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EAN : 9782359251258
232 pages
La Découverte (01/10/2015)
3.96/5   47 notes
Résumé :
" Faire son deuil ", c'est l'impératif qui s'impose à tous ceux qui se trouvent confrontés au décès d'un proche. Mais se débarrasser de ses morts est-il un idéal indépassable auquel nul ne saurait échapper s'il ne veut pas trop souffrir ? Vinciane Despret a commencé par écouter. " Je disais : je mène une enquête sur la manière dont les morts entrent dans la vie des vivants ; je travaille sur l'inventivité des morts et des vivants dans leurs relations. " Une histoire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il est des ouvrages dont il est difficile de parler. La complexité de certains peut être un frein.
D'autres, en revanche, fouissent profondément et on ne peut que constater, par l'état de sidération dans lequel ils nous laissent, l'impact qu'ils auront.
On comprendra plus, on comprendra mieux, mais pas tout de suite. Les vagues de compréhension n'arrivent que plus tard. Elles seront là. Elles sont déjà là, mais nous sommes aveugles à nous-même. Comme une solution chimique, trop secouée. Il faut laisser sédimenter pour voir les nouvelles couches apparaître. La percolation des âmes n'est pas un processus immédiat.

On lit deux fois ce livre.

L'articulation des idées, le chaînage des concepts s'effectuent phrase après phrase, page après page, l'intellect remplit alors sa mission.
Vinciane Desprets note que "faire son deuil" se pose comme une injonction à ceux qui restent. Obligation de faire avec, de faire sans, pour passer ensuite à autre chose.
Pourtant, des vivants résistent, mais aussi des morts. Pas tous, certains.
La seule réponse donnée à cet étonnant état de fait ressemble à un hold-up. La théorie de l'esprit l'affirme : tout est dans la tête des vivants. Ce sont eux qui dénient la mort d'un proche. Ce sont eux qui doivent donc faire leur deuil. Et il ne saurait y avoir pour d'autres modalités d'existence pour les morts, que le souvenir.

Or c'est un territoire flou, un espace qu'habitent ensemble des morts et des vivants qu'explore Vinciane Desprets. Fait de signes à reconnaître. Des signes qui, parce qu'ils sont reconnus deviennent autant de conséquences qui instancient des causes. Des signes qui permettent de retisser du réel. Des signes des défunts qui ont encore quelque chose à dire, une partition à jouer, une signification à faire advenir dans le destin des survivants. Ils ont à re-susciter quelque chose chez leurs proches, avec eux (merveille du langage et jubilation du lacanien !).
Or la causalité des sentiments et des phénomènes qui nous lient aux autres ne sont pas du seul fait de celui qui les énonce, fut-il allongé dans le cabinet du psy. Les responsabilités sont toujours à co-construire dans nos façons d'être-au-monde. Nous faisons, mais nous laissons-faire, aussi. Nous percevons et relevons (ou pas) certaines paroles, certains signes. Mais cela reste toujours de la responsabilité de tous les êtres engagés dans ces processus. Vinciane Desprets montre que les défunts sont toujours partie prenante de nos mondes intimes. Et, être partie prenante, aussi fugace et ténu cela soit-il, apparaît comme une modalité d'existence à considérer, non ?
Lien : https://leslecturesdecyril.b..
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Lecture à la fois stimulante et consolatrice, pour qui la lit, comme moi, en période de deuil. Dans ce livre, l'autrice explore les liens entre les vivants et les morts, sans jamais rien trancher de leur nature (croyance ? réalité ?), et en affirmant au contraire la nécessité de ne rien décider. Elle invite chacun de nous à une disponibilité aux signes, compris comme des énigmes que l'on peut choisir d'essayer de déchiffrer. Cet effort de pensée, de liaison, pour déchiffrer ces signes, c'est cela que les morts font aux vivants, ils les remettent en mouvement. Cet essai n'est pas trop ardu à lire, je le conseille à qui veut sortir des recettes toutes faites pour "faire son deuil", comme un moyen de cheminer avec ce mystère que reste le devenir de chacun et de chacune après son décès, et des relations bien vivantes qui se nouent avec ceux qui restent.
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Un livre qui nous incite à réfléchir non pas qu'à la mort mais à la place des morts dans le monde des vivants. L'auteur ouvre largement l'horizon des pensées en s'efforçant de ne pas juger les individus qui partagent leurs expériences. Et surtout elle propose une troisième voie. Elle nous incite à sortir d'une pensée binaire étriquée. Malgré l'intérêt du sujet j'ai eu parfois du mal à avancer dans ma lecture. Notamment par l'accumulation de notes de bas de page (alourdies par de nombreux remerciements) qui perturbent la fluidité du texte (selon mon expérience personnelle).
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Lire Vinciane Desprets c'est apprendre à voir le monde différemment, c'est l'éloge de la nuance, c'est une douceur et une tempérance à chaque page qui font du bien. Je l'avais découverte avec Habiter en Oiseau je la lis à nouveau, et j'ai le même ravissement. Ce livre m'aide à mieux appréhender le monde de la mort, à regarder ce passage obligé de la perte d'un proche différemment. Il m'apprend à parler et à écouter autrement les choses et ca c'est déjà énorme.
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Le deuil en prescription pour mettre d'accord
la mort néant est minoritaire
nourrissons les disparus dit
pour "le surplus d'existence" vas
Doit-on se cacher pour dire les morts ?
Initialement anticlérical prédomine aujourd'hui une injonction au détachement et à l'oubli
"La mort s'épaissit de toutes les histoires"
Les signes se veulent rassurants à outrance, ils écrasent celui à qui ont les imposent et qui ne les as pas choisi
Et" l'hommage fait tenir ensemble" les morts par les vivants
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Une femme du village de Mansfield, en Angleterre, avait promis à une amie proche alors très malade, qu'elle déposerait dans son cercueil un paquet de lettres autrefois écrites par son fils défunt. Dans le désarroi du chagrin, elle a oublié. Elle resta désemparée jusqu'à ce que, peu après, le facteur du même village décède. Elle alla voir la famille du facteur et lui demanda la permission de déposer les lettres dans le cercueil de ce dernier. Elle savait qu'elle pouvait avoir confiance : il serait aussi diligent comme facteur dans l'autre monde qu'il l'avait été dans celui-ci.
[p. 43]
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On n’a cessé au cours de notre histoire – et l’invention du Purgatoire, on le verra, n’en est qu’un épisode – de chercher un endroit où les loger, où les abriter, d’où peut continuer la conversation. Partout où les morts sont actifs, il y a la désignation d’un lieu. Les annonces mortuaires sont à cet égard exemplaires ; je n’en citerai que deux, glanées dans la nécrologie : "Si regarder en arrière te donne du chagrin et regarder en avant t’inspire de l’inquiétude, alors regarde à côté de toi : je serai toujours là" ; ou encore : "Ce n’est pas parce que je pars que je m’en vais." 
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La première question que posent les disparus ne s’inscrit dès lors pas dans le temps mais dans l’espace. C’est vrai que la question du temps est souvent évoquée – « on ne le verra plus jamais », « il repose en paix pour l’éternité », « il ne sera plus jamais à nos côtés » – et que la conjugaison au passé semble devoir s’imposer. Mais cette question se pose beaucoup moins souvent, et avec beaucoup moins d’hésitation que celle de savoir où sont les morts17
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... les morts « font de la place » en permettant à d’autres vivants de trouver la leur. Il faut, dit-il, rendre à cette idée son sens le plus actif : les morts font de la place au sens où ils dessinent de nouveaux territoires. Non seulement les morts posent aux vivants des problèmes géographiques – situer des lieux, inventer des places –, mais ce sont, à la lettre, des géographes. Ils dessinent d’autres routes, d’autres chemins, d’autres frontières, d’autres espaces.
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J'ai lu des romans que je n'aurais jamais lus, regardé des séries qui me seraient restées étrangères, vu des films qui n'auraient jamais attiré mon attention, fait des démarches que j'aurais estimées infécondes.
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Videos de Vinciane Despret (63) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vinciane Despret
Carte Blanche à Sciences Humaines
Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.
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