sur une scène fondatrice pleine de sensations et d'odeurs où une fillette se baigne dans un étang dont on comprend vite qu'il sera, avec elle, un personnage à part entière du roman.

Dans cette scène où la petite ne fait littéralement plus qu'un avec le plan d'eau, les éléments sont bienfaisants, offrant un refuge protecteur aux douleurs de la vie, un grand-père qui va mourir, une mère qui vous a abandonnée, le temps qui passe et la vie qui change...

Toujours, la petite revient à cette nature bienveillante, pour soigner un chagrin, pour rêver (la séquence avec la baleine est magique), pour se faire peur ou pour se rassurer.

Dans une belle langue aussi précise qu'inspirée et avec une grande force d'évocation, Zoé Derleyn décrit le pays de l'enfance dans des pages souvent âpres, parfois empreintes de surnaturel, toujours remplies de poésie.

Quelle réussite !

Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure
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L'enfant d'où ?

Il est des livres dont l'écriture est si juste qu'il vous vient l'envie de cocher au crayon dans la marge, les plus belles phrases. Avec le roman DEBOUT DANS L'EAU de Zoé Derleyn, vous ne le pourrez pas, ou alors vous cocherez à toutes les pages. Chaque ligne a son harmonie et en parfaite adéquation avec le récit.

Une enfant vit chez ses grands-parents, à la campagne. On parle quelquefois de la mère, absente, quant au père, il ne semble pas exister. Agée d'à peine onze ans, la petite fille vit à mi-chemin de l'imaginaire de son âge et de sa conscience en alerte. Elle observe tout ce qui vit et se murmure en cette maison. D'abord les habitants : la grand-mère, maîtresse des lieux, et le grand-père qui est souffrant,

« il ne va pas mourir maintenant. Ni maintenant ni maintenant »

On entre dans le récit comme l'enfant plonge dans l'étang (l'étant ?…), s'immerge dans le silence où vit une autre vie, peut-être même une baleine ?…
À la campagne, les visiteurs se font rares, donc ils sont importants. Mais il y a l'ami de tous les jours, Baron, le chien noir qui aime poser sa tête sur (vos) genoux. Car vous vous sentirez assis à la même table, à l'écoute de ces habitants, aimables, mais qui ne se touchent pas. Les jours, heures et instants s'égrainent à leur rythme, il deviendra celui de votre lecture.

Zoé Derleyn a le talent d'exprimer par la soustraction, les mots qu'on ne dit pas, les bruits que l'on n'entend pas, les souffrances qui ne s'avouent pas. Il est question de « douves » disparues, dont on ne prononce jamais le mot. Un journal intime caché au fond d'un tiroir avoue ce qui ne peut être dévoilé. Un piano chante en silence, hurle peut-être, rien qu'à frôler son clavier. Il y a des cheveux bouclés qui trahissent une erreur, une douleur silencieuse :

« … Elle a toujours affirmé que je n'avais les cheveux de personne. Personne, ça veut dire… »

Arrivé aux dernières pages, vous en imaginerez la finale : vous ne l'aurez pas. Mais une autre, tellement plus belle.

Vous souvenez-vous de « L'enfant et la rivière », oeuvre de Henri Bosco ? À la lecture de DEBOUT DANS L'EAU, vous y retournez avec un même et juste bonheur.

DEBOUT DANS L'EAU, roman de Zoé Deleyn (publié au éditions du Rouergue), a été récompensé en 2022 du Prix littéraire Marcel Thiry : un grand prix.

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C'est histoire racontée à la hauteur d'une petite fille, de onze ans. C'est la nature représentée tout en poésie. C'est une imagination débordante. Ce sont des relations familiales silencieuse.

Oh qu'est-ce que j'ai aimé ce livre ! C'est une lecture sur le fil de l'eau, calme, sans éléments rebondissants. C'est le quotidien de cette petite fille dont on ne connaît même pas le prénom. Et pourtant j'ai totalement accroché, j'avais sans cesse envie de me replonger dans l'histoire. J'ai été comme hypnotisée par chacun des mots du livre et me suis attachée à l'héroïne. Elle a onze et elle approche de ce passage entre l'enfance et l'adolescence.

Un roman plein d'innocence, de contemplation et de poésie. Qui plaira pour sûr aux amateurs de lectures qui n'ont pas peur d'un récit plus lent.
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