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Il est des ouvrages dont il est difficile de parler. La complexité de certains peut être un frein.
D'autres, en revanche, fouissent profondément et on ne peut que constater, par l'état de sidération dans lequel ils nous laissent, l'impact qu'ils auront.
On comprendra plus, on comprendra mieux, mais pas tout de suite. Les vagues de compréhension n'arrivent que plus tard. Elles seront là. Elles sont déjà là, mais nous sommes aveugles à nous-même. Comme une solution chimique, trop secouée. Il faut laisser sédimenter pour voir les nouvelles couches apparaître. La percolation des âmes n'est pas un processus immédiat.

On lit deux fois ce livre.

L'articulation des idées, le chaînage des concepts s'effectuent phrase après phrase, page après page, l'intellect remplit alors sa mission.
Vinciane Desprets note que "faire son deuil" se pose comme une injonction à ceux qui restent. Obligation de faire avec, de faire sans, pour passer ensuite à autre chose.
Pourtant, des vivants résistent, mais aussi des morts. Pas tous, certains.
La seule réponse donnée à cet étonnant état de fait ressemble à un hold-up. La théorie de l'esprit l'affirme : tout est dans la tête des vivants. Ce sont eux qui dénient la mort d'un proche. Ce sont eux qui doivent donc faire leur deuil. Et il ne saurait y avoir pour d'autres modalités d'existence pour les morts, que le souvenir.

Or c'est un territoire flou, un espace qu'habitent ensemble des morts et des vivants qu'explore Vinciane Desprets. Fait de signes à reconnaître. Des signes qui, parce qu'ils sont reconnus deviennent autant de conséquences qui instancient des causes. Des signes qui permettent de retisser du réel. Des signes des défunts qui ont encore quelque chose à dire, une partition à jouer, une signification à faire advenir dans le destin des survivants. Ils ont à re-susciter quelque chose chez leurs proches, avec eux (merveille du langage et jubilation du lacanien !).
Or la causalité des sentiments et des phénomènes qui nous lient aux autres ne sont pas du seul fait de celui qui les énonce, fut-il allongé dans le cabinet du psy. Les responsabilités sont toujours à co-construire dans nos façons d'être-au-monde. Nous faisons, mais nous laissons-faire, aussi. Nous percevons et relevons (ou pas) certaines paroles, certains signes. Mais cela reste toujours de la responsabilité de tous les êtres engagés dans ces processus. Vinciane Desprets montre que les défunts sont toujours partie prenante de nos mondes intimes. Et, être partie prenante, aussi fugace et ténu cela soit-il, apparaît comme une modalité d'existence à considérer, non ?
Lien : https://leslecturesdecyril.b..
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Lecture à la fois stimulante et consolatrice, pour qui la lit, comme moi, en période de deuil. Dans ce livre, l'autrice explore les liens entre les vivants et les morts, sans jamais rien trancher de leur nature (croyance ? réalité ?), et en affirmant au contraire la nécessité de ne rien décider. Elle invite chacun de nous à une disponibilité aux signes, compris comme des énigmes que l'on peut choisir d'essayer de déchiffrer. Cet effort de pensée, de liaison, pour déchiffrer ces signes, c'est cela que les morts font aux vivants, ils les remettent en mouvement. Cet essai n'est pas trop ardu à lire, je le conseille à qui veut sortir des recettes toutes faites pour "faire son deuil", comme un moyen de cheminer avec ce mystère que reste le devenir de chacun et de chacune après son décès, et des relations bien vivantes qui se nouent avec ceux qui restent.
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Un livre qui nous incite à réfléchir non pas qu'à la mort mais à la place des morts dans le monde des vivants. L'auteur ouvre largement l'horizon des pensées en s'efforçant de ne pas juger les individus qui partagent leurs expériences. Et surtout elle propose une troisième voie. Elle nous incite à sortir d'une pensée binaire étriquée. Malgré l'intérêt du sujet j'ai eu parfois du mal à avancer dans ma lecture. Notamment par l'accumulation de notes de bas de page (alourdies par de nombreux remerciements) qui perturbent la fluidité du texte (selon mon expérience personnelle).
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Lire Vinciane Desprets c'est apprendre à voir le monde différemment, c'est l'éloge de la nuance, c'est une douceur et une tempérance à chaque page qui font du bien. Je l'avais découverte avec Habiter en Oiseau je la lis à nouveau, et j'ai le même ravissement. Ce livre m'aide à mieux appréhender le monde de la mort, à regarder ce passage obligé de la perte d'un proche différemment. Il m'apprend à parler et à écouter autrement les choses et ca c'est déjà énorme.
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Une approche originale et sensible de notre relations aux disparus et de la question du "deuil".
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Le deuil en prescription pour mettre d'accord
la mort néant est minoritaire
nourrissons les disparus dit
pour "le surplus d'existence" vas
Doit-on se cacher pour dire les morts ?
Initialement anticlérical prédomine aujourd'hui une injonction au détachement et à l'oubli
"La mort s'épaissit de toutes les histoires"
Les signes se veulent rassurants à outrance, ils écrasent celui à qui ont les imposent et qui ne les as pas choisi
Et" l'hommage fait tenir ensemble" les morts par les vivants
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Les morts font vivre les vivants pour continuer à vivre
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