Faut-il appeler ce type d'ouvrage un roman ? Je n'en suis pas du tout sûre. Il s'agit d'un récit de voyage augmenté d'incursions du côté de la littérature (
Cendrars, Zweig, Iriarte…), élargi à des considérations philosophiques (
Montaigne, Pascal), d'évocations ethnographiques (
Lévi-Strauss), de rappels historiques et économiques (le café, le caoutchouc...), et de souvenirs : bref, la transposition littéraire du fous-y-tout culinaire. C'est sans doute là que le bât blesse. Entre exercice d'érudition et attendrissement paternel (l'auteur fait le voyage accompagné de son fils de vingt-neuf ans, Pierre), privilèges consulaires et centrifugeuse à souvenirs, Deville a perdu son fil bien qu'il suive le tracé de l'Amazone. Au moins, il m'aura donné l'envie de revoir le magnifique film de James Gray, The Lost City of Z, et le fascinant El abrazo de la serpiente (L'Étreinte du serpent) de Ciro Guerra.
Je ne retrouve pas ici la solitude inspirée de
Kampuchéa et la sécheresse clinique de
Peste & Choléra. Dommage, la nostalgie et la famille ne siéent pas aux voyageurs, deux choses qu'avait appris à éviter
Nicolas Bouvier.
Commenter  J’apprécie         92