Citations sur Vers la beauté, toujours ! (49)
Dites-vous que vous connaissez un chemin par coeur, et puis changez d'approche, et vous verrez que l'émerveillement sera comme au premier jour, vous en serez épaté!
J'écoute, compatissant, cette serveuse de Seix qui a peur de l'ours.
Vers la beauté en marchant! Vers la beauté plein d'optimisme!
Et c'est là que le lecteur exigeant se demande comment je peux bien avoir une telle mémoire, un souvenir aussi de toutes mes marches, malgré les coups de mou, malgré la sueur mélangée à l'ambre solaire qui pique les yeux, malgré les bêtes sauvages qui rôdent. La réponse est simple et n'alourdit guère le bagage. Préparant mon vieux copain le sac à dos, j'ai omis, afin de faire planer un peu le mystère, de signaler un autre élément indispensable : le carnet de voyages. Pas de bonne marche sans le petit carnet ! (page 51)
Je pense à Doug Peacock qui, à son retour du Vietnam, se soigna d'une profonde dépression en devenant ami avec les ours. Il est de ceux qui accompagnèrent Edward Abbey dans son dernier voyage. Dans Mes année grizzly, il nous confie : "Au cours de mes excursions en montagne, j'essaie d'oublier mes problèmes d'humain pour mener la même existence que les autres créatures vivantes."
De réputation, la vallée d'Estours est la plus belle vallée d'altitude du Couserans, la plus merveilleuse approche que l'on puisse faire du mont Valier : des bergeries, des granges, des passerelles au-dessus de l'eau, un torrent, des cascades, de vertigineux couloirs où criaillent les chocards.
La bêtise des uns retombe toujours sur les épaules des autres, au propre comme au figuré.
Ce jour-là, à Nantes, autour de la table, entre autres convives concernés par la question de la décroissance, il y a Oliver Gallmeister, Rick Bass, Pete Fromm et Doug Peacock. Doug Peacock ! Mon anglais est lamentable et dans l'après-midi je n'ai osé lui parler. Oui, Doug Peacock, celui-là même qui a inspiré le personnage de Hayduke dans le Gang de la clef à molette. J'ai l'impression que Edward Abbey est avec nous. Jennifer Lopez peut aller se rhabiller !
Je marche parce que j'ai de l'espoir. Je marche avec espoir plutôt. Je marche parce que ça me semble encore un motif d'espérer. Je marche parce que ça me permet de côtoyer une nature qui est encore sauvage. A certains endroits, ainsi, je ne peux céder au complet désespoir, penser que tout est en grande part fichu. Je chasse de mon esprit les océans de plastique, les forêts incendiées, les catastrophes industrielles, les espèces qui s'éteignent.
Il n'existe pas de beaux chemins dont les plaisirs qu'ils procurent ne soient sans cesse et naturellement renouvelés.