Les passions sont le sel de la vie.
Il y a beaucoup plus de sûreté et plus d'honneur en la résistance qu'en la fuite.
Mais la volonté est tellement libre de sa nature, qu'elle ne peut jamais être contrainte.
L’amour et la haine.
Or, toutes les passions précédentes peuvent être excitées en nous sans que nous apercevions en aucune façon si l’objet qui les cause est bon ou mauvais. Mais lorsqu’une chose nous est représentée comme bonne à notre égard, c’est-à-dire comme nous étant convenable, cela nous fait avoir pour elle de l’amour ; et lorsqu’elle nous est représentée comme mauvaise ou nuisible, cela nous excite à la haine.
Quel est le principal effet des passions.
Car il est besoin de remarquer que le principal effet de toutes les passions dans les hommes est qu’elles incitent et disposent leur âme à vouloir les choses auxquelles elles préparent leur corps ; en sorte que le sentiment de la peur l’incite à vouloir fuir, celui de la hardiesse à vouloir combattre, et ainsi des autres.
La définition des passions de l’âme.
Après avoir considéré en quoi les passions de l’âme différent de toutes ses autres pensées, il me semble qu’on peut géné-ralement les définir des perceptions ou des sentiments, ou des émotions de l’âme, qu’on rapporte particulièrement à elle, et qui sont causées, entretenues et fortifiées par quelque mouvement des esprits.
Quelles sont les fonctions de l’âme.
Après avoir ainsi considéré toutes les fonctions qui appar-tiennent au corps seul, il est aisé de connaître qu’il ne reste rien en nous que nous devions attribuer à notre âme, sinon nos pensées, lesquelles sont principalement de deux genres, à savoir : les unes sont les actions de l’âme, les autres sont ses passions. Celles que je nomme ses actions sont toutes nos volontés, à cause que nous expérimentons qu’elles viennent directement de notre âme, et semblent ne dépendre que d’elle. Comme, au contraire, on peut généralement nommer ses passions toutes les sortes de perceptions ou connaissances qui se trouvent en nous, à cause que souvent ce n’est pas notre âme qui les fait telles qu’elles sont, et que toujours elle les reçoit des choses qui sont représentées par elles.