Citations sur Une âme en incandescence : Cahiers de poèmes 1861-1863 (14)
Pour être hanté, nul besoin de chambre, nul besoin de maison, le cerveau regorge de corridors plus tortueux les uns que les autres.
Que c'est bon - d'être en vie !
Que c'est infini - d'être
En vie - doublement - Par ma Naissance -
Et celle-ci - de plus, en - Toi !
How good - to be Alive !
How infinite - to be
Alive - two-fold - The Birth I had -
And this - besides, in - Thee !
Cahier 26 - 470
Le cerveau - est plus spacieux que le ciel -
Car - mettez-les côte à côte -
L'un sans peine contient l'autre -
Et Vous - de surcroît -
The Brain - is wider than the Sky -
For - put them side by side -
The one the other will contain
With ease - and You - beside -
Cahier 26 - 632
Emily Dickinson […] a poussé l’exploration de l’être jusqu’en sa nudité la plus absolue, aux confins du suicide et de la folie. Proche en cela d’un Beckett ou d’un Artaud.
[préface Claire Malroux]
Il y a un An – que noter ?
Dieu – écrive le mot ! Je – ne puis –
Grâce ? Non, pas cela –
Gloire ? Va – pour Gloire –
Ecris plus lentement – Gloire –
Pareil Anniversaire aura lieu –
Parfois – rarement – dans l’Eternité –
Quand des Séparés, plus que par le Malheur Banal –
Se verront – se repaîtront l’un l’autre de leur visage –
En un repas douteux, s’il peut se faire
Que leur Festin soit réel –
Je goûtai – insouciante – en ce temps-là –
Je ne savais pas que le Vin
Ne venait qu’une fois par Monde – Et toi ?
Père – je t’apporte – non point Moi-même –
Ce serait le faible fardeau –
Je t’apporte le Cœur en allé
Que je n’ai pu retenir –
Ce cœur que je chérissais dans le mien –
Devenu à la fin – trop lourd –
Mais – étrangement – plus lourd – depuis son départ –
Est-il trop grand pour toi ?
Passer à gué le Chagrin –
Des Mares entières –
M’est chose familière –
Mais le moindre élan de Joie
Me brise les jambes –
Ivre alors – je chavire –
Que nul Caillou – ne se moque –
C’était le Nouveau Nectar –
Voilà tout !
Si ton Ame vacille
Lève la porte de Chair –
La Poltronne a besoin d’Oxygène –
Et de rien d’autre –
La « Foi » est une belle invention
Pour les Messieurs qui voient –
Mais en cas d’Urgence, un Microscope
Est plus prudent !
Je me dis : la Terre est brêve –
L’Angoisse – absolue –
Nombreux les meurtris,
Et puis après ?
Je me dis : on pourrait mourir –
La Meilleure Vitalité
Ne peut surpasser la Pourriture,
Et puis après ?
Je me dis qu’au Ciel, d’une façon
Il y aura compensation –
Don, d’une nouvelle équation –
Et puis après ?
(Cahier 20, N°301)
J’essayais d’imaginer Solitude pire
Qu’aucune jamais vue –
Une Expiation Polaire – un Présage dans l’Os
De l’atrocement proche Mort –
Je fouillais l’Irrécupérable
Pour emprunter – mon Double –
Un Réconfort Éperdu sourd
De l’idée que Quelque Part –
À Portée de Pensée –
Demeure une autre Créature
De l’Amour Céleste – oubliée –
Je grattais à notre Paroi
Comme On doit scruter les Murs –
Entre un Jumeau de l’Horreur –et Soi –
Dans des Cellules Contiguës –
Je parvins presque à étreindre sa Main,
Ce devint – une telle Volupté –
Que tout comme de Lui – j’avais pitié –
Peut-être avait-il – pitié de moi –