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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ouvrir un roman d'Isabelle Desesquelles c'est partager une brassée d'émotions fortes mais qui ne flirtent jamais avec le pathos. L'autrice parvient en effet toujours à maintenir un équilibre entre ce qu'elle raconte et ce qu'elle suscite chez la lectrice ou le lecteur. 41zMqsQKhDL._SX195_.jpg
Avec Là où je nous entraîne, d'emblée on devine que cette fois nous allons la suivre au plus près de ce qui fonde son écriture, l'événement traumatique qui a marqué son enfance et l'a menée à l'écriture : "Il y a quarante-six ans une petite fille a commencé à écrire dans sa tête où l'on est deux , l'enfantôme et moi. Elle est l'enfance abolie qui vous hante. Une mère se tue, elle tue l'enfant en vous. L'enfantôme, elle, a refusé de mourir . [...] L'écrire, c'est aller à la source. "
Interrogeant les liens entre réalité et fiction, faisant dialoguer deux textes, l'un consacré à cette petite fille devenue écrivaine qui interroge ses proches sur le suicide maternel, l'autre à une tragédie en route au sein d'une famille marquée par l'écriture et l'intensité des sentiments, Isabelle Desesquelles nous coupe parfois le souffle et nous montre la puissance de l'écriture . Une autrice à son meilleur.
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COUP DE COEUR

" Impérieuse et vaste notre mère ne me quitte pas. Elle a dynamité mes huit ans et ils sont là entiers quand j'écris, 8 c'est l'infini debout."

Un jour de l'été 1976, une enfant de huit ans lit un roman. La mère de son héroïne est malade mais à la fin elle guérit, l'histoire se termine bien. le lendemain, on annonce à l'enfant que sa propre mère est à l'hôpital, elle est alors toute excitée de devenir l'héroïne d'une histoire qui hélas ne se termine pas de la même façon, sa mère meurt.

Ce drame a créé la romancière qu'est devenue Isabelle Desesquelles. Quarante six ans plus tard, elle imagine une famille corse, deux petites filles Rachel et Paulina et leurs parents Louis et Zabé qui, un jour d'été, voient leur existence bouleversée par un secret venu du passé. Cette famille inventée entraîne l'auteure là où elle ne pensait pas aller : écrire les siens, écrire comment leur bulle a éclaté un jour d'été. "En racontant la famille corse je touche à la nôtre". Dans ce nouveau roman, Isabelle Desesquelles entremêle donc une fiction et sa réalité exprimée à la première personne.

Ce roman est la clé et l'aboutissement de l'oeuvre d'Isabelle Desesquelles. Livre après livre elle a raconté l'enfance foudroyée, l'explosion d'une bulle familiale un jour d'été. de livre en livre, elle a exploré la question de l'absence, du deuil impossible, de la place que prennent les morts, de la perte de l'enfance et de l'innocence avec des personnages principaux dont la vie basculait un jour de l'été de leurs huit ans " Il n'y a pas de personnages, il y a des êtres nourris au lait du souvenir ... Ce jour est devenu obsédant, matière romanesque."
Ici elle lève le voile sur sa propre histoire qui a nourri ses différentes fictions, le drame qui a foudroyé un 25 août 1976 la petite fille de huit ans qu'elle était : la mort de sa mère. Ce jour-là elle a créé un monde sur lequel règne l'enfantôme, son double, son prolongement "une petite fille a commencé d'écrire dans sa tête où l'on est deux, l'enfantôme et moi." Elle explore ses sentiments, le manque, la culpabilité de ne pas avoir su retenir sa mère et se livre à une véritable enquête littéraire en se plongeant dans ses souvenirs, dans les lettres et photos de sa mère et en s'efforçant de vaincre les silences de son père. Elle a prévenu son père et sa soeur qu'elle allait écrire et publier leur histoire car pour elle, "le temps est venu... la fiction ne suffit plus", les cacher, elle et sa soeur, derrière des personnages de fiction ne lui suffit plus, elle ne peut plus avancer masquée.
Il est question de la place que prennent les morts " Il faut faire attention avec nos morts, parfois ils prennent tellement de place, on en oublie les vivants.", phrase qui fait écho à celle de "Je voudrais que la nuit me prenne" "Si on les laisse faire les absents ont raison de nous et ils nous possèdent.". Ne pas les laisser prendre trop de place mais ne pas les oublier "Contourner une absence ne suffit pas à l'éviter. Il faut parler des morts, c'est assez de les mettre dans une boîte ou de les éparpiller. Nous sommes les restes de nos morts."
Au fil de deux histoires qui se nourrissent et s'éclairent mutuellement, celle de la famille corse et la sienne, Isabelle Desesquelles nous livre des réflexions très riches sur la littérature, sur l'effet de l'écriture sur la famille "l'écrivain est cette mèche allumée sur un baril de poudre, la famille", sur le métier de traductrice à travers l'histoire de Zabé obsédée par Tolstoï, sur le métier de libraire, sur la frontière entre réalité et fiction qu'elle a explorée dans ses romans. Elle se considère comme un pont suspendu entre réalité et fiction qui sont pour elle des partenaires et non des adversaires. "Fictionner le réel. le roman, traduction romanesque d'un drame vécu, avec un prolongement : ce qui aurait pu arriver. Tout ce que l'on se raconte."
" Echeveau détricoté, une maille à l'envers, une maille à l'endroit, une de réel, une de fiction, et je suis la seule à connaître la vérité, m'en sens protégée."
La fiction autour de la famille corse Zabé, traversée par la Natacha de Tolstoi, est centrée sur une histoire de jalousie après la découverte d'un souvenir caché. Ici ce n'est pas une mère qui est en danger mais c'est un père que la jalousie transforme en danger pour sa famille. La plongée de Louis dans la folie sous l'emprise de la jalousie, la "voix mauvaise" qui s'empare de lui et le transforme en un Luiiii injurieux, est saisissante et le dénouement magistral. Une fiction forte et violente alors que l'histoire réelle est apaisée.
Comme toujours avec Isabelle Desesquelles, l'émotion parfois l'uppercut est au rendez-vous au détour de chaque page. L'écriture est ciselée et sensorielle. Les pages sur sa mère, " Ce que je retiens d'elle... Ce que je tiens d'elle" sont d'une absolue splendeur. Ce roman est un régal comme d'habitude. Une construction au cordeau où fiction et réalité se mêlent sans jamais nous perdre. Un roman qui plaira même si on ne connaît pas l'oeuvre d'Isabelle Desesquelles.
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J'ai découvert Isabelle Desesquelles avec son Prix Fémina des Lycéens, et Je voudrais que la nuit me prenne. J'ai vu après qu'elle avait écrit plusieurs livres déjà. J'ai tout lu et ma libraire m'a prêté en avant-première son nouveau roman, Je ne l'ai pas lâché. Quel choc, on ne le voit pas venir et puis tout d'un coup on en est sidéré.
Dans Là où je nous entraîne, il est question d'une famille. Ils ont tout pour être heureux et ils le sont. Nous sommes en Corse, avec la Méditerranée pour horizon, avec un père qui apprend à ses filles la course à pieds dans le maquis, et une mère qui leur apprend à chatouiller une anémone des mers. Une enfance, pourtant, sous une menace et on la redoute. Il y a aussi MyPrecious, le chien des filles. Alors que l'on est embarqué dans l'histoire de Rachel et Paulina et leurs parents, la romancière nous embarque dans une autre famille. La sienne. Un autre drame vécu là aussi un jour d'été, et très vite, la magie opère entre les deux histoires qui finissent par n'en faire qu'une. La force de Là où je nous entraîne, c'est d'emprunter au réel et à la fiction le meilleur des deux. On observe, fasciné, comment la réalité et l'imaginaire se rencontrent, on entre dans ce mystère : d'où viennent les romans. On assiste à la fabrication de la fiction. Ce livre est une déclaration d'amour à la littérature. Et chapitre après chapitre, un suspense diffus monte, nous happe... jusqu'à la dernière page, bouleversante.
C'est tellement romanesque. Et vertigineux. Tellement inattendu aussi, profondément émouvant. À la fin, il y a cet étrange sentiment d'une paix, d'une tranquillité que procure parfois une lecture que l'on est pas prêt d'oublier et qui se dépose, avec cette sensation de ressortir plus fort, et moins vacillant, malgré la tempête traversée.
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1000 étoiles coup de coeur pour Rachel, Paulina, Zabé, Esther. Là où elle nous entraîne l'autrice, c'est dans la tête des femmes ! C'est tendre, c'est tendu. Ça parle de littérature et du soleil. Poésie non-stop. Post meetoo ravageur. Des mères, des filles, des soeurs. Elles souffrent et se battent. Belles et héroïques. Y a du réel et de la fiction qui se donnent la main, et des hommes fous de violence. Heureusement y a un père beau comme l'amour et qui ferait presque oublier tous les prédateurs qui lorgnent sur la jeunesse de l'héroïne, eux y sont à vomir. Ça ressemble à une famille comme la notre. Et puis c'est politique et c'est ça que j'aime. Un bouquin qui raconte un homme qui ne supporte pas que ses filles et leur mère aient un secret, et qui arrache les anémones de mer, oui, c'est politique!
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"" Les premières semaines après la mort de notre mère, je fixais le plafond, le soir, allongée dans le noir, et j'arrivais à l'isoler de l'obscurité, une forme se détachait. Je me suis blottie un nombre incalculable de fois dans nos retrouvailles, je ne croyais pas que cela arriverait, mais en parvenant à retrouver l'instant où je me jetterais contre son ventre et rien d'autre n'existerait, j'exhortais cette seconde à ne pas finir et je m'endormais. ""

On croit tout savoir dès les premiers mots et bien non, il faudra attendre la toute fin pour connaître le sort que réserve la narratrice aux protagonistes du roman. Une famille en Corse, les parents, et leurs deux filles.
Isabelle Desesquelles entremêle avec brio deux histoires le même jour d'une fin d'été. Dans l'une, c'est la mère qui disparaît, dans l'autre on ne sait pas jusqu'au bout, on redoute de comprendre ce qui va arriver.
Ce qui est étrange, c'est que l'on sort de cette lecture secouée et en même temps plus fort car aussi noire soit l'histoire, deux histoires en fait, celle qui les écrit est toujours du côté de la lumière. S'appuyant sur celle de la Méditerranée, de l'île de beauté, mais surtout sur l'amour qui unit un père et ses deux filles et ils traversent la vie.
C'est Là où elle nous entraîne Isabelle Desesquelles, dans ce qui unit et sépare ceux qui ont grandi, vieilli ensemble, ceux qui se sont aimés absolument, et puis moins, et puis mal. C'est un livre tout plein des liens qui unissent deux soeurs et ce couple qui leur a donné vie comme ici celle qui les écrit, les raconte.
1ère fois que je lis un roman de cette autrice je suis scotché !
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