« ——Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a connu dans une seconde l’infini de la jouissance ——-» ..
BAUDELAIRE’
l'amour aux temps du smartphone : une suite ininterrompue de déblocages et de blocages
(...) ils baisaient comme les campagnes de santé publique préconisent de boire, avec modération.
Vasco n’aimait que les brunes ou les blondes or les cheveux de Tina tiraient vers le roux – auburn, avec des reflets acajou. Tina n’aimait les garçons qu’aux yeux verts, or ceux de Vasco étaient bleus, avec une touche de marron. Elle n’était pas du tout son genre ; il n’avait jamais été le sien. Ils n’avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant, s’aimèrent, souffrirent de s’être aimés, se désaimèrent, souffrirent de s’être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon
Maintenant qu’il lui avait avoué son amour, Vasco se demandait si elle finirait par dévoiler le sien. Un soir qu’ils étaient assis sur les marches d’une église, celle attenante au Panthéon, une bouteille à la main qu’ils buvaient tour à tour au goulot, elle avait dit ce que disait Coco Chanel, je ne bois, avait dit Tina, qu’en deux occasions : quand je suis amoureuse, et quand je ne le suis pas.
[…] je songeais qu’il faudrait établir une typologie du silence, les décrire puis les classer, du silence suggestif au silence oppressant, du silence solennel au silence désolé, du silence monotone d’un coin de campagne en hiver au silence pieux des fidèles à l’église, du silence éploré des chambres funéraires au silence contemplatif des amants au clair de lune, tous, il faudrait les décrire […]
On s'embrasse, on se quitte à regret, on va se revoir assez vite, on le sait : on ne peut pas faire autrement.
On se revoit.
On est foutu
Tout le malheur des couples, selon Alessandro, venait de ce qu'on voie généralement dans le couple une convention bilatérale d'exclusivité sexuelle à durée indéterminée.
[...]
quand le désir s'émousse au sein du couple, il faudrait pouvoir sous-traiter.
Qu'y peut-on, mon amour, si l'esprit se déleste
Des plus beaux souvenirs quand l'amour se dissout ?
Car l'amour, mon amour, est comme un palimpseste,
On écrit là-dessus, puis on efface tout.
Et il lui a expliqué qu'il y avait deux sortes de peintres, ceux qui s'adressent à l'œil, et ceux qui s'adressent à l'esprit : les premiers peignent comme on peint et les seconds comme on pense.