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EAN : 9782330027292
188 pages
Actes Sud (08/01/2014)
3.71/5   28 notes
Résumé :
Tout à la fois roman biographique et méditation sur les mystères du génie créateur, La Splendeur est le récit de la vie de Girolamo Cardano, célèbre médecin, astrologue, savant, mathématicien et inventeur qui évolua aux côtés des plus grands, de Charles Quint à Ambroise Paré.
Féru de rêves et de songes prophétiques, Cardano (Jérôme Cardan en France) prétendait posséder son propre “démon” personnel, lequel nourrissait amoureusement son esprit de traités mathém... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est une sorte d'ovni, il ne ressemble à aucun autre qui me soit tombé sous la main. Chaque chapitre est introduit par une sorte de note, qui pourrait être de Girolamo Cardano – ou qui est peut-être adapté de sa propre autobiographie, de vita propria, parue en 1575-1576, à la toute fin de sa vie -, puis notre démon prend la parole, et nous raconte, de son point de vue, la vie folle de cet homme fou.

Il aurait pu ne jamais naître, sa mère ayant visiblement tenté de faire passer une grossesse qui ne semblait pas être un objectif en soi. À la naissance, il fallut le ranimer, et il demeura de complexion fragile toute son enfance… ce qui n'empêcha pas que son esprit le fasse très rapidement remarquer, puisque, déjà à 12 ans, il suit les enseignements du gymnase de Pavie, où il éblouit son professeur de rhétorique, et fait même renvoyer le professeur de grec, pas suffisamment capable… Naturellement, notre démon a pris part à tout cela, repérant ses capacités avant même sa naissance, favorisant sa survie, contribuant à ce qu'un livre d'Apulée – dans lequel il apprendra seul à lire le latin – lui tombe entre les mains à 8 ans…

C'est le même démon qui fait en sorte que la prédiction de Cardano sur sa propre mort, prévue pour l'année de ses 45 ans, ne se réalise pas : il faut laisser davantage de temps à ce pur génie !

Et, en effet, parmi toutes les choses qui peuvent paraître insensées dans ce qu'a pu dire et écrire Girolamo Cardano, il reste d'innombrables découvertes brillantes. Sans en être forcément l'inventeur, il a participé à la mise au point des méthodes de résolution des équations du troisième et du quatrième degré, qui ont permis l'émergence des nombres complexes ; son nom reste associé à une méthode de stéganographie ; il a proposé plusieurs améliorations en physique, en optique, il a eu l'intuition que les atomes devaient être composés de particules plus petites ; on lui doit le premier livre consacré au calcul des probabilités.

Mais, et Régine Detambel le rappelle sous diverses formes, il reste aussi un homme de ce XVIe siècle qui laisse encore une large à l'astrologie, aux prophéties, aux forces occultes. Ainsi, puisqu'il touche à tout, il passe d'un sujet à un autre. Mais selon un plan bien précis : le lundi – jour dont le nom est dérivé de Lune -, il travaille sur les matières en lien avec la Lune, comme les pierres et les métaux ; le mercredi, jour dédié à Mercure, il s'intéresse aux fruits, aux plantes, aux animaux ; « les poudres, vapeurs et odeurs dépendent de Vénus, il se penche sur la pharmacie le vendredi ; les mots, les chants, les sons relèvent du Soleil, il les dissèquent le dimanche », écrit l'auteure (p. 119) !

La seule chose qu'il ne saura pas faire, c'est s'occuper de sa famille. Il néglige son épouse, est absent pour ses enfants, qui en paieront le prix fort…

Bref, vous l'aurez compris, ce personnage fantasque et brillant ne laisse pas indifférent ! Et s'il est largement oublié aujourd'hui, les plus grands de l'époque se l'arrachaient : les papes, les rois, les princes, les archevêques, nombreux sont ceux qui ont souhaité s'attacher ses services…

C'est riche, c'est truculent, c'est baroque, c'est cru. C'est au plus près de la chair, de l'humain, parfois du putride. C'est vivant !

Sans doute, ce livre risque de laisser des lecteurs sur le bord du chemin, qui ne parviendront pas à entrer dedans. Mais si vous y parvenez, vous ne serez pas déçus. Alors donnez lui une chance, il le mérite !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Dans ce roman biographique, la vie de Girolamo Cardano, grand savant italien du XVIème siècle nous est racontée par son démon intérieur. Ce démon intérieur qui le pousse à étudier sans cesse et à élaborer des théories mathématiques. Une petite voie à laquelle il ne peut pas résister et qui va faire de lui un des plus grands savants de son temps.


Girolamo Cardano naît au début du siècle. "Il est né à Pavie le 24 septembre 1501, sur le coup de trois heures cinq local time, avec un cortex d'exception. Dans le genre de Louis Lambert, il sera un incroyable délirant et, pour ses performances cérébrales, encore bien plus raffiné et bien plus odieux qu'Edmond Teste." le siècle dans lequel il naît est un siècle ravagé par la peste et les guerres, pourtant, c'est aussi un siècle de grandes découvertes, un siècle dans lequel on se passionne pour la connaissance : "Une infinité d'hommes se sentent maintenant obligés de croire ce que leur raison leur démontre, et leur nombre augmente de jour en jour. Tuer, guérir, découvrir, observer, classifier sont les grandes marottes. On est puceaux, chassieux, transi mais tout de même on peint, on sculpte, on pense, on traduit, le monde circule prolifère et transpire, on décharge chaque matin dans les rues de Pavie assez de matériau pour rebâtir une vile entière, le soleil ne se fatigue jamais, la peste non plus, les chars funèbres non plus, les hommes non plus, le lendemain ils sont à nouveau à leur poste, ils flambent sur le bûcher, ils prient...."


Très jeune, Girolamo montre des prédispositions à l'étude, il a aussi un don de voyance impressionnant. Très vite il se passionne sous la férule de son père pour l'astrologie. En grandissant il se passionne également pour les disputes philosophiques, l'étude devient très vite sa raison de vivre : "Dès qu'on arrête de parler de philosophie, c'est-à-dire des choses qui lui sont familières, plus rien ne l'empêche de sombrer dans un irréversible ennui, dans une doucereuse, effroyable catastrophe d'âme. Alors l'Aimé s'accroche aux livres avec une ferveur désespérée, parce que le papier lui donne raison contre les fantômes et contre toute espèce de divagation effroyable. Il lit."


L'étude exerce sur Girolamo un attirance incontrôlable, c'est une pulsion quasi sexuelle qui s'empare de lui quand il travaille : "Il écrit si violemment que le bois du lit craque. le sommier gémit comme si Girolamo engendrait un enfant, mais c'est une oeuvre qu'il enfante." Ces prédispositions et son travail le poussent à réussir de brillantes études de médecine et à devenir à vingt-cinq ans le récteur de l'université de Padoue. Mais tous les domaines du savoir l'intéressent, il se passionne pour les mathématiques et est passionné par l'astrologie, la chiromancie.


Dans ce roman bouillonnant, Régine Detambel nous montre l'énergie créatrice, l'obsession de connaître qui ont animées Girolamo Cardano. Un désir de savoir si puissant que plus rien d'autre ne comptait pour lui, un appétit à expliquer, à élucider qui lui coûta sa famille, ne manqua pas d'irriter le pouvoir religieux de l'époque et qui lui valut maille à partir avec l'Inquisition. Un roman passionnant servit par un style énergique et rythmé.
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Après avoir lu le livre, il me semble difficile de dire plus et mieux que ce paragraphe de conclusion de la quatrième de couverture. Il colle parfaitement à mon ressenti sur le style d'écriture de l'ouvrage. Sur le contenu, peut-être : au-delà de la biographie sulfureuse et fascinante d'un schizophrène génial, on a droit à un panorama truculent, barbare, brutal et sanglant d'un XVIeme siècle revu et corrigé, de l'intérieur, par ... les Monty Python. Et ça, j'ai adoré !
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La splendeur, c'est un roman mais c'est aussi la biographie « romancée » de Girolamo Cardano, un savant qui vécu au XVIème siècle en Italie.

C'est un texte original et très beau. Original parce que c'est le démon intérieur, que prétend avoir Girolamo, qui raconte sa vie. Je ne sais pas pourquoi il le nomme démon parce que moi je le désignerais plutôt Ange Gardien, il lui sauve plusieurs fois la vie, il lui enseigne ou insuffle le savoir.

J'ai trouvé cette histoire très originale, on parcoure la vie de ce savant un peu fantasque, on le suit dans ses pérégrinations à travers l'Europe et l'on apprend tout autant de sa vie que de celle de ses contemporains. Même si sa vie n'a pas été très facile, il a quand même fait ce qui lui plaisait… étudier

J'aime beaucoup l'écriture de Régine Detambel, je la trouve douce, elle coule toute seule, comme une rivière qui traverserait une plaine avec des endroits ensoleillés et d'autres à l'ombre de grands arbres. Je ne sais pas pourquoi Régine Detambel à donner ce titre « La splendeur » à son roman, mais c'est vraiment un livre splendide à lire absolument
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C'est l'histoire de Girolamo Cardano qui naît en Italie en 1501 à Pavie. Ce pourrait être une biographie comme les autres, bien documentée, linéaire et chronologique. Mais Régine Detambel a une idée diabolique : faire raconter l'histoire de Girolamo par son démon.

Car un démon préside à la destinée de Girolamo. Il en est sûr, et il nous l'expliquera à la fin, lorsqu'il sera confronté aux sévices de l'Inquisition. Mais ce sera tout à fait à la fin.

Pour l'instant nous sommes en 1501, et "en 1501, l'Italie est la partie de l'Homme" nous dit Régine Detambel. "C'est fou ce qu'on peut y apprendre : l'art de l'athéisme, l'art de l'épicurisme, l'art du putanat, l'art du poison, l'art de la sodomie, et j'en passe". Tout un programme donc.

Il est plein d'humour, ce démon. Il a un nombre incalculables d'humains à suivre, il mène une "activité frénétique et passe son temps en bondissements". Il a parmi ses protégés toutes sortes de personnages, dont la caractéristique commune est d'être daté du deuxième jour de Vénus en Balance.
Son regard sur notre humanité n'est pas tendre. Il la trouve "manifestement conne et puissamment myope."
Notre démon n'aime pas la mère de Girolamo. Mais comme il est prévu qu'elle porte rapidement un cancer du foie, il n'intervient pas. Que fait-t-il pour Girolamo ? Premièrement alléger ses malheurs, ensuite intensifier "ce peu de bonheur qui appartient naturellement à l'humaine nature". Bref, il porte un oeil bienveillant sur l'enfance de Girolamo et s'occupe par exemple de lui éviter une noyade à l'âge de trois ans.

Il faut dire que nous sommes en plein XVIème siècle, qu'on va croiser Léonard de Vinci, et que le métier de médecin n'a pas forcément une bonne renommée : ce que l'on connaît du corps est ce qu'en décrit Ambroise Paré, le père de la chirurgie moderne.

Le père de Girolamo, Fazio, a – entre autres – de vraies connaissances en mathématiques et des compétences en astrologie. Il calcule l'horoscope de son fils et s'affole : selon les astres son fils aura une santé précaire et beaucoup d'ennuis. Mais il ne sait pas qu'un joyeux démon veille sur son rejeton…

Avec beaucoup d'humour, on apprendra que le démon donnera à Girolamo le don des langues comme celui des présages, qu'à l'âge de douze ans il peut lire Euclide et assimiler les forces en deux heures, qu'en une nuit il apprendra le latin et en saura plus qu'un cardinal, et qu'il peut "écrire en même temps de la dextre et de la sénestre en deux langues différentes".

Il faut dire que l'espérance de vie au XVIème siècle n'est que de vingt ans et des poussières. Donc Girolamo va aller vite, très vite, et son démon est sa muse. Il va s'éprendre d'un Archimage Cornelius Agrippa qui pratique la Cabale.

L'année de la bataille de Marignan, Girolamo a 14 ans. Il devient hypocondriaque. Malgré l'interdiction de son père il s'inscrit à la faculté de médecine de Padoue mais redoute toutes les dissections. A la mort de son père, il décrochera haut la main le titre de docteur en médecine et sera major de sa promotion. Et débutera une brillante carrière ascensionnelle de médecin, astrologue, savant, mathématicien et inventeur, avant la chute qui le conduira dans les filets de l'Inquisition.

D'un style profondément baroque, Régine Detambel réussit une biographie qui n'en est pas une. Avec de l'humour aussi, et de la verve pour décrire un siècle où "une infinité d'hommes se sentent maintenant obligés de croire ce que la raison leur démontre, et leur nombre augmente de jour en jour. Tuer, guérir, découvrir, observer, classifier sont les grandes marottes" nous dit l'auteure.
Mais ce démon nous restera définitivement bien sympathique.
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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critiques presse (2)
Lexpress
27 mars 2014
Avouons-le, le destin de cet hurluberlu fantasque fait du bien à une époque, la nôtre, qui cherche en vain ses héros.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lhumanite
13 janvier 2014
Régine Detambel, dans son dernier roman, évoque en profondeur la figure du savant italien du XVIe siècle qui flirta avec le démon sans oublier la raison.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Après le dîner il [le professeur Matteo Corti] fera l'anatomie du cerveau humain. Il utilise la tête du premier sujet. C'est d'ailleurs tout ce qu'il reste de bon. Une fois ôté le cuir chevelu, Corti ouvre la noix du crâne et décrit autour du cerveau les méninges, qui l'enveloppent et l'embrassent. Il enfonce ses doigts gourmands dans la substance gluante.
Un livre est grand ouvert aux pieds du gisant. Ce livre semble un organe détaché de ce corps. Ce livre ouvert attire le regard de Girolamo bien plus intensément que le corps ouvert. En fait l'Aimé n'a d'yeux que pour le livre. Il y voit si bien dans le livre, il n'y comprend rien dans le corps, le livre est plus clair que le corps. Dans livre pas de mort. Girolamo n'a d'yeux que pour le livre. Il y aurait un secret de la vie, dans ce livre plus que dans ce corps.
[...]
L'Aimé préférera toujours obstinément le livre à la chair.
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Dans ma petite enfance j’ai fait deux rêves qui ont décidé de ma vie. Ils étaient d’une clarté éblouissante, ils furent décisifs.
Dans le premier, je me vois à l’aube, au pied d’une montagne, des gens m’entourent, une foule immense d’hommes et de femmes de tous âges, nous courons tous ensemble, et soudain je leur demande où nous allons si vite, ils me répondent : A la mort.
Alors je m’arrête et je rebrousse chemin.
A ce moment le rêve a cessé. C’était évidemment un présage de l’immortalité de mon nom.
Dans le second rêve, j’entendais la voix de mon père qui me disais : Dieu t’a donné un gardien.
Je te demande seulement, lecteur, quand tu liras ceci, de ne pas me juger à l’aune de l’orgueil humain, car je te paraîtrais alors fou à lier, mais de comparer la grandeur du ciel avec ces étroites ténèbres où nous errons, dans la misère et l’inquiétude, et tu comprendras facilement que je ne t’ai rien raconté d’incroyable.
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Lors d'un autre procès on lui demande d'examiner la folie d'un violeur de treize ans, introduisant sa verge dans tous les orifices possibles ; après ceux des filles, des enfants, des hommes et des femmes âgés, il a forcé des grabataires, des bêtes, des cruches, des chaussures, et bien que le soldat qui le tienne soit plutôt vigoureux, il a tenté de foutre le bon docteur par les pores de sa peau sur le dos de sa main. Cardano en est encore blanc de dégoût.
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Ces explosions de pensée, Girolamo les nomme splendeur. La splendeur est ce travail hallucinant, ces fulgurances, comme des navettes qui vont et viennent à chaque poussée du front, on noue par milliers les fils du raisonnement. En même temps chaque fois nouveau, intense, un sentiment de supériorité, comme une preuve d'élection.
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Girolamo a trois ans. Il leur fait signe de la main. Les fous lui crient de venir. IL court aussitot après eux.
Le Tessin est couvert de mousse verte. Des cygnes rament. Soudain Girolamo est en train de se noyer. Il dira : je voulais aller en Amérique.
La chute est silencieuse. Sa blouse empesée le soutient d'abord comme un plumage. Puis il commence à couler. Le froid lui a fait perdre connaissance. Assise sur un banc, une petite servante coud et n'a rien vu.
Mais un passant tout habillé de noir s'étonne de voir sombrer un cygne. Il reconnait un petit enfant. Il s'élance et le sauve. Le gosse minuscule tient encore dans sa main bien serrée la pièce de deux sous destinée au laitier, miracle d'une solide éducation à la rapacité.
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**Lire pour relier. La bibliothérapie à pleine voix**, un essai de Régine Detambel en librairie le 6 septembre 2023.
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