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Citations sur À mains nues (59)

Et si ma liberté avait aussi un goût de solitude ? En couple, je me confronte sans cesse aux limites de l'autre, à son incapacité à me combler, moi l'affamée. C'est terrible, parce qu'une part de moi rêve encore du couple comme un repos bien mérité, un oeuf, une fin. Mais c'est ce manque qui m'oblige à prendre soin de moi, à me donner de la tendresse, ce que je n'ai jamais su faire. Dans cette solitude, je colmate mes brèches.
(p. 131)
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A l'heure où l'on fourre des parfums de synthèse dans les serviettes hygiéniques, il y a urgence à embrasser le sexe des femmes, le chérir, le consoler de tant de bêtise. Elle se demande d'où viennent pareilles innovations, est-ce qu'au cours d'une réunion de travail, quelqu'un a eu une illumination, Et si on mettait de l'eucalyptus, et là, quoi ? Personne pour le faire taire, pas une femme pour lui jeter son café à la tronche, parfume-toi la bite si tu veux , mais laisse notre chatte tranquille ? Bien sûr l'honnêteté intellectuelle l'oblige à admettre que l'idée vient peut-être d'une femme, et cela l'emplit de tristesse.
(p. 108-109)
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Je sais qu'elle [ma mère] n'emmènera peut-être jamais mon petit garçon au jardin public ou à la mer, je sais qu'elle ne peut même pas partager avec lui sa propre histoire et l'inviter dans notre arbre [généalogique]. En lui offrant ces livres, je sais qu'elle lui signifie l'existence d'un monde parallèle, sa façon à elle d'être au monde, son plan B. Au pire, il y aura les livres, semble-t-elle lui dire. L'amour, l'amitié, c'est bien, mais tellement compliqué. Les autres brûlent, tu verras, petit. Les livres, tu peux leur faire confiance, il y en aura toujours un pour toi.
(p. 121)
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Nos nouveaux statuts de père et de mère nous embrouillent encore plus. On voudrait s'inventer, en même temps qu'on est sans cesse ramenés à nos propres modèles, tiraillés entre ce qu'on a toujours connu et ce à quoi on aspire. On navigue à vue, tout le temps. Incertains. Trop rigides, on nie les émotions de notre enfant, trop cools, il deviendra toxicomane. On veut du cadre mais pas de rapports de force, des repères mais pas d'autoritarisme. Ça épuise.
(p. 22)
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Je ne l'ai pas beaucoup vue, ce soir. Mon amie s'est réfugiée dans la cuisine, elle donne un coup de main, prépare des bricoles. Elle peine à se mêler aux discussions, trop pleine de sa nuit. Elle n'en est pas revenue. Je la rejoins. Elle me dit son élan et ce qui se passe quand l'autre répond, la faim partagée. Elles ont fait l'amour toute la nuit et son corps est resté là-bas, quelque part sous les draps. Deux corps peuvent ça. Se rencontrer, faire l'amour comme des dingues. Que ce soit joyeux, généreux, évident. C'est rare, et ça chamboule, cette magnifique histoire de cul. Entorse au réel, sursis. Je recueille son miracle.
Nos sourires.
Et soudain, ça me manque vite. Ça me manque d'avoir mal au ventre et jusqu'au bout des doigts pour quelqu'un. Vivre cette surprise des corps. Les hésitations remuent, les vieilles questions se radinent. Je pense au petit qui dort à l'étage, j'entends le rire de mon compagnon depuis la terrasse. Est-ce que ça lui manque à lui aussi ?
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[ Au lycée ] il y a les garçons qui l'attirent et puis ceux qu'elle désire brutalement, par surprise, au détour d'un geste ou d'une odeur. Elle a du mal à se l'avouer. Elle croit encore que désir et beauté sont liés, cliché dans lequel elle pataugera encore des années. Elle ne sait pas encore que nos désirs sont bien plus retors, intelligents et magiques que nous.
(p. 44)
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Je sais qu'il existe aussi le polyamour, mais à vrai dire je me demande comment les gens se débrouillent pour vivre plusieurs histoires d'amour à la fois. Sans vouloir paraître terre-à-terre, je ne sais pas où ils trouvent le temps, tout simplement, moi qui ne parviens pas à aller deux fois par semaine au yoga.
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Mettre quelqu'un au monde. Expression si belle, si folle. Ajouter quelqu'un au monde, l'inviter au monde. Elle sait ce que le bébé lit dans leurs yeux. Sois le bienvenu, nous sommes heureux que tu existes. Leur amour aussi, encore que ce malheureux mot de carte postale peine à dire ce qu'ils ressentent.
Le bébé trouve un endroit d'elle qui se régénère sans cesse, comme les personnages de jeux vidéo de son enfance, toujours une potion de vie sur son chemin. Colère et lassitude ne durent jamais, rien ne s'accumule, ardoise magique.
Un amour trop grand pour elle, pas assumable, pas rangeable. Qu'il soit là ou pas, le bébé est là. Cette place qu'il prend. Cet amour si fort qu'il pue la mort, la terreur de perdre. Vertige de ce corps à l'épreuve de la vie, qu'il faudra bien lâcher. Toute sa vie, elle devra faire avec la mort, et cette idée la rend dingue. Une brèche ouverte pour toujours.
(p. 124-125)
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Elle croit encore que le désir et beauté sont liés, cliché dans lequel elle pataugera encore des années. Elle ne sait pas encore que nos désirs sont bien plus retors, intelligents et magiques que nous.
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Qui s'intéresse au désir des femmes qui vieillissent ? Échappées des regards et des standards, comment osent-elles désirer encore ? Forcément risible, le désir des vieilles, à l'image des fameuses femmes cougars, qu'on aime tant railler. Étrange cette société où il semble que seuls les jeunes, les beaux et les bien portants ont droit au sexe. Les autres, tous les autres, ont toujours l'air un peu pervers. Il y a quelque chose de subversif à désirer encore pour une femme qui vieillit. Je veux de cette révolte-là. Mon désir ne dépend pas de la fermeté de ma peau mais de mon appétit de vie.
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