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Critique de Tastevin


Mais qu'est devenu Jean-Paul Didierlaurent ? Où donc est passé l'auteur qui nous charmait non seulement par son inventivité mais aussi par sa façon -l'air de rien- de balancer quelque coups de griffes à la bien-pensance postmoderne?
Le roman qu'il a choisi d'intituler "Malamute" nom d'une race de chien de traîneau originaire d'Alaska, commence par un extrait prétendument traduit du slovaque d'une inconnue qui accompagne son mari (ou concubin la chose n'est pas claire) lequel transporte des chiens. Je peux me tromper mais d'emblée j'ai trouvé que le style de cette ancienne ouvrière d'usine d'Europe centrale sonne faux. Non qu'une ouvrière ne soit pas accessible à l'écriture travaillée ( Cavanna, Boudard, Genet et bien d'autres auteurs issus du monde ouvrier nous ont enchantés par la qualité de leurs textes) seulement ces (et ses) pages reflètent trop la manière de s'exprimer de nos auteurs nationaux contemporains.
La suite du roman vous embarque dans un scénario digne d'un banal téléfilm torché à la va-vite sur fond de montagne jurassienne. Les clichés s'accumulent façon revue people. le gentil étranger (quoique un peu trop porté sur la boisson) qui installe son entreprise se retrouve rejeté par ces méchants montagnards. le vieux - ronchon et misanthrope comme il se doit mais parfois généreux (recyclage de "une hirondelle a fait le printemps"de Christian Carion)- père d'une fille devenue riche bourgeoise mais, bien évidemment, pimbêche et prétentieuse, la population athée qui va en procession pour s'attirer les bienfaits du ciel ( "Manon des sources" de Pagnol) puis l'aventure amoureuse du héros laquelle relève d'une romance digne de la collection Arlequin, bref tout ce fatras me semble indigne de l'auteur du "liseur de 6h27", de "le reste de leur vie" et de nouvelles si bien tournées.
J'avais déjà décelé dans "la fissure" un déclin dans la narration et plus particulièrement dans la conclusion qui (à mon humble avis) tombe à plat. Un comble pour un maître de la nouvelle! Mais alors là, dans "malamute" quelle déception! Certes, l'on tient à finir le livre rien que pour découvrir le noeud du drame ( que l'on subodore même si , personnellement, je n'avais pas tout à fait prévu "Le" détail) mais faut-il dépenser 18 euro quand vous pouvez lire sensiblement la même chose en tapant un Exbrayat gratuit voire un Troyat dans une boite à livre disponible désormais dans chaque commune? "Malamute" à part les marques de dameuses n'offre même pas une plongée dans les questionnements contemporains comme le faisait si bien "le reste de leur vie" (traumatisme post avortement, marchandisation du suicide assisté). Bref, Monsieur Didierlaurent ressaisissez-vous! N'ayez pas peur d'affronter les critiques des bien-pensants et livrez -nous un prochain roman un peu plus transgressif .
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