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EAN : 9782234093942
320 pages
Stock (23/08/2023)
4.06/5   62 notes
Résumé :
" Le 8 janvier 2020, le vol 752 d'Ukraine International Airlines reliant Téhéran à Kiev s'écrase six minutes après le décollage entraînant la mort des 176 passagers et membres d'équipage. Ce crash survient dans un contexte de tensions extrêmes entre l'Iran et les Etats-Unis, cinq jours après de l'assassinat de Qassem Soleimani, chef de l'Unité Al Qods des Gardiens de la Révolution, par l'armée américaine.
A travers l'histoire de sa cousine Niloufar Sadr, prés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2023 # 22 °°°

La dernière place, c'est celle qu'a prise, en dernière minute, repoussant son départ initial, la cousine de l'autrice, Niloufar Sadr, sur le vol PS752 Téhéran – Kiev qui s'est écrasé six minutes après son décollage, le 8 janvier 2020. 176 passagers étaient à bord, aucun survivant. le tir de missile était iranien, la question lancinante de l'acte délibéré reste toujours en suspens.

A partir de ces faits irréfutables, Négar Djavadi propose une plongée lucide et saisissante dans la dictature iranienne, retraçant méticuleusement les événements. A commencer par le contexte de grande tension entre l'Iran et les Etats-Unis, les Etats-Unis de Trump ayant fait assassiné cinq jours plus tôt le général Qassem Souleimani ( numéro 3 du régime, commandant du Corps des Gardiens de la révolution islamique ) et les risques de représailles et donc d'escalade sont réels. Puis les mensonges du gouvernement pour tenter de dissimuler la responsabilité iranienne.

« C'est aussi là que naît l'écriture. Dans le désir de déceler la faille tapie sous l'opacité des mensonges. Essayer d'attraper le fil qui mène à cet instant qui dérange, où la décision est prise, où le crime s'est noué. »

Surtout, elle décortique les mécanismes de la colère du peuple qui explose à travers le cri « Khodeshoun kardan » ( Ils l'ont fait eux-mêmes ! ), mantra d'une société à la fois épuisée et éruptive qui sait que le gouvernement iranien est capable de toutes les supercheries, toutes les déformations, toutes les violences et toutes les manipulations, « une phrase qui finit toujours par s'avérer vraie ».

L'autrice analyse ainsi les manifestations qui éclatent dans les jours qui suivent le crash avec celles de novembre 2019 ( contre l'augmentation du prix des carburants ) et bien évidemment celles liées à la mort de Mahsa Amini depuis septembre 2022, comme si l'incendie de la contestation du régime ne s'était jamais éteint et repartait de plus belle à la moindre étincelle. C'est le traumatisme des révoltes écrasées précédemment, des crises qui se sont empilées, du désespoir grandissant d'un peuple réprimée qui s'exprime.

Mais le texte n'est pas qu'une analyse géopolitique, politique et sociétale. Négar Djavadi mêle brillamment deuil personnel et deuil collectif de tout le peuple iranien.

«  Les livres sont comme des cimetières où on rend visite aux morts ».

Elle redonne vie à l'individu, contrôlé, étouffé sous une dictature, ici sa cousine Niloufar dont on découvre le nom, le passé, les opinions, le ressenti. L'autrice évoque également la douleur de l'exilé, elle qui est arrivée en France en 1990 à onze ans.

Derrière la pudeur et la sobriété affichée par l'autrice, l'émotion est en embuscade, encore plus forte lorsqu'on se rappelle la citation de Milan Kundera qui ouvre le livre : «  la lutte de l'homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l'oubli. » L'écrivaine est là pour protéger la mémoire collective niée par le régime iranien qui cherche autoritairement à imposer un récit officiel réécrivant L Histoire. Avec son livre où l'intimité devient collective, Négar Djavadi extrait la vérité et la remonte puissamment à la surface. Pour toujours.

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Le 8 Janvier 2020, un avion de ligne ukrainien est abattu au dessus de Téhéran. A l'intérieur, Niloufar, cousine de l'autrice . Celle ci revient sur l'accident mais aussi sur le contexte iranien et la souffrance de son peuple.

Livre très intéressant , nous plongeant dans le quotidien des Iraniens , asservis depuis des décennies par un pouvoir despotique , manipulateur, ayant fait main basse sur les richesses du pays pour mener une existence de nabab quand son peuple crève de faim et d'absence de liberté.

L'autrice a fui son pays très jeune pour la France où elle réside encore. Beaucoup de familles de ce livre sont exilées, contraintes de quitter un pays qu'elles aiment et regrettent.

Au delà de l'attentat contre le Boeing , ce livre nous éclaire sur le long passif entre l'occident , mais particulièrement les USA, et l'Iran, l'éviction de Mossadegh en 1953 marquant le tournant pour l'Iran. Cela est fait de façon très pédagogique , pas besoin d'être un expert en géopolitique , et éclaire, si besoin en était, sur le machiavélisme de nos dirigeants, tous . le profit, les intérêts, les mensonges , la trahison... Mais une seule victime , les peuples .

L'Iran a un rôle fondamental à jouer dans les conflits actuels mais son peuple , lui , n'aspire qu'à un peu plus de liberté. La révolution de 2022 , dont il est question ici, a été comme les précédentes écrasée manu militari .Mais jusqu'à quand un peuple pourra -t-il être asservi, brimé , enfermé dans une gigantesque prison ouverte dont les geôliers sont des voyous sous couvert de la foi ?
Un livre vraiment didactique sur le sujet, au delà de l'affaire du vol ukrainien , qui résume à lui seul des décennies de mensonges.
"Ils l'ont fait eux mêmes " est une phrase récurrente en Iran. On comprend pourquoi.
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C'est un coup de gueule, un cri de révolte qui anime les pages de ce récit personnel. Souvenez-vous, en janvier 2020, avant que ne déferle la pandémie qui a relégué le reste de l'actualité au rang d'anecdotes : de Téhéran un avion décolle avec 176 personnes à son bord. Quelques minutes plus tard, il s'écrase. Aucun survivant. C'est cet avion que Niloufar, la cousine de Negar Djavadi, avait pris pour retourner au Canada où elle vivait. Disparue, alors qu'elle devait partir trois jours plus tôt. Un coup du sort ? Certes, mais pas uniquement, puisque l'enquête prouvera que ce crash n'était pas un accident.

Au delà du chagrin, la révolte est immense.Cet accident est pour l'autrice le signal déclencheur d'un ras-le-bol, d'une prise de conscience et d'une volonté de rébellion qui a amené, avec la mort de Mahsa Amini, le peuple à descendre dans les rues au péril de leur vie.

Ce récit nous plonge dans l'histoire récente de l'Iran, de la dictature du shah à celle des mollahs, avec pour corollaire un peuple pris en otage, et une totale négation de la valeur d'une vie.

Negar Djavadi dit aussi l'amour qu'elle éprouve pour ce pays qui représente ses racines et son désespoir de le voir considéré comme un enjeu politique entre els grandes puissances avides de profit et l'aveuglement des fous qui le gouvernent.

C'est parfois un peu complexe, mais la langue reflète bien la rancoeur éprouvée vis à vis de ceux qui ont détruit l'harmonie d'une famille à présent dispersée à la surface du globe.

320 pages Stock 23 août 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Au petit matin du 8 janvier 2020, le vol PS752 reliant Téhéran à Kiev s'écrase quelques minutes après son décollage. Aucune des 176 personnes présentes à bord ne survit. Parmi les victimes, Niloufar Sadr, cousine de l'auteure. Installée depuis des années au Canada, Niloufar était venue passer quelques semaines de vacances dans son pays. In extremis, elle avait repoussé la date de son billet de retour pour Toronto et obtenu la dernière place sur ce fameux vol 752, grappillant ainsi quelques jours supplémentaires auprès de sa famille. Funeste décision...

A Paris, dévastée par la nouvelle, Négar Djavadi veut savoir, comprendre. Elle scrute pendant des heures les réseaux sociaux, à l'affût de la moindre info, de la moindre image de ce crash, qui a eu lieu dans un contexte d'extrême tension entre l'Iran et les Etats-Unis. Ceux-ci ont en effet assassiné quelques jours plus tôt le général Souleimani, ponte du régime des mollahs, et s'attendent donc à de violentes représailles contre leurs bases aériennes en Irak.

Il faudra trois jours pour que les autorités iraniennes reconnaissent que l'avion civil a été abattu par deux missiles sol-air iraniens. Un tir accidentel, disent-ils. Mais le doute subsiste encore.

Ce livre retrace non seulement le fil de ces trois jours dramatiques et traumatisants, mais aussi la vie de Niloufar et l'histoire iranienne récente, de la dictature du shah à celle des ayatollahs. Il raconte surtout le peuple iranien, otage dans son propre pays d'un totalitarisme religieux aux mains de fanatiques avides de pouvoir et d'argent, pour qui une vie humaine vaut infiniment moins qu'un baril de pétrole. Un peuple qui, en dépit de la répression féroce, est tellement à bout que sa colère explose de plus en plus souvent dans des manifestations monstres à travers le pays (contre le carburant trop cher en 2019, contre le scandale du crash aérien en janvier 2020, contre la mort de Mahsa Amini en 2022). Ce livre parle aussi de l'amour et de la nostalgie de l'auteure, exilée en France à 11 ans, pour l'Iran de son enfance. de sa rage contre les dictateurs cruels, de sa colère contre les gouvernements occidentaux qui ne voient l'Iran que comme un pion dans un jeu géopolitique macabre, de son impuissance à y changer quoi que ce soit. Que peuvent les livres ?

Entre deuil personnel et deuil collectif, Négar Djavadi veut faire affleurer la vérité, celle des Iraniens, pas celle de leurs dirigeants, et faire en sorte qu'on se souvienne de leurs destins tragiques. C'est cela que peuvent les livres.

En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.
#Ladernièreplace #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Merci à la FNAC et aux éditions STOCK pour la lecture de ce roman de Négar DJAVADI.

J'ai été bouleversé et séduite par cette lecture. Pour moi, elle cochait toutes les cases pour faire LE prix littéraire ! Mais ce n'est que mon humble avis, bien entendu.

Négar DJAVADI nous parle ici de la mort accidentelle (ou calculée) de sa cousine et des 175 autres passagers du vol Iran-Canada qui explosa alors qu'il allait quitter le territoire iranien.

"Devenue un traumatisme national, la chute du PS752 constitue un des événements majeurs à l'origine du mouvement révolutionnaire qui s'est emparé de l'Iran à l'automne 2023."

Cette phrase résume à elle seule ce livre et l'histoire autour de ce roman. Il faut avoir le coeur accroché et ne pas céder aux préjugés, à la colère et à l'incompréhension face à cette tragédie que rien ne va expliquer et que les deux pays concernés... vont presque occulter en se rejetant la faute l'un sur l'autre.

Je ne rajouterai rien de plus car je suis encore sous le coup de cette histoire même si je n'écris mon ressenti que maintenant.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
28 décembre 2023
L'hommage de Négar Djavadi à sa cousine tragiquement décédée est aussi un portrait sans fard de l’Iran actuel.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis souvent demandé, sans doute avec beaucoup de naïveté, comment à l'heure du téléphone portable - tout à la fois caméra, projecteur et espace de diffusion - les politiques de là-bas comme ceux d'ici peuvent (osent?) encore mentir. Comment n'ont-ils pas davantage pris conscience de ce pouvoir phénoménal acquis par les citoyens, non pas grâce à des avancées sociales et aux lois, mais à la technologie et sa démocratisation? Comment, aveuglés par leur puissance, ou bien déconnectés du quotidien, ne réalisent-ils pas que les machines dont ils usent pour accroître la surveillance peuvent être utilisées contre eux avec la même efficacité? [...] Le régime iranien peut couper Internet pendant des jours ou en moduler le débit, cela ne change rien. Il n'agit que sur la diffusion et la propagation, pas sur l'enregistrement. La réalité a été captée, enregistrée, et peut circuler par n'importe quel autre moyen, n'importe quand. L'image existe. L'image comme pièce à conviction à partir de laquelle commence l'investigation.
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Chaque Iranien, susceptible d'être un traite,un antirévolutionnaire, un blasphémateur,un espion,un concupiscent, un subversif. Les femmes surtout. Les femmes et leur corps, paravent de tentations dressé entre les hommes et Dieu, que même domptées et infériorisées il faut sans cesse tenir à l’œil tant leur pouvoir maléfique de détourner les hommes de la foi est puissant.
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Pour retrouver l'équilibre, sans flotter à jamais dans l'apesanteur de la nostalgie, peu d'options se présentent. L'oubli en est une. Défaire d'un coup tout ce qui peut l'être. Prendre le présent à bras-le-corps, l'avaler par goulées. Transcender aussi, chercher d'autres promesses et d'autres territoires qui ne seraient ni là-bas ni ici, mais le cinéma, la littérature, la musique accompagné de complices qui auraient transcendé à leur manière, se berçant même ensemble, dans l'éphémère d'un moment d'euphorie, de l'illusion 'être une famille. La tentative a été en partie réussie, peut-être même en grande partie, mais en partie seulement, car ce désir désinvolte et vaste de détacher sa vie, comme on détacherait la corde entourant un bollard, pour laisser partir le bateau dans un aller simple émancipateur, est sans doute l'un des plus beaux mirages que nous partageons, du moins certains d'entre nous, déracinés ou pas. Il est relié à une période où, remplis de notre jeunesse, nous imaginons que le temps et les gens constituaient des ressources inépuisables, avant que l'âge et les épreuves modifient les paramètres de notre conscience et nous obligent à comprendre que la plupart des relations ne résistent pas aux années et qu'en fin de compte il reste peu de personnes dont nous restons proches. Vient alors l'impression perturbante que l'oubli est un leurre et la famille, qu'on le veuille ou non, une permanence. Parce que les liens ne sont pas extérieurs à nous, une corde à balancer pour filer au large, mais en nous, vissés dans notre chair, scellés à notre histoire.
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Lors d'un séjour en Turquie, Rajib, un jeune homme chez qui je prenais le thé tous les matins, finit par m'interpeller sur cette question et me fit part de son amertume. Il ne comprenait pas pourquoi moi ou n'importe quel Français pouvions entrer en Turquie avec une carte d'identité, alors que lui devait demander un visa et fournir toutes sortes de papiers pour voyager en Europe. Il n'acceptait pas cette injustice. Nous avons tort de négliger ces déséquilibres qui nous arrangent ou nous indiffèrent, ces inégalités qui hiérarchisent et traduisent un sentiment de supériorité dont nous n'avons pas forcément conscience. Tort de ne pas considérer nos privilèges et leurs privations comme une source d'humiliations et de ressentiments, un marchepied vers une radicalisation des esprits.
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Gagnant à plusieurs niveaux, Khomeini joua l'enlisement [dans la guerre Iran-Irak], refusant toute offre de médiation et de cessez-le-feu. Il afficha sans vergogne le visage imperturbable du tyran qui regarde mourir les enfants de son pays du haut de son balcon. A quoi bon la paix quand il suffit de ramasser les gosses dans les écoles, de mettre la clé (en plastique) du paradis autour de leur cou et de les envoyer servir de chair à canon sur les champs de mines? Et d'ailleurs, qui a besoin du peuple quand le sol sur lequel il a cloué son pouvoir contient la quatrième réserve mondiale de pétrole et la seconde de gaz, générant tout l'argent nécessaire pour continuer? Ceux qui tiennent compte de leur peuple, de ses opinions, de ses aspirations, qui veillent sur sa sécurité et ses intérêts, sont ceux qui doivent tendre la main dans sa direction, récolter son argent pour payer leurs salaires et faire marcher le train de vie de l'Etat.
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Videos de Négar Djavadi (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Négar Djavadi
Negar Djavadi vous présente son ouvrage "La dernière place" aux éditions Stock. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2885364/negar-djavadi-la-derniere-place
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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