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Citations sur Ce qui est arrivé aux Kempinski (11)

Comme c'est étrange, cet homme de soixante-dix ans qui parle de sa mère, ai-je pensé. Je croyais, à l'époque, que les parents disparaissaient simplement de votre vie à la fin de l'adolescence, qu'ils se dissolvaient dans vos souvenirs aux côtés des maîtresses d'école et des amoureux de maternelle. J'ignorais qu'en réalité on porte nos parents en nous jusqu'à la tombe.
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Moi,je collabore à un site très confidentiel dont le nom désuet me plaît beaucoup : "Oiseaux de nos campagnes ".C’est joli,non ? Ça me rappelle les images que la maîtresse nous distribuait au bout de dix bons points quand on était sages.C’est sans doute là qu’est née ma vocation,dans le face-à-face ensommeillé d’un samedi matin glorieux avec une bergeronnette grise,un gros-bec casse-noyaux,un cincle plongeur,joliment peints sur le papier mat ivoire à l’odeur mélancolique de buvard.
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Les oiseaux ont un squelette très léger. Ils ont une bulle d'air au milieu du corps, du creux dans le plein et, quelque part, dans leur cerveau, ou bien dans leur ventre, se trouve un gyroscope qui sert à... comment dire, se diriger dans toutes les positions, abolir la notion d'endroit et d'envers, de haut et de bas. Leurs plumes lisses les aident à s'immiscer entre deux vents, ils volent par inadvertance. L'inadvertance du ciel qui oublie leur présence, ils volent par discrétion.
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Le temps passe. J'adore cette phrase. Pas vous ? Tellement rassurante, comme si rien, à part lui, n'avait passé, ni ne s'était passé. (Page 65).
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Dès qu'on franchit le seuil, les poumons se déploient. On ne devrait jamais passer plus d'une heure d'affilée enfermé dans une maison. Une claque de soleil en pleine face, le crissement des graviers sous les pas, les chants cocasses des oiseaux. Le monde est un tout petit peu merveilleux, songe Léna. Elle a beau se croire aussi nihiliste que son fils, elle s'émeut de chaque nuance de vert, observe les fleurettes jaunes au bord du chemin, se demande avec le plus grand sérieux pourquoi les fleurs sauvages sont si souvent jaunes, beaucoup plus rarement bleues et plus rarement encore rouges, d'où la stupeur et la gratitude face au champ de coquelicots qui se découpe entre deux charmes, au loin, en contrebas, comme un cœur qui palpite.
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(...) le bébé a tété plus fort, la patte toujours posée sur la gourde de peau, et de sa voix muette, blanche dans son gosier informe, il a répété : "Tu es tout, tu es mon dieu, mon amour, ma forêt, ma maison." Aussitôt, aspirée par le siphon du petit goinfre amorphe, l'âme ondoyante et chaude a reflué par tous mes interstices.
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Au milieu de la nuit, j'ai ouvert les yeux. Avant de me souvenir qui j'étais,
où j'étais, qui dormait à côté de moi, j'ai senti ma gorge se serrer.
L'angoisse a battu la conscience au sprint du réveil.
Je n'étais encore qu'un bloc indéterminé d'humeurs, de chair et de sensations
que déjà mon coeur pesait sur mon diaphragme.
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Une des particularités tragi-comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore les noms. Tant que le mot n'a pas épinglé la sensation, comme une aiguille perçant le thorax d'un insecte, les impressions papillonnent en liberté autour de nous et en nous, éblouissantes, féériques, mais parfois aussi menaçantes car nous n'avons aucune idée de leur trajectoire, de leur taille, de leur venimosité.
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Le tissu de nos existences est lacéré, mité, garni de manque, constellé de trous.
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Je ne crois pas à la vie éternelle. Je ne crois pas non plus à la mort éternelle. J’envisage que les disparus reviennent sous forme de crocus ou de lièvre. La conviction n’est pas mon fort. Le cimetière de Pantin m’a plu immédiatement. Je ne sais pas comment sont les autres, mais j’ai été surprise d’y voir tant d’arbres, d’y retrouver les vieilles fontaines en fonte des squares de mon enfance, et d’y sentir cette odeur de campagne, de feuilles cuites par le soleil et d’herbe chaude. Je me suis dit que j’avais une chance incroyable de pouvoir apprécier tous ces détails. Je redoutais de croiser une famille endeuillée, une vraie, une qui se fiche pas mal des rameaux et des coussinets de mousse aux abords des trottoirs, une qui pleure, qui souffre, dont les genoux se dérobent à la vue du trou. Les miens étaient fermes et nous étions seules, Irma Waltz – car c’est ainsi que se nommait la responsable des Pompes funèbres parisiennes – et moi, face à la fosse dans laquelle les employés avaient déposé le cercueil de tonton Achille. Je fixai le couvercle en bois, m’efforçant d’éprouver du chagrin. La chaleur qui entoure nos épaules et nos bras, tonton Achille ne la sent pas, me suis-je dit. Ses yeux fermés ne distinguent aucune clarté. Pas une pensée dans son esprit. Il est aussi inerte qu’un caillou du chemin. En lui, les souvenirs, les songes demeurent séquestrés à jamais.
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