"Oui, je vois que vous n’êtes pas bien à l’expression déprimée de votre bouche. C’est pour cela que vous m’avez tendu ce billet et, de prime abord, je n’ai malheureusement pas compris. Et que vous m’avez pris dans vos bras comme l’aurait fait un enfant. Parfois, il m’est arrivé d’avoir la même inspiration… disons plutôt la même impulsion. J’ai quarante-sept ans. Je comprends. Vous ne voulez pas être seul la nuit, surtout par un temps aussi froid pour la saison. Oui, je suis tout à fait d’accord. Et, maintenant, vous ne savez trop que dire parce que vous avez agi sous le coup d’une impulsion irrationnelle, sans réfléchir aux conséquences. Mais rassurez-vous, je suis capable de comprendre. Ne vous faites pas de souci."
- À mon avis, c’est ce qui pourrait arriver de plus extraordinaire à un être humain. Continuer de vivre au-delà de la mort dans un livre et être un jour aimé d’une façon ou d’une autre par quelqu’un qui le lira.
Il avait dit un jour à Alys : "Ils ne s'empareront jamais de MON monde.
- Tu n'as pas de monde. Tu as un bureau."
Je suis très heureuse comme ça. Je sais que je suis une bonne céramiste et que les magasins, les bons, apprécient mon travail. Pourquoi faudrait-il toujours faire les choses en grand devant des milliers de personnes ? Ne puis-je pas mener ma petite vie comme je l'entends ?
« Avoir du chagrin, c'est en même temps mourir et vivre. Si bien qu'on peut ne rien ressentir de plus irrésistible, de plus absolu. Parfois, je suis persuadée qu'on est pas faits pour traverser une telle chose, c'est trop... ton corps n'est franchement pas loin de s'autodétruire, à force d'être ballotté ainsi. Mais je veux éprouver du chagrin. Verser des larmes.
– Pourquoi ? » Il n'arrivait pas à comprendre : pour lui, c'était quelque chose à éviter. Face à une telle épreuve, il fallait ficher le camp le plus vite possible.
« Le chagrin te permet de retrouver ce que tu as perdu. C'est une fusion : tu accompagnes la personne ou la chose aimée qui s'en va. D'une certaine manière, tu te divises et tu l'accompagnes, tu l'accompagnes sur une partie de son chemin. Aussi loin que possible. »