Ce que je devais découvrir chez Mamie était de nature à me briser le cœur. En réalité, elle n'était pas tellement triste. C'était bien là le problème. Elle avait plutôt l'air mécontente.
-Pourquoi n'es-tu pas venue me voir aujourd'hui?
Je n'ai pas le courage de lui raconter toute notre histoire. De plus, franchement, je ne sais pas ce qu'elle aurait pensé de notre conspiration.
Je me suis contentée de répondre assez évasivement.
Les vrais amis, disait Isabelle, ne se mentent pas. Ce n'est pas qu'ils décident de ne pas mentir. C'est qu'ils n'en ont pas besoin. Leur confiance l'un dans l'autre est tellement profonde, et leur plaisir à se connaître est si grand qu'ils sont toujours dans la vérité.
Plus violents sont les sentiments, plus dure est la parole.
Les années passent vite. Et plus on vieillit, plus il devient difficile de rattraper le temps qu'on a perdu.
Les adultes ne font aucun effort pour apporter de vraies réponses aux vraies questions des enfants. Ils préfèrent les questions qui ne méritent pas de réponses, et les réponses qui n'ont pas besoin de questions.
« Les adultes ne font aucun effort pour apporter de vraies réponses aux vraies questions des enfants. Ils préfèrent les questions qui ne méritent pas de réponses, et les réponses qui n’ont pas besoin de questions. »
Avez-vous déjà remarqué que l'amour est très différent de la pâte d'amandes? Imaginez que vous vouliez très fort de la pâte d'amandes. Vous demandez poliment:
-je peux avoir de la pâte d'amandes?
-mais oui, bien sûr, vous répond l'adulte de service.
Vous vous servez. Vous mangez. Vous en reprenez un peu, pour voir. Délicieux. Vous vous gavez comme un pourceau. Et que notez-vous au bout d'un moment? Vous notez que la question de la pâte d'amandes ne se pose plus. Du moins tant que vous n'avez pas digéré cet amas sucré qui vous écrabouille l'estomac. Vous êtes tranquille.
Prenez maintenant l'amour. Vous demandez poliment:
-Est-ce que tu m'aimes?
-Mais oui bien sûr, vous répond l'adulte de service.
Vous êtes bien avancé. Car que notez-vous? Que vous n'avez rien de plus. Que la question de l'amour se pose toujours.
-tu m'aimes comment? demandez-vous alors, en espérant une réponse qui ait la consistance de la pâte d'amande.
J'accepte parce qu'il me reste une goutte d'amour dans ma flaque d'amitié. Mais méfie- toi j'ai peur que tout s'évapore et que bientôt il n'y ait plus rien, ni mare, ni flaque, ni goutte de rien du tout.
Vous êtes une petite jeune fille de onze an, me dit-il, et je suis un étudiant âgé de dix-neuf ans. Je ne peux pas du tout vous épouser, buvez votre chocolat je vous supplie. Je ne peux pas vous adopter non plus car vous avez un père qui fait du parachute, ne bavez pas sur votre gilet de laine merci. Mais je déclare que je vous aime à ma mesure car vous êtes à mon œil la plus merveilleuse péronnelle du monde. Ne m'interrompez pas la parole déjà, je vais avancer des raisons d'amour. Vous lisez Rudyard Kipling, vous avez un tendre visage et de beaux regards, vous riez très bien et vous cachez mes siestes. Aussi bien je vous demande: si votre mère me chasse pour défaut de conversation, voulez_vous rester mon amie?
Plus j'y réfléchissais, plus je me disais que l'enfance n'est pas une bonne saison pour l'amour.