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L'auteur signe ici un essai tout à fait pertinent sur son travail de libraire. Elle dirigeait une librairie indépendante centenaire avec 30 salariés jusqu'à ce qu'une multinationale rachète le réseau des librairies indépendantes. Cette librairie « Privat » à Toulouse jouissait d'un certain renom, beaucoup d'écrivains venaient y rencontrer leurs lecteurs. Mais la politique de la nouvelle direction « Chapitre.com » ne jure que par la religion du profit soit rentabilisation, fidélisation, standardisation. Ici les invendus n'ont pas leur place, au bout de six mois ils doivent être retournés ! Elle ne supporte pas cette Marque qui méprise la culture et son personnel, elle décide donc de rendre son tablier. Bien sûr en écrivant ce livre, elle règle ses comptes et on ressent sa rancoeur tant le ton est vif. Les portraits de Blondinet, Gus, Beurk ou Amazone ne nous sont pas inconnus à nous qui avons travaillé dans le monde de l'entreprise. Sa passion pour les livres est ce que je retiendrais le plus de ce livre, elle décrit son amour et son respect des livres, de la littérature, des auteurs, le livre regorge de références littéraires. Moi qui ne supporte pas les supermarchés du livre, l'auteur me conforte encore plus dans ma conviction de ne point m'y rendre, malheureusement les petites librairies ont bien du mal à survivre et les bibliothèques qui sont soumises à marché ne les aide pas non plus à mon grand désespoir, mais là c'est un autre débat...
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Un livre à lire, à offrir, à méditer. Parce qu'il m'a touchée, parce qu'il m'a fait sourire et m'a révoltée aussi.
Son titre fait référence au roman Fahrenheit 451, température à partir de laquelle le papier brûle. Dans ce livre là , 2010, c'est pour son auteur, l'année de la fin, fin de sa passion, son métier, sa vie de libraire. L'origine du malaise: une nouvelle direction qui ne jure que par les mots "profit", "fidélisation", "rentabilité", où il n'y est plus question de livres mais de "produit" (comme de la lessive, du shampoing...) et où les lecteurs sont des clients. le mot fidélité ne rime pas avec "revenir" mais par "numéro de carte client". La phrase du nouveau boss annonce la couleur: "les seuls dont je me méfie vraiment, c'est Cultura".
En vingt chapitres, l'auteur nous parle de sa détresse, son combat à vouloir défendre ces (ses) livres. C'est plein de cynisme et de tendresse en même temps, sur un métier que j'admire mais qui s'évapore petit à petit. Mon seul reproche, c'est le coté un brin moralisateur, genre moi je suis une combattante, une Ayatollah, je dénonce un monde de veaux qui se résigne et accepte...Mais, ça n'est qu'un infime défaut et il reste un très bel hommage aux livres, aux mots et ceux qui les aiment.
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Ce fut d'abord le titre qui retient mon attention : Fahrenheit 2010 est une référence à « Fahrenheit 451″, température à partir de laquelle le papier brûle et évidemment, une référence au roman de Ray Bradubury que j'ai beaucoup aimé.
Je me suis donc penchée sur ce livre et c'est en lisant la quatrième de couverture que j'ai absolument eu envie de le lire.

J'aime beaucoup lire les romans /essais/ témoignages sur le thème de la lecture et de la chaîne du livre. J'ai toujours trouvé cela très intéressant de savoir comment cela se passe en librairie, en bibliothèque, aussi bien les aspects positifs que négatifs. Ce livre ne pouvait donc que me plaire.

Isabelle Desquelles, avec ce témoignage, attire l'attention sur les dégradations de la condition de vie des libraires, des librairies et surtout des livres. Elle nous démontre l'absurdité de la transformation des librairies en enseigne culturelle.


Bien évidemment, Isabelle Desesquelles ne critique pas l'ensemble de la profession des libraires.
Elle critique son réseau de librairie indépendante qui s'est vendu à une multinationale qui souhaitait pouvoir concurrencer la FNAC et qui a perdu tout ce qui faisait avant son originalité, son « âme » même et surtout qui a perdu pas mal de clients, qui ne trouvent plus ce qu'ils étaient venus chercher.


J'étais très curieuse de savoir de quel réseau de librairie il s'agissait et après quelques recherches, j'ai trouvé les informations suivantes :
Isabelle Desesquelles était avant la directrice d'une librairie centenaire à Toulouse qui avait plutôt une belle réputation. Une multinationale a racheté le réseau des librairies indépendantes qui est devenu « Chapitre.com ».Et franchement, avant de lire »Fahrenheit 2010, je ne connaissais chapitre.com que de nom et encore…


D'après l'auteure, la multinationale tient deux discours complètement opposés : il faut préserver la polyvalence et le savoir-faire des libraires et il faut faire du profit, virer les documents qui ne se vendent pas assez et les personnes non indispensables à la chaîne du livre.


Bref, la politique des nouvelles directions est de « vendre vendre vendre ». Ici, il n'est plus vraiment question de promouvoir la culture, il s'agit surtout de rentabiliser, de fidéliser, d'amener toujours au pas.


Entendons-nous : Bien entendu qu'une librairie qui marche est une librairie qui vend. Bien entendu que si elle fait du profit c'est préférable pour ne pas fermer et qu'avant tout, il s'agit de vendre. Mais je trouve que comparer une librairie à un supermarché est un non-sens. Vendre des livres ou vendre des tomates ou des appareils ménagers, ce n'est pas comparable. le savoir-faire et l'expérience ne sont tout de même pas les mêmes. On ne peut pas vendre des livres de la même façon qu'on vend des aspirateurs.


Pour une femme, qui, comme Isabelle Desesquelles, adore la littérature et les livres, voir un tel naufrage a été trop dur pour rester. Elle a préféré abandonner le navire ou elle n'avait plus aucune légitimité et garder sa dignité.


Et pourtant, elle a essayé de combattre, mais elle nous démontre aussi l'absurdité à essayer de se battre contre quelque chose de presque invincible :
Comment ose-t-elle se plaindre d'avoir un travail qui peut-être ne lui plait plus, alors que tant de personnes se retrouvent au chômage? (Je trouve d'ailleurs que la phrase de mon extrait est très parlante de ce qui se passe en ce moment dans le monde du travail. Tant de personne manque de travail qu'on ne peut pas se plaindre des mauvaises conditions de son emploi…on sait très bien qu'il y a une longue queue derrière soi qui nous remplacera dès qu'on partira.)


Le métier de libraire m'a toujours beaucoup attiré. Cela doit être fantastique, si on aime son métier, de pouvoir promouvoir les livres, de donner envie de les lire…mais après ce témoignage, mon enthousiasme est quand même bien refroidi. Au moins, en bibliothèque, il n'est pas question de faire sans cesse des profits et de gagner de l'argent. C'est plus calme, on va dire.

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Ce fut une belle et terrifiante découverte. Très intéressant à découvrir, je le conseille aux personnes qui aiment lire des livres sur les livres (et qui ont quand même un peu d'espoir en ce qui concerne celui-ci).
Lien : http://writeifyouplease.word..
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Style très léger pour traiter d'un thème d'actualité.
Les libraires ayant choisi ce métier par passion du livre et de l'échange doivent de plus en plus se soumettre à des règles commerciales pour survivre (à court terme)... L'auteure décrit sa désillusion avec dynamisme et ironie.
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Dans Fahrenheit 2010, publié l'année éponyme, Isabelle Desesquelles rapporte son parcours de libraire passionnée jusqu'à ce qu'elle soit forcée de se soumettre aux nouvelles règles de la chaîne ayant racheté la librairie où elle travaillait. L'autrice parvient à transmettre son amour pour sa profession et ses valeurs inhérentes, qu'elle souhaite conserver et perpétuer. « Quand on aime, il faut partir » (p.163). le lecteur perçoit ainsi par contraste d'autant plus fort comment les décisions de la nouvelle direction, si opposées à sa conception du métier, réveillent en elle, après l'avoir portée au plus bas par déception et désillusion, un instinct de survie qui la pousse à partir pour avancer à nouveau…

Fahrenheit 2010 s'apparente ainsi à la fois à un essai, une lettre ouverte et un récit autobiographique proche du journal intime.

Sur le modèle de l'essai, Isabelle Desesquelles dresse un portrait de la transformation des librairies indépendantes lorsqu'elles rejoignent des réseaux, la plupart du temps par nécessité économique. Elles doivent alors se confronter à de nouveaux modes de fonctionnement parfois imposés par des entreprises qui ne saisissent pas la portée d'exception culturelle que les librairies représentent, au-delà de commerces destinés à dégager de la rentabilité. D'après « Lachaîne », dont dépend l'autrice au moment de l'écriture, une librairie doit être productive, dégager du profit en fidélisant le plus de clients et en optimisant la gestion technique du magasin (stock…). Cependant, pour la « femme aux 100 000 livres » comme pour tant d'autres libraires, réduire le stock revient à condamner prématurément des livres à ne pas trouver leur lecteur, et s'oppose à la volonté de valorisation de la production éditoriale dans toute sa diversité. le libraire perd alors la liberté qui lui permet d'exprimer sa passion au travers de son assortiment.

Ce rapport pourrait apparaître comme désolant, noir et excessivement pessimiste. Cependant, le point de vue et la sensibilité de la libraire qu'est avant tout l'auteur permet de transmettre ces constatations comme un témoignage critique, signal de détresse quant à l'avenir de la librairie indépendante à l'époque de l'écriture.

On ne peut faire appel au titre de la dystopie de Ray Bradbury sans créer une image marquante dans l'esprit du lecteur. L'autrice compare elle-même son récit à une lettre, qui à défaut d'atteindre les mains du président trouvera un plus juste interlocuteur en passant par celles d'un éditeur. Cette lettre est ouverte, tournée vers un lecteur qu'elle semble continuellement et personnellement interpeler puisque le récit est à la seconde personne du singulier. En refusant de se refermer sur son histoire par l'usage du « je », l'autrice paraît chercher à impliquer tout un chacun dans son parcours. La puissance cathartique qu'a dû avoir l'acte d'écriture pour Isabelle Desesquelles peut ainsi être ressentie par le lecteur.

Par le pouvoir qui lui est conféré, l'écrivaine s'accorde le droit de renommer les protagonistes (ou antagonistes) de son récit. Il n'est pas difficile de démasquer ces couvertures en effectuant quelques recherches sur le parcours de la libraire. Cependant, l'onomastique devient un nouvel outil d'expression. le plus marquant à ce sujet est la manière dont l'autrice choisit d'accorder, outre des surnoms parfois peu flatteurs, une majuscule ou non aux personnages qui gravitent autour d'elle. La force typographique révèle ainsi une fois de plus l'importance qu'elle estime méritée ou non par ces personnes. Ainsi, elle s'attachera à nommer chacun des libraires qui ont travaillé à ses côtés par leur prénom, tandis que les autres seront réduits aux noms de « blondinet », « amazone », « gus » et « beurk ».

Enfin, ce récit rappelle également la forme d'un journal intime, notamment par la manière dont Isabelle Desesquelles trace une chronologie désordonnée des jours qui ont marqué sa vie de libraire, comme un avant et un après. C'est ainsi avec des dates précises qu'elle évoque le jour où la goutte d'eau a fait déborder le vase, en l'événement d'un séminaire d'entreprise, et le jour où elle a pris la décision de démissionner, où sa vie a pris un nouveau tournant.

J'ai donc trouvé ce témoignage intéressant et instructif dans la manière dont l'autrice rend compte de la réalité d'une partie des librairies, indépendantes ou en réseau, qui doivent se battre pour maintenir les principes faisant d'elles des lieux de culture avant d'être des commerces.
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…Ou la mort annoncée de la librairie. Un essai d'une libraire qui dresse un portrait bien sombre mais réaliste de la situation des librairies. Exit les librairies indépendantes, on se regroupe pour être plus fort. Belle utopie quand les dirigeants sont des commerciaux et non des libraires : vendre donc les livres comme nous vendrions des choux ou des carottes. L'auteur utilise le « tu », autant vous dire que si vous n'avez jamais eu un pied dans une librairie vous ne vous sentirez peut être pas beaucoup concerné et en tant que lecteur si vous êtes un adepte d'A. vous ne comprendrez peut être pas les enjeux. Ce récit est plein d'anecdotes et est une vision très personnelle de la libraire, avec ses ressentis, ses inquiétudes, ses colères. Ayant travaillée un peu en librairie, je me suis souvent identifiée aux « habitants » de la librairie. Sur la fin, j'ai trouvé que le pathos l'emportait et que ça en devenait affligeant. Au bout d'un moment je me suis lassée des « c'est terrible, c'est affreux » mais je suis allée jusqu'au bout. Si certains passages m'ont fait sourire faisant échos à ma propre expérience, ce n'est pas une lecture « divertissante » en premier lieu de par son pessimiste, mais peut être que cet ouvrage a évité une thérapie à la madame ?
Lien : http://jailu.vefblog.net/fah..
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Ce récit de libraire est moins euphorique que le livre de Laurence Cossé Au bon roman et nous offre un autre aspect de ce métier. C'est tout autant un témoignage qu'un roman car l'auteur a su prendre suffisamment de distance avec le sujet, le traite avec pas mal de dérision et le rend plus universel.

Cette autofiction raconte les derniers mois d'un directrice de librairie dans "Lachaine". Cette enseigne, filiale d'un groupe international d'agroalimentaire, résulte du rachat de "Lavraielibrairie" par "Lesboutiquiersdulivre", autrement dit 2 mondes complètement différents.
Evidemment, le patron vient de la seconde chaîne, il répond au doux vocable de "blondinet", accompagné par "amazone" à la RH, "monsieursans" aux finances et "Beurk" en guest star, consultant en management du groupe actionnaire.

Le roman se déroule en grande partie pendant un séminaire qui regroupe les directeurs de Lachaine, grand messe où blondinet annonce la stratégie et les restrictions. En contrepoint, la directrice raconte sa lente descente aux enfers, avec la direction du groupe qui lui impose de plus en plus et uniformise la manière de faire, au détriment de son activité de libraire et de la spécificité de son point de vente. le but n'est plus de vendre des livres, amis de fourguer des cartes de fidélité !

Le récit nous fait vivre les interrogations et les doutes (il n'est évidement pas évident de tout lâcher), mais aussi nous fait passer son amour de la littérature et nous comprenons combien elle est empêchée de faire le métier tel qu'elle le défend.

Les différents personnages sont des archétypes que l'on peut rencontrer dans nos entreprises filiales de grands groupes, ils y appliquent les mêmes méthodes et y font presque les mêmes dégâts... ce qui renforce l'empathie avec l'auteur.
Ce livre dépasse le règlement de comptes, c'est une vraie histoire, parfois drôle, racontée comme un roman et qui donne envie de découvrir plein d'auteurs.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Isabelle Desesquelles règle ses comptes avec ceux (celui !) qui ont anéanti ses rêves de libraire, et voilà une belle façon de le faire...
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Fahrenheit 2010, dont le titre fait écho à Fahrenheit 451, dépeint l'enfer de l'employée d'une librairie qui fait face à la dure loi du marché et de la concurrence. Bien que le sujet me touche je dois avouer que cette lecture n a été qu ennui. Déjà l'auteure pense nous impliquer davantage en redigeant son livre à la 2e personne du singulier, ça a plutôt eu l'effet inverse chez moi : je ne pouvais pas me sentir proche d une narratrice que je trouvais ridiculement geignarde. Finalement, cette accumulation de "soucis" fait plus penser a un cahier de doléances et ne donne pas envie de la soutenir dans sa cause.
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