Sur cette terre maudite, nous avons été enfantés comme des objets d'opprobe, grommelait la mère, nous avons été nourris comme des objets de rebut et nous avons été abondonnés comme des parias
Il y a des moments où le coeur n'est pas à l'ouvrage, les mains savent quoi faire, mais l'esprit est ailleurs : alors l'inquiétude monte en nous.La patience ne nous satisfait plus.
Même notre pain est noir comme est noir la nuit qui nous entoure.
Elle avait visiblement rongé son frein . Omar la regardait s' égosillait à l' envie:
-Oui, un chien des rues ! Un chien des rues !
Le voyant, sa mère se leva d' un bond. Elle brandit le poing :
-Ce n' est pas un fils que j' ai là, mais un chien des rues !
Ses habits qui pendaient sur lui , s' égouttaient, trempés ; ses sandales
imbibées d' eau, ramollies, posaient de larges empreintes boueuses sur le
pas de la porte .
Je t'en conjure, mère, n'aie pas peur...Je sais que cette peur existe parfois: tu la nommes le Destin.En tout cas, ça existait tout à l'heure, je l'ai éprouvé à la tristesse qui s'est emparée de toi. Je t'en conjure, apprends que ce pouvoir n'est nulle part, que la vie n'est pas une renonciation. Ne remie pas mon espoir au nom de ton impulsion maternelle.