Citations sur Louise au vitriol : Sur Tête de femme de Modigliani (10)
Au commencement, sculpter est un trésor en petites coupures. On y mène des expériences extatiques à partir de la combinaison et la manipulation des copeaux, des chocs, et des tours sur soi-même. [..]
La mémoire des pierres est inépuisable : on n’a jamais su combien de positions elles pouvaient prendre. Les muscles, les os, les articulations sont un réservoir inépuisable de poses. L’art de sculpter est d’abord un art du corps, c’est-à-dire un art qui transforme le corps. Il n’est pas de création sans mouvement. Un esprit pur ne saurait exister, la pensée naît au prix de la chair qui l’engendre.
L'amour, comme la sculpture : double exercice physique et métaphysique, bifurcations de trajectoires, intersections de tous les traits de la vie et de la mort, de l'ombre et du soleil.
Aucun artiste ne peut oublier tout à fait le moment où il a enfin planté ses griffes dans la chair de l'art pour soulever le monde entier. (p. 21)
J'aime Louise, et aussi j'aime la peinture, par-dessus tout. Mais je ne vois plus que ce bloc de marbre, nettoyé, dégrossi, à peine défiguré par la taille des plans principaux, qui m'attend, bien en évidence, sur l'établi.
Dans cette pierre, quelque chose m'appelle. (p. 25)
Je n'aimerais pas prendre des photos. Je préfère goûter à l'image tant qu'elle est là. Aucun goût pour les conserves. déteste ce qui rancit dans les placards. Tandis qu'une nuit pareille, avec toutes ces étoiles, il n'y avait qu'à lever la tête pour se resservir, reprendre une portion de météorites puis, par là-dessus, trancher une image de ciel à porter avec gravité à ses yeux, comme si on croyait encore en quelque chose. (p. 8)
La pierre produit de la chair. La force centrifuge de la pierre produit une chair dansante. (p.68)
L'art de sculpter est d'abord un art du corps, c'est-à-dire un art qui transforme le corps. Il n'est pas de création sans mouvement. (p. 69)
Si tu me quittes, à qui penseras-tu en préparant les couleurs sur la palette ? Qui t'a donné la force de travailler, Amedeo ? (...)
Tu vas me rendre folle. J'aime un homme qui me préfère un caillou. Autant en rire, c'est vraiment trop bête. (p.54)
Je me demande s'il y a une seule personne dans ce monde qui créé pour rien, il semblerait qu'on ne sculpte que pour sortir de l'enfer. (p. 44)
Il faudrait plus de mains posées sur le front des pierres. Pas seulement pour le plaisir, mais parce que les pierres sont calmes. Elles ne semblent jamais affectées par la douleur et si elles éprouvent de l'inquiétude, elle n'est pas contagieuse. (p. 36)