Hélas, le succès ou l'insuccès commercial d'un livre ne lui donne aucune valeur propre.
Car, "si le marché libère en partie l'écrivain des dépendances politiques et religieuses, (...) la censure par la non-rentabilité économique n'est pas moins fatale à l'art que la censure morale, politique ou religieuse." (B. Lahire)
Certes, nous écrivons toujours avec les héritages qui nous ont constitué. Notre passé, nos études, nos manières de penser. Mais l'écrivain, à son insu, respire également un air du temps, celui de son époque littéraire et de son pays.
Pour Bergounioux, un bon livre doit nous faire vivre d’autres vies, palpiter avec d’autres existences. Ce qu’il admire dans la littérature, « c’est la capacité de notre esprit à se détacher de lui-même, à s’introduire dans un autre esprit. […] »
Trouver son style constitue pour l'écrivain comme pour tout artiste à la fois une injonction, un objectif et un morale.
"Cela reste un but fascinant, il faut l’avouer : tendre vers l’ascétisme le plus strict et voir si son style pourra tenir en l’air."
"Plutôt que de se sentir piteusement inutile, ce qui est fort décourageant, il faudrait se poser e d'autres questions : qu'est que je cherche à régler? dans quelle position je me trouve?"
Qu'on le veuille ou non, les premières lignes d'un roman désignent un narrateur, imposent une convention de lecture.. Pour le dire autrement, l'incipit est un putsch. (p.58).
Les créateurs ne créent qu'aiguillonnés et attaqués par des sentiments de honte et de culpabilité. (p.67).
Aucune littérature ne peut être dépourvue d'un discours, contrairement à une sonate, la littérature se frotte au sens, voire à la vérité. (pp.106-107).