AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 137 notes
5
12 avis
4
23 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un polar oui parce que les deux enquêteurs tenteront de trouver qui a assassiné ce travailleur estonien brûlé vif mais aussi une espèce de chronique sociale sur le racisme, les crimes haineux et le travail (l'esclavage plutôt) des travailleurs migrants.
Ce premier récit d'Eva Dolan est très bien mis en scène, bien amené et bien conclu. On nous parle souvent du sort réservé aux femmes de l'est qui immigrent clandestinement et se retrouvent esclaves sexuels, ici le sort des hommes migrants venus chercher du travail n'est guère mieux. Prisonniers de "gangmaster", logés dans des baraquements à la limite de la salubrité, peu ou parfois pas payés, ces hommes venus chercher un meilleur ailleurs se trouvent sous le joug de la peur, de la brutalité et de la haine, se retrouvent là où leur vie n'a de valeur que si leurs muscles travaillent et encore. Et tout ça se passe dans une petite ville toute britannique. La particularité ou plutôt la sensibilité particulière de ce roman est que nos deux enquêteurs, Zigic et sa partenaire Ferreira sont eux-même issus de communauté culturelle immigrante, polonaise et portugaise. Ce qui leur donne une motivation particulière à travailler au bureau des Crimes de haine.
Eva Dolan nous a conduit dans un monde parallèle, tout juste à côté de chez soi, là où il ne fait pas bon vivre. Perturbant.
Commenter  J’apprécie          490
Dans la banlieue de Pertersborough, une ville de l'Est de l'Angleterre, au petit matin, l'abri de jardin d'un pavillon part en fumée. A l'intérieur, Jaan Stepulov, un SDF letton qui faisait le malheur des propriétaires de la maison. Violent, alcoolique, il squattait les lieux et terrorisait le couple Barlow. Poussés à bout, ont-ils allumé cet incendie mortel pour se débarrasser de leur locataire indésirable ? Ils sont en tout cas les premiers suspects de l'inspecteur Dushan Zigic et son adjointe le sergent Mel Ferreira, de la brigade des crimes de haine. Mais les autres pistes ne manquent pas. Crime raciste ? Crime familial ? Crime lié au travail des clandestins ? A charge pour Zigic et son équipe de démêler les fils dans un milieu qui pratique la loi du silence.

Bien loin des images de cartes postales d'une Angleterre bucolique et accueillante, Eva Dolan nous emmène dans le monde invisible des travailleurs clandestins exploités par les marchands de sommeil, les pourvoyeurs d'emplois peu regardants, les patrons peu scrupuleux, les contremaîtres intransigeants. Ici, les polonais, les portugais, les serbes, les chinois, les lettons et tous ceux qui viennent tenter leur chance à l'Ouest, se retrouvent prisonniers d'un système bien rôdé où tout le monde trouve son compte sauf eux bien sûr, précaires, mal payés, mal logés, assignés aux tâches les plus rudes, quand ils ne sont pas simplement réduits en esclavage, brimés, frappés, enfermés, pas rémunérés. Tous se taisent, par peur des représailles, par peur d'être renvoyés au pays, parce qu'ils n'ont aucun droit, aucune existence légale.
Issus eux-mêmes de l'immigration, lui est d'origine serbe, elle est portugaise, Zigic et Ferreira sont bien placés pour comprendre les difficultés, les peurs et les espoirs déçus de cette population clandestine. Ce n'est donc sans doute pas par hasard qu'ils se retrouvent à la brigade des crimes de haine, soucieux qu'ils sont de rétablir les droits de ceux qui souffrent de l'exil, de l'exclusion, du racisme et des préjugés.
Avec ces deux enquêteurs bien croqués, Zigic le pondéré et Ferreira l'impétueuse et sa volonté marquée de nous montrer en face la triste réalité d'une Grande-Bretagne touchée par la crise mais qui garde toujours son pouvoir d'attraction pour les migrants, Les chemins de la haine est un polar social très réussi qui énonce quelques vérités bien senties sur nos sociétés favorisées et la façon dont nous fermons les yeux sur ce qui nous dérange...Un livre qui fait réfléchir.
Commenter  J’apprécie          462
Il était mort, mais « sa famille [en Chine] poursuivrait le cours de son existence en pensant qu'il avait dû trouver là-bas quelque chose de mieux, quelque chose qui faisait qu'il les avait oubliés. Une autre femme, peut-être. Une meilleure vie. C'était pour ça qu'on allait en Angleterre, après tout. »

L'Angleterre, Eldorado pour de nombreux migrants, notamment en provenance d'Europe de l'est.
Mais plus souvent qu'un bon job et le salaire décent qui va avec, ils y trouvent des marchands de sommeil, qui les font travailler pour rien ou quasi, les vendent/louent à des industriels, des employeurs du bâtiment, des exploitants agricoles, des proxénètes.
La vie de ces femmes et de ces hommes ne vaut rien, et si la façon dont ils sont traités ne les en a pas encore convaincu, la haine des sympathisants des mouvements nationalistes britanniques sera là pour le leur rappeler. De même que l'inertie des pouvoirs publics, qui ferment les yeux à double tour car cette économie souterraine est bien pratique.
« Ceux qui avaient le pouvoir d'arranger les choses profitaient trop de la situation telle qu'elle était pour vouloir qu'elle s'améliore. »

Voilà le contexte de ce polar social.
On y rencontre des exilé(e)s fraîchement arrivé(e)s au Royaume-Uni, des victimes, des bourreaux et leurs complices. Et deux flics enfants d'immigrés - l'une fille de Portugais, l'autre descendant de Croates. C'est sans doute grâce à leurs origines que ces deux-là se battront pour aller au bout d'une enquête aussi complexe que périlleuse.

Ce roman est un précieux témoignage sur les conditions d'accueil de certains étrangers en Occident et sur la xénophobie des populations locales - aggravée par la crise économique.
J'ai peiné à le lire malgré l'intérêt du sujet. Est-ce la chaleur, ou l'intrigue est-elle particulièrement lente ?
J'étais rassurée de lire cette phrase (p. 431/525, quand même) : « Enfin du mouvement dans cette enquête. »

A compléter avec le roman 'Les Echoués' (Pascal Manoukian), la BD 'Chantier interdit au public' (Claire Braud & Nicolas Jounin, collection Sociorama), etc.
Commenter  J’apprécie          352
Bien des atouts !

• Une intrigue policière qui ne joue pas la surenchère en rebondissements inappropriés ou irréalistes,
• Une équipe d'enquêteurs constituant une cellule d'investigations en Crimes Haineux, collant à l'actualité contemporaine liée aux problèmes des migrants et au racisme ordinaire associé,
• Un sujet controversé sur la cohabitation d'une population britannique et d'immigrants illégaux exploités, et l'impact sur l'économie locale,
• Un décor de laideur et de tristesse dans une petite ville éreintée par la crise et une ruralité désespérante.

Eva Dolan nous embarque tranquillement mais sûrement dans une Grande-Bretagne multiculturelle par ce livre social et militant qui brouille les pistes avec savoir-faire, nous donnant aussi l'impression de plonger en enquête journalistique. Elle évite le manichéisme, façonnant des personnages complexes tels les enquêteurs issus eux-mêmes de l'émigration.

Derrière la plume, l'indignation semble palpable et l'intelligence de l'intrigue accroche.
La lecture devient addictive, tant par le désir d'aboutir à la vérité que par le contexte en grisaille de bidonvilles, de trafiquants d'esclavage moderne, d'exploitation des femmes et de familles brisées.

Une nouvelle voix dans le genre polar, qu'il conviendra de suivre si ses personnages deviennent récurrents.
Commenter  J’apprécie          350
Dans une petite ville sinistrée d'Angleterre, on vient de découvrir le cadavre d'un homme, brûlé vif dans un abri de jardin. Il s'agirait d'un ressortissant estonien venu chercher fortune dans ce pays, comme beaucoup d'autres.
La brigade des crimes de haine, elle-même composée de policiers d'origine étrangère, est chargée de l'enquête.
J'ai découvert - tout en m'en doutant un peu - la vie dramatique des exilés en Grande-Bretagne : pour leurs employeurs, ils ne sont que du bétail, la population les méprise (d'ailleurs, même les policiers ayant un nom à consonance exotique doivent avaler des couleuvres), la corruption sévit et ils ne se respectent pas toujours entre eux. Et que dire de la condition des femmes qui pensaient trouver une vie meilleure dans un autre pays.
Je n'ai trouvé le fin mot de l'histoire que dans les avant-dernières pages, c'est donc un bon roman policier.
Commenter  J’apprécie          320
Un corps calciné dans l'abri de jardin d'un pavillon d'une triste banlieue, peut-être le cadavre d'un travailleur clandestin, esclave moderne, travailleur pauvre qui ne peuvent pas se payer un logement. Insécurité, chômage, peur de l'autre, fracture sociale, la récession économique n'en finit pas dans cette ville ouvrière de l'Est du pays.

Marchands de travail, marchands de sommeil, marchands de survie, bétail humain, nationalisme rampant, Zigic et Ferreira les deux policiers chargés de l'affaire le savent, l'Angleterre promise n'existe pas et les chemins de la haine mènent au pire de la condition humaine.

Autopsie du travail au noir, de ses dérives, et de l'exploitation des travailleurs précaires venus de l'Est de l'Europe, « Les chemins de la haine » est une enquête minutieuse et chirurgicale.

Qu'au commissariat de Peterborough soit ouvert une section des crimes de haine est un marqueur, cette région du Nord-Est de Londres a pris de plein fouet toutes les crises successives depuis que le terme crise économique existe. Ecriture froide, style implacable, le premier roman d'Eva Dolan redonne au polar social ses lettres de noblesse.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          290
Une réussite !

Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un polar aussi bien ficelé et à l'intrigue totalement crédible et cohérente. Avec Les chemins de la haine, Eva Dolan réussit à nous tenir en haleine pendant 450 pages dont pas une n'est de trop !

À Peterborough, dans l'Est de l'Angleterre, les migrants des pays de l'est ne sont pas à la fête. Sitôt arrivés et sitôt alpagués par les gangmasters locaux qui leur promettent le gîte et le couvert en échange d'un travail dans le bâtiment. Derrière la promesse d'une épargne à venir pour bâtir un avenir meilleur, la réalité est toute autre : parqués dans des baraquements insalubres, exploités du matin au soir sans contrepartie financière, tout juste nourris, privés de liberté. Et parfois, en cas de velléité de rébellion, battus à mort.

Alors quand l'un d'eux est retrouvé carbonisé dans l'incendie d'une cabane de jardin qu'il squattait, puis un autre déchiqueté sous les roues d'un train, c'est naturellement vers ce monde à part - que tous les bons Anglais ont sous les yeux mais qu'ils préfèrent ne pas voir - que le sergent de police Zigic va se tourner.

L'intrigue est remarquablement déroulée, sans artifices ni twists à deux balles à chaque fin de chapitre, dans un rythme particulièrement agréable - en grande partie dû aux dialogues enlevés - qui fait entrer Les chemins de la haine dans le cercles fermé des "livres qu'on ne peut pas lâcher sans les avoir terminés". Sauf qu'ici, c'est vrai.

Eva Dolan travaille ses personnages et les rend particulièrement attachants - avec une mention particulière pour Ferreira - ce qui laisse penser au début d'une série. Elle ajoute un côté social objectif et jamais moraliste, sur cette Angleterre moderne à deux vitesses et ces communautés parallèles qui tentent de survivre au coeur d'une crise qui permet le retour à un esclavage moderne, dont la société s'accommode facilement en regardant ailleurs.

Vivement le prochain !
Commenter  J’apprécie          286
Si je n'avais pas été conquis par ma précédente lecture de l'auteure anglaise, j'avoue que ce roman qui ausculte sous le couvert d'un roman policier de belle facture , la condition de ces travailleurs étrangers, attirés par les sirènes de l'Europe occidentale et celles du Royaume Uni en particulier , apporte une nouvelle saveur à un récit parfaitement maîtrisé.
Situé à Peterborough, dans l'Est de la Grande Bretagne, le roman nous entraîne dans ces quartiers périphériques, où les travailleurs immigrés de toutes origines , rêvant d'un avenir meilleur, se retrouvent entassés, qui dans des hôtels tout juste salubres tenus par des marchands de sommeil , qui dans des refuges provisoires, en attendant la bonne fortune, qui se fait cruellement attendre.
C'est justement dans un abri de fortune, plus précisément un abri de jardin , qu'est retrouvé le corps carbonisé d'un homme d'origine estonienne.L'inspecteur Dushan Zigic et sa collègue Mel Ferreira , qui font partie de la Section des crimes de haine , vont tenter de retrouver la trace du meurtrier , car assurément l'incendie est d'origine criminelle.
Leurs investigations vont leur faire découvrir la misère ordinaire de ces hommes et femmes venues ici pour fuir la misère de leurs pays respectifs, pour se retrouver quelques années plus tard dans une précarité permanente attisée par cette crise économique qui les frappe de plein fouet , les transformant en cibles idéales pour des profiteurs dénués de tout scrupule et de toute humanité.
Il faut avoir le coeur bien accroché quand on s'enfonce dans les coulisses peu reluisantes de ce monde des travailleurs immigrés. Ces esclaves d'un nouveau genre, à la merci de celui qui les emploie, pour un salaire de misère , pour réaliser des travaux pénibles par tous les temps. Employés dans un pays qui se dit civilisé alors qu'ils sont moins bien traités et moins bien considérés que des animaux…
Mi roman social mi roman policier, l'auteure britannique ne nous cache rien de cet univers-là, bien loin d'une fiction même s'il se déroule dans un roman et non dans un essai documentaire. Il fallait pour cela des personnages forts et Zigic et Ferreira sont de ceux-là. Des immigrés eux aussi qui ont dû trouver leur place et la mériter. On suit donc leurs investigations dans cet univers où l'omerta est la règle et la peur le régime qui prévaut dans cette jungle du prolétariat immigré. le scénario, bien construit, nous embarque chaque page un peu plus loin vers les racines d'un racisme ordinaire, qui va vite se transformer en une haine farouche de l'autre, cet étranger qu'il est bon d'éliminer avant qu'il ne se reproduise.
Un témoignage nécessaire.

Commenter  J’apprécie          190
A Peterborough, en Angleterre, un homme est retrouvé brûlé vif dans un abri de jardin. Il semblerait qu'il s'agisse de Jan Stepulov, un immigré estonien. Étrangement, les propriétaires du terrain, dans leur maison toute proche, ont été les derniers à remarquer cet incendie. L'enquête est confiée à un duo qui travaille sur les « crimes de haine », dans cette région où les immigrés, et les personnes qui les exploitent, sont nombreux.
Avec des personnages intéressants, dont l'auteure creuse habilement les portraits, et une intrigue bien ficelée, on ne voit pas défiler les pages de ce roman, par ailleurs fort bien écrit.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          160
Un policier qui se déroule en Angleterre... tout de suite cela m'évoque Sherlock Holmes, James Bond, les gentlemen au chapeau melon, le célèbre flegme britannique, Londres, Big Ben ... et bien pas du tout! Oubliez tout ça. Eva DOLAN a plus audacieux à proposer: une plongée dans les bas fonds de l'Angleterre, non pas ceux où sévissait Jack l'éventreur mais plutôt ceux où se retrouvent ces esclaves modernes venus chercher une vie meilleure mais qui n'ont finalement trouvé que des ghettos, de l'indifférence et de la haine. Cette haine de l'autre, de l'étranger qu'on ne connaît pas mais qu'on déteste parce qu'il est trop différent est au coeur du récit d'Eva DOLAN qui nous offre un policier engagé. Derrière les mots on ressent la colère de l'auteur face à tant d'injustice, sa révolte face à la situation est presque palpable et participe à l'ambiance sombre du livre.
Cette critique à la fois sociale et économique de l'Angleterre contemporaine pourrait aussi bien s'appliquer à la France, car de la jungle de Calais à la banlieue de Peterborough il n'y a qu'un pas.

Ce sont dans de tels lieux que Zigic et Ferreira, ont l'habitude d'exercer leur métier. Ces deux policiers, issus eux aussi de l'immigration, sont chargés d'enquêter sur les crimes de haine. Quand un immigré est brûlé vif dans un abris de jardin qu'il squattait au grand désespoir de ses propriétaires, c'est tout naturellement à Zigic et Ferreira que l'on confie l'enquête. Une enquête au cours de laquelle le lecteur s'enfonce dans la noirceur de l'âme humaine, autant dire un abîme sans fond. On pénètre dans le quotidien de ces hommes et ces femmes dont les vies auraient pu inspirer Zola. Pauvreté, esclavage, prostitution, aucune lumière ne vient éclairer le bout du tunnel. Les souvenirs de cette autre vie où ils étaient des hommes et des femmes avec un avenir sont si lointain, qu'ils semblent appartenir à quelqu'un d'autre.
Le talent d'Eva DOLAN ne s'arrête pas là car qui dit policier dit intrigue et ici, elle est menée de main de maître. L'histoire est crédible du début à la fin tout en restant surprenante. Il y a juste ce qu'il faut de rebondissements pour ne pas tomber dans le surjoué et pour prendre le lecteur en otage. Impossible de lâcher ce livre avant d'en connaître le dénouement. le rythme va crescendo. Les personnages sont nombreux, pour autant le lecteur s'y retrouve aisément, car ils ont tous un profil différent, une personnalité propre qui empêche toute confusion.

Même si je suis conquise pas cette nouvelle plume au talent certain, je suis un peu frustrée, car si les personnages sont complexes et bien construits, on ne fait que découvrir Zigic et Ferreira. On nous donne bien quelques éléments par ci par là mais j'aurais aimé en apprendre plus sur eux. J'espère donc que cette enquête n'était que la première d'une longue série menée par notre duo de choc. D'autant que la plume d'Eva DOLAN est très agréable.
Commenter  J’apprécie          150




Lecteurs (340) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}