Un vieil immeuble londonien résiste aux pelleteuses dans un énorme chantier de rénovation, ses derniers habitants tenant de vivre dans des conditions de délabrement et d'insécurité, avec en point d'orgue un macchabée dans la cage d'ascenseur ...
Boom immobilier, prix exorbitants, destructions de vieux logements, expropriations…
Eva Dolan centre son intrigue sur les laissés-pour-compte de l'expansion économique et sur l'activisme de mouvements militants se mobilisant aux côtés des plus vulnérables. Ses personnages féminins, issus du courant protestataire de l'ère
Thatcher, sont engagés, solidaires et déterminés.
Son roman s'équilibre en temporalités imbriquées (l'une avance, l'autre recule, en appui sur deux personnages: belle trouvaille!), se détournant du crime pour se centrer sur un thriller social où se dénoncent des méthodes policières musclées. La narration est sombre, en décor urbain comme en psychologie dans l'amitié trahie et la suspicion.
Partagée entre intérêt et un vague ennui au fil de la lecture, je ressors satisfaite et convaincue par une structure narrative intelligente, ronronnant traîtreusement sur une première partie, pour mieux surprendre par une conclusion inédite.
Preuve est faite avec ce troisième livre qu'il faut décidément compter avec les petites histoires sociales bien troussées de l'auteure.