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Citations sur La dernière place (10)

Chaque Iranien, susceptible d'être un traite,un antirévolutionnaire, un blasphémateur,un espion,un concupiscent, un subversif. Les femmes surtout. Les femmes et leur corps, paravent de tentations dressé entre les hommes et Dieu, que même domptées et infériorisées il faut sans cesse tenir à l’œil tant leur pouvoir maléfique de détourner les hommes de la foi est puissant.
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L'objectif d'un tel système, qui a pour nature la terreur et pour principe l’idéologie, et de donner l’impression aux individus d'être inutiles. De trop. Une simple variable d’ajustement.
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Je me suis souvent demandé, sans doute avec beaucoup de naïveté, comment à l'heure du téléphone portable - tout à la fois caméra, projecteur et espace de diffusion - les politiques de là-bas comme ceux d'ici peuvent (osent?) encore mentir. Comment n'ont-ils pas davantage pris conscience de ce pouvoir phénoménal acquis par les citoyens, non pas grâce à des avancées sociales et aux lois, mais à la technologie et sa démocratisation? Comment, aveuglés par leur puissance, ou bien déconnectés du quotidien, ne réalisent-ils pas que les machines dont ils usent pour accroître la surveillance peuvent être utilisées contre eux avec la même efficacité? [...] Le régime iranien peut couper Internet pendant des jours ou en moduler le débit, cela ne change rien. Il n'agit que sur la diffusion et la propagation, pas sur l'enregistrement. La réalité a été captée, enregistrée, et peut circuler par n'importe quel autre moyen, n'importe quand. L'image existe. L'image comme pièce à conviction à partir de laquelle commence l'investigation.
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Lors d'un séjour en Turquie, Rajib, un jeune homme chez qui je prenais le thé tous les matins, finit par m'interpeller sur cette question et me fit part de son amertume. Il ne comprenait pas pourquoi moi ou n'importe quel Français pouvions entrer en Turquie avec une carte d'identité, alors que lui devait demander un visa et fournir toutes sortes de papiers pour voyager en Europe. Il n'acceptait pas cette injustice. Nous avons tort de négliger ces déséquilibres qui nous arrangent ou nous indiffèrent, ces inégalités qui hiérarchisent et traduisent un sentiment de supériorité dont nous n'avons pas forcément conscience. Tort de ne pas considérer nos privilèges et leurs privations comme une source d'humiliations et de ressentiments, un marchepied vers une radicalisation des esprits.
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Gagnant à plusieurs niveaux, Khomeini joua l'enlisement [dans la guerre Iran-Irak], refusant toute offre de médiation et de cessez-le-feu. Il afficha sans vergogne le visage imperturbable du tyran qui regarde mourir les enfants de son pays du haut de son balcon. A quoi bon la paix quand il suffit de ramasser les gosses dans les écoles, de mettre la clé (en plastique) du paradis autour de leur cou et de les envoyer servir de chair à canon sur les champs de mines? Et d'ailleurs, qui a besoin du peuple quand le sol sur lequel il a cloué son pouvoir contient la quatrième réserve mondiale de pétrole et la seconde de gaz, générant tout l'argent nécessaire pour continuer? Ceux qui tiennent compte de leur peuple, de ses opinions, de ses aspirations, qui veillent sur sa sécurité et ses intérêts, sont ceux qui doivent tendre la main dans sa direction, récolter son argent pour payer leurs salaires et faire marcher le train de vie de l'Etat.
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Autant je devinais les étés de plus en plus caniculaires, la sécheresse, l'effroyable pollution, autant, coincée dans mes souvenirs cotonneux, fidèles à des images qui, contrairement à tant d'autres, avant stagné à la surface de ma mémoire, je n'avais pas associé un phénomène aussi concret que le dérèglement climatique à l'hiver blanc de Téhéran. Il faut croire que nous ne sommes jamais aussi rationnels et affûtés que nous l'imaginons. Il existe en nous des zones qui résistent nonchalamment à la réalité.
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voici un extrait de la page 161 :
« Je me suis souvent demandé, sans doute avec beaucoup de naïveté, comment à l'heure du téléphone portable – tout à la fois caméra, projecteur et espace de diffusion – les politiques de là-bas comme ceux d'ici peuvent (osent ?) encore mentir. Comment n'ont-ils pas davantage pris conscience de ce pouvoir phénoménal acquis par les citoyens, non pas grâce à des avancées sociales et aux lois, mais à la technologie et sa démocratisation ? Comment, aveuglés par leur puissance, ou bien déconnectés du quotidien, ne réalisent-ils pas que les machines dont ils usent pour accroître la surveillance peuvent être utilisées contre eux avec la même efficacité ?
Le régime iranien peut couper Internet pendant des jours ou en moduler le débit, cela ne change rien. Il n'agit que sur la diffusion et la propagation, pas sur l'enregistrement. La réalité a été captée, enregistrée, et peut circuler par n'importe quel autre moyen, n'importe quand. L'image existe. L'image comme pièce à conviction à partir de laquelle commence l'investigation. »
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Mais cette lutte sans paix pour comprendre, pour trouver une explication, une issue à l’absurdité de la vie, change de dimension quand le drame dépasse notre condition humaine, notre destin limité et « anéantisseur » comme écrit Rilke, et s’avère un crime. Surtout quand ce crime ne sera jamais puni puisque la justice est aux mains des criminels eux-mêmes. Quand les cris de douleur et de rage s’écrasent contre les murs invisibles d’un pays insonorisé.
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Si les écrivains, les poètes ou les cinéastes sont les rivaux désignés de ces ministères de la Vérité , c’est parce qu’ à travers leurs œuvres ils conservent et protègent la mémoire, en extraient la vérité clandestine et la remonte à la surface. Mais aussi parce qu’ils s’immiscent dans les lieux intimes, derrière les porte fermées des maisons, entre les murs d’un appartement , dans une cuisine, une chambre d’hôtel, une voiture; ces espaces confinés où flotte un parfum de peur, mais qui tentent de se dérober à la tyrannie. Là, à l’abri de regards inconnus et de systèmes de surveillance, les femmes et les hommes sortis de la masse cessent d’être des objets au service d’une idéologie pour redevenir des individus, avec un nom, un passé, des opinions, des émotions, des chagrins et des espoirs.
C’est en montrant ces vies heurtées, abîmées, effacées, ou pulvérisées, ces vies auxquelles l’histoire officielle ampute leur réalité qu’une lutte s’engage.
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Comme un voile qui se serait écarté devant ses yeux pour lui permettre de voir un secret. Ce voile derrière lequel nous apparaissons tels que nous sommes vraiment, aussi fragiles et seuls que la feuille d’un arbre, malgré toutes nos promesses du contraire et malgré notre arrogance, démunis face à la mort qui vient, et vient inexorablement. Nous sommes le Soleil qui ignore la trajectoire de la Lune et se laisse lentement approcher jusqu’au piège effrayant de l’éclipse. La mort avait pénétré l’astre lumineux que représentait la vie de Nilouflar et l’avait recouverte, et dans la voix d’Elly s’entendait l’impuissance qui, paradoxalement, apporte une forme de consolation, surtout face à l’atrocité des circonstances.
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